La visite prévue en mars avait été une première fois annulée, sur fond de tensions diplomatiques et commerciales entre Pékin et Washington. Au premier jour de la visite du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à Pékin pour apaiser les relations, Washington a salué dimanche 18 juin des discussions « constructives » et « honnêtes » et s’est félicité de l’accord donné par le chef de la diplomatie chinoise pour une visite prochaine à Washington.
Si personne ne s’attendait à des avancées majeures tant les sujets de friction sont nombreux entre les deux puissances, en particulier sur le commerce et au sujet de Taïwan, l’idée était d’amorcer un dégel diplomatique et de maintenir un dialogue pour « gérer de façon responsable la relation sino-américaine », selon le département d’Etat.
Cette visite de deux jours est le premier déplacement d’un chef de la diplomatie américaine sur le sol chinois en près de cinq ans.
« Maintien de canaux de communication ouverts »
M. Blinken a rencontré son homologue chinois, Qin Gang, dans une villa d’Etat richement décorée située dans les anciens jardins Diaoyutai, à Pékin, où ses hôtes chinois devaient ensuite organiser un banquet.
Les deux hommes ont eu des entretiens « francs, substantiels et constructifs », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, au terme de l’entretien. M. Blinken a dit « l’importance de la diplomatie et du maintien de canaux de communication ouverts sur l’ensemble des questions afin de réduire le risque de perception erronée et d’erreur de calcul », a-t-il précisé.
Antony Blinken a également invité M. Qin et les deux hommes se sont mis d’accord pour « programmer une telle visite à une date qui leur conviendrait mutuellement », à fixer ultérieurement, a déclaré M. Miller.
Le ministre des affaires étrangères chinois a rappelé à son homologue américain que les relations entre Pékin et Washington étaient « au point le plus bas » depuis le début de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, en 1979, selon des propos rapportés par la télévision d’Etat CCTV.
Une possible entrevue avec Xi Jinping
« La question de Taïwan constitue la question fondamentale des intérêts primordiaux de la Chine, le sujet le plus important dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis et le péril le plus important » pour celles-ci, a déclaré Qin Gang, toujours selon CCTV. La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces, qu’elle doit réunifier, par la force si nécessaire.
Antony Blinken a débuté lundi matin un entretien à huis clos avec Wang Yi, qui, de par ses fonctions au sein du Parti communiste chinois, a la haute main sur la diplomatie chinoise – Qin Gang a, lui, le titre de ministre des affaires étrangères.
Une entrevue entre le secrétaire d’Etat américain et le président chinois, Xi Jinping, apparaît également probable, notamment après l’entretien, la semaine dernière à Pékin, entre M. Xi et l’ex-patron de Microsoft et philanthrope Bill Gates. « Vous êtes le premier ami américain que je rencontre cette année », lui aurait déclaré le chef d’Etat chinois, selon l’agence de presse Chine nouvelle. « Nous avons toujours placé nos espoirs dans le peuple américain et espérons que l’amitié entre les deux peuples se poursuivra », avait-il souligné, visiblement soucieux d’adresser un message d’apaisement.
L’épisode du ballon minimisé par Joe Biden
La visite du chef de la diplomatie américaine était initialement prévue pour février, dans le sillage de la rencontre, en novembre dernier, entre le président américain, Joe Biden, et son homologue chinois, Xi Jinping, en marge d’un sommet du G20 en Indonésie.
Elle avait été annulée à la dernière minute. En cause : le survol du territoire américain par un ballon chinois, accusé par Washington d’être un aéronef « espion », tandis que Pékin assurait qu’il s’agissait d’un engin météorologique ayant dévié de sa trajectoire.
A l’occasion de la visite de son secrétaire d’Etat en Chine, Joe Biden a minimisé l’épisode du ballon. « Je ne pense pas que les dirigeants savaient où il se trouvait, ce qu’il contenait et ce qui se passait », a déclaré le président américain samedi à la presse, ajoutant : « Je pense que c’était plus gênant qu’intentionnel. »
Le président américain a dit espérer une nouvelle rencontre avec Xi Jinping « au cours des prochains mois ». Les deux dirigeants devraient assister au prochain sommet du G20, en septembre à New Delhi, et M. Xi a été invité à venir en novembre à San Francisco pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique.
La dernière visite d’un secrétaire d’Etat américain en Chine date d’octobre 2018 : il s’agissait de Mike Pompeo, qui a été ensuite le maître d’œuvre de la stratégie de confrontation avec Pékin des dernières années de la présidence de Donald Trump.
L’administration Biden a depuis maintenu cette ligne dure, allant même plus loin dans certains domaines, par exemple par l’imposition de contrôles à l’exportation pour limiter l’achat et la fabrication par Pékin de puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ». Cependant, elle veut coopérer avec la Chine sur des sujets cruciaux comme le climat.
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