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Mouvement des agriculteurs : l’Union européenne trouve un accord pour plafonner certaines importations ukrainiennes

Œufs, volailles, sucre, avoine, maïs, miel… Bruxelles veut maintenir l’exemption des droits de douane pour le pays en guerre mais l’assortit de «mécanismes de sauvegarde» ciblant des produits «particulièrement sensibles». Le texte doit entrer en vigueur en juin.
par LIBERATION et AFP
publié le 20 mars 2024 à 7h56
(mis à jour le 20 mars 2024 à 9h01)

L’UE s’est accordée ce mercredi 20 mars pour plafonner certaines importations agricoles ukrainiennes exemptées de droits de douane – œufs, volailles, sucre, mais aussi avoine, maïs et miel –, répondant à un motif de colère du secteur, mais sans toutefois inclure le blé dans ce mécanisme. L’accord conclu dans la nuit entre les Etats de l’UE et le Parlement européen reconduit certes pour une année supplémentaire, à partir de juin, l’exemption générale de droits de douane accordée depuis 2022 à l’Ukraine pour soutenir le pays après l’invasion russe. «L’accord n’est pas encore celui que nous souhaitions, a réagi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sur France Info. [...] On souhaite inclure plus de céréales puisque si on inclut le maïs c’est sans doute qu’il y a un sujet sur le blé en particulier.»

Car cette fois, l’UE l’assortit de «mécanismes de sauvegarde» ciblant des produits «particulièrement sensibles», dont certaines céréales, mais pas le blé et l’orge, comme le réclamaient les eurodéputés et donc le gouvernement français. «On a un marché des céréales qui est très désorganisé», regrette Marc Fesneau, notamment à cause de l’agression russe en Ukraine. «Il faut de la solidarité mais pas au prix d’une déstabilisation du marché», poursuit le ministre de l’Agriculture.

«Frein d’urgence» pour la volaille, les oeufs et le sucre

Le texte «prévoit un frein d’urgence pour la volaille, les œufs et le sucre», ainsi que «l’avoine, le maïs, les gruaux [préparation de grains dégermés, ndlr] et le miel», précise le Parlement européen dans un communiqué. Les importations dédouanées de ces produits seront de fait plafonnées aux niveaux moyens importés par l’UE en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seront automatiquement réimposés. «Même si ça va dans le bon sens, […] ça ne va pas assez vite. […] Encore une fois, ce n’est pas de nature à nous rassurer complètement, même si on entend qu’il faut gérer tous ces flux ukrainiens», a concédé ce mercredi matin sur France Info le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA), Pierrick Horel.

Les agriculteurs européens accusent l’afflux de produits ukrainiens de plomber les prix locaux, notamment dans les pays riverains, et de relever d’une concurrence «déloyale», faute de satisfaire à certaines normes (taille des élevages, produits phytosanitaires…) Alors que, même en guerre, l’Ukraine conserve d’immenses capacités de production agricole, le dossier alimente la colère du secteur à travers l’UE, en particulier en Pologne, où les cultivateurs mécontents bloquent ces dernières semaines des passages frontaliers avec l’Ukraine et l’Allemagne.

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Concernant le blé, dans d’ultimes négociations «les eurodéputés ont obtenu de la Commission l’engagement ferme d’agir en cas d’augmentation des importations ukrainiennes», sur la base d’une surveillance régulière, précise le Parlement. Et Bruxelles sera tenu d’agir «plus rapidement, dans un délai de 14 jours au lieu de 21 jours [comme prévu initialement] si les seuils de déclenchement des mécanismes de sauvegarde sont atteints».

«Circonstances extrêmement difficiles»

«Parallèlement, le travail est engagé pour permettre aux produits agricoles ukrainiens de retrouver leurs marchés d’origine» en Afrique et au Moyen-Orient, afin qu’ils ne restent pas bloqués en Europe, avait insisté mardi une source gouvernementale française. En attendant, cette libéralisation des droits de douane «continuera de permettre à l’Ukraine de générer ses propres revenus à partir de ses exportations vers l’UE, essentielles pour soutenir son économie dans des circonstances extrêmement difficiles», a rappelé le Conseil de l’UE.

L’accord doit désormais être entériné formellement par les Vingt-Sept comme par les eurodéputés, lors de leur séance plénière de fin avril. Il entrera en vigueur le 6 juin, après l’expiration de l’exemption de droits de douane actuellement en vigueur.

Par ailleurs, répondant à un autre motif de doléances de Varsovie et des Etats baltes, Bruxelles proposera «prochainement» des restrictions sur les importations de produits agricoles venant de Russie, a indiqué vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’occasion d’un entretien avec le Premier ministre polonais, Donald Tusk.

Mise à jour à 9 heures avec les propos de Marc Fesneau sur France Info.

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