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Totalenergies visé par une plainte au pénal pour des projets pétroliers en Tanzanie et Ouganda

"Totalenergies ne doit plus continuer à alimenter sciemment, librement et impunément le dérèglement climatique" estiment les avocats des associations à l'origine de cette plainte.

Quatre associations de défense de l'environnement ont déposé plainte contre Totalenergies et son projet pétrolier EACOP en Tanzanie et en Ouganda pour "des faits s'apparentant à un climaticide" selon elles, a-t-on appris lundi auprès de leurs avocats, confirmant une information du Monde.

Nicolas Doze face à Jean-Marc Daniel : TotalEnergies, responsable mais coupable ? - 26/05
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Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont déposé cette plainte le 22 septembre.

"Alors que l'ONU s'inquiète de "l'effondrement climatique" en cours, Totalenergies ne doit plus continuer à alimenter sciemment, librement et impunément le dérèglement climatique", ont déclaré les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth.

Cette plainte est selon eux "inédite" car elle assigne la société TotalEnergies "devant le juge pénal pour des faits s'apparentant à un climaticide, et qui, jusqu'ici, n'avaient leur place que devant des juridictions civiles".

La plainte vise plusieurs infractions: abstention de combattre un sinistre, atteintes involontaires à l'intégrité de la personne, destruction, dégradation ou détérioration d'un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes, et homicide involontaire.

400 puits

Totalénergies "n'a pas connaissance de cette plainte et ne sait pas ce qu'elle vise", a réagi l'entreprise, sollicitée par l'AFP. "La Compagnie mène ses opérations en conformité avec ses standards d'opération et avec les lois et règlements. Elle répondra aux demandes des autorités le cas échéant", a-t-elle ajouté.

Totalénergies avait annoncé l'année dernière un accord d'investissement de 10 milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprenant notamment la construction d'un oléoduc chauffé (EACOP) de 1443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côte tanzanienne sur l'océan Indien.

Le groupe prévoit le forage de près de 400 puits de pétrole dans le parc naturel des Murchison Falls - les chutes du Nil blanc, parmi les plus puissantes au monde - une remarquable réserve de biodiversité et plus grand parc national d'Ouganda.

Pour les avocats des associations, ce projet "seraient à l'origine d'importants déplacements de populations" et "contribueraient à un appauvrissement majeur des populations locales". Il aura aussi un impact majeur sur "de nombreuses zones naturelles", soulignent-ils.

Les plaignants accusent le groupe de ne mettre en place "aucune action permettant de lutter contre le sinistre qui frappe déjà la moitié de la population mondiale". Ils dénoncent sa stratégie de communication "visant à donner l'illusion d'une stratégie environnementale ambitieuse afin de dissimuler l'absence d'actions concrètes et adaptées" pour lutter contre le réchauffement climatique.

OC avec AFP