Niger : les militaires au pouvoir demandent un dialogue avec la Cedeao

Alors que l’ultimatum de la Cedeao aux militaires au pouvoir a expiré, un sommet extraordinaire de l’organisation est convoqué, jeudi 10 août, au Nigeria.

Par V.D. avec AFP

Temps de lecture : 3 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Les militaires auteurs du coup d'État au Niger ont demandé à la délégation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) de « revenir » à Niamey, a affirmé lundi le Premier ministre nigérien, Ouhoumoudou Mahamadou, lors d'une interview accordée à la chaîne TV5 Monde. « La junte a demandé à la délégation de la Cedeao de revenir », ses membres « seront à Niamey probablement aujourd'hui (lundi) ou demain », a-t-il déclaré.

La newsletter afrique

Tous les mardis à 16h45

Recevez le meilleur de l’actualité africaine.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

La délégation de la Cedeao arrivée jeudi soir à Niamey pour trouver une sortie de crise était repartie quelques heures plus tard, sans avoir rencontré ni le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tchiani, ni le président renversé, Mohamed Bazoum. Le lendemain de l'expiration de l'ultimatum posé par la Cedeao aux militaires au pouvoir pour rétablir l'ordre constitutionnel (avant dimanche, 23 heures GMT), l'organisation ouest-africaine, qui avait menacé d'utiliser la « force », a annoncé que ses dirigeants se réuniront, jeudi 10 août, à Abuja, au Nigeria, pour un « sommet extraordinaire ».

De son côté, Washington assure qu'il est encore possible de mettre fin par la diplomatie au coup d'État au Niger, a déclaré lundi un porte-parole de la diplomatie américaine. « C'est encore possible. Nous pensons que la junte doit se retirer et permettre au président (Mohamed) Bazoum de reprendre ses fonctions », a dit à la presse à Matthew Miller, porte-parole du département d'État.

« Restauration de la démocratie »

Vendredi dernier, les chefs d'état-major de la Cedeao avaient défini les contours d'une éventuelle intervention militaire contre les auteurs du coup d'État, selon un responsable de l'organisation. Alors qu'aucune intervention militaire n'a eu lieu pour le moment, « nous ne sommes pas déçus, parce que notre objectif, ce n'est pas l'intervention militaire. Notre objectif, c'est la restauration de la démocratie et la fin de la séquestration du président Bazoum », a assuré M. Mahamadou.

À LIRE AUSSI Niger : « Les djihadistes doivent se frotter les mains ! »

Le Premier ministre a indiqué que les conditions de vie du président Mohamed Bazoum, séquestré depuis le jour du coup d'État, le 26 juillet, avec son fils et sa femme, se durcissent. « On leur a coupé l'électricité, on leur a coupé l'eau », a-t-il déploré. « La négociation est encore possible », a-t-il lancé. Il a dit ne pas être « surpris » par les manifestations de soutien aux militaires, affirmant que « pour remplir le stade comme cela a été fait, il suffit de mettre les moyens, de promettre des per diem à ceux qui (y) participent », en référence aux 30 000 partisans du coup d'État rassemblés dimanche au stade Seini-Kountché à Niamey.

Enfin, selon M. Mahamadou, le « sentiment antifrançais », exprimé par des drapeaux et des slogans hostiles à la France lors des manifestations promilitaires à Niamey, est « une manipulation » par « un petit groupuscule d'acteurs soi-disant de la société civile ». « Ce que nous attendons de la France, c'est qu'elle continue de soutenir le Niger », a-t-il ajouté.

Discussions « difficiles »

Une émissaire américaine a eu des discussions « difficiles » à Niamey avec les militaires auteurs du coup d'État au Niger, les États-Unis disant privilégier la voie diplomatique pour restaurer l'ordre constitutionnel, plutôt que l'intervention militaire un temps envisagée par les pays d'Afrique de l'Ouest.

Une haute responsable de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a déclaré lundi avoir rencontré à Niamey les auteurs du coup d'État. «  »Ces discussions ont été extrêmement franches et par moment assez difficiles », a-t-elle dit à la presse par téléphone. Victoria Nuland, numéro deux de la diplomatie américaine par intérim, a indiqué avoir rencontré le général de brigade Moussa Salaou Barmou, nouveau chef d'état-major de l'armée, et d'autres responsables, mais n'avoir pu s'entretenir ni avec le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani, ni avec le président renversé Mohamed Bazoum.

Elle a dit avoir proposé « de nombreuses options » pour mettre fin au coup d'État, ainsi que les « bons offices » des États-Unis « s'il y avait un désir de la part des responsables de revenir à l'ordre constitutionnel », tout en ajoutant : « Je ne dirais pas que cette offre a été prise en compte de quelque manière que ce soit. »

Les auteurs du coup d'État « comprennent très bien les risques que fait courir à leur souveraineté une invitation de Wagner », a-t-elle déclaré, en référence au groupe paramilitaire russe Wagner, présent notamment au Mali voisin.

Selon une source proche de la Cedeao, une intervention n'est pas envisagée à ce stade, et la voie du dialogue semble donc toujours sur la table.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (4)

  • mustel

    Et si on nous éclairait un peu...
    ... Sur la razzia que la GP fait en ce moment chez les gens riches sous prétexte que ce sont des "profiteurs" et des "corrompus". Le fric récupéré a, en partie, manifestement servi a payer les 30 mille manifestants de dimanche.
    30 mille "rombiers" sur 2 millions d'habitants ! Une vague de soutien "populaire" !

  • culbaslibre

    Vous pouvez avoir peur les putschistes !
    l'adjudicateur a décidé de tous vous suspendre.
    avec effet immédiat.
    si vis pacem, Parabellum

  • ORDRE PUBLIC

    Sans aucune précipitation pour un retour de la France normal …. Et avec de très fortes garanties.
    Pas d’affolement …. Et grande prudence…et une certaine méfiance.