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Équateur: l'état d'urgence décrété après l'évasion du chef du puissant gang des Choneros

Quatre policiers ont été enlevés en Équateur où l’état d’urgence a été décrété hier lundi par le président équatorien Daniel Noboa suite à l’évasion de l’ennemi public numéro un. Adolfo Macías, alias Fito, est le leader de la bande des Choneros, la plus puissante du pays avec quelque 12.000 hommes en armes.

Equateur, le 8 janvier 2024: impressionnant déploiement de forces de sécurité devant la prison El Inca de Quito d'où s'est évadé Jose Adolfo Macias, dit Fito, le chef du gang mafieux des Choneros.
Equateur, le 8 janvier 2024: impressionnant déploiement de forces de sécurité devant la prison El Inca de Quito d'où s'est évadé Jose Adolfo Macias, dit Fito, le chef du gang mafieux des Choneros. REUTERS - KAREN TORO
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Au moins quatre policiers ont été enlevés en Equateur où l'état d'urgence a été décrété lundi par le président Daniel Noboa, après l'évasion de la prison de Guayaquil (Sud-Ouest) du chef du plus grand gang criminel du pays et des soulèvements dans des prisons, a annoncé la police. Dans la ville côtière de Machala (Sud-Ouest), « trois fonctionnaires de la police qui étaient de service » ont été enlevés, a annoncé durant la nuit de lundi à mardi la police sur le réseau social X (ex-Twitter). Un quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d' « un véhicule aux vitres teintées et sans plaques ».

Ces enlèvements surviennent dans un fort climat de tension qui a contraint le président Noboa à déclarer l'état d'urgence. « Je viens de signer le décret qui instaure l’état d’exception dans tout le pays afin que les Forces Armées reçoivent le soutien politique et légal dont elles ont besoin pour agir. Ce que nous vivons prouve que la situation doit changer dans le pays et que les lois actuelles ne garantissent pas la paix. Nous ne négocierons pas avec les terroristes », a déclaré Daniel Noboa, entré en fonction en novembre dernier.

Adolfo Macías, alias Fito, dans la nature

Une décision prise après la fuite d'un chef de gang d'une prison de haute sécurité. Plus de 3 000 militaires ont été déployés dans la prison où Adolfo Macías, alias Fito, purgeait depuis 2011 une peine de 34 ans de prison pour délinquance organisée, trafic de drogue et assassinat. En short et sans chemise, les détenus ont été forcés de s’allonger par terre pendant que les fouilles commençaient. Les soldats sont allés jusqu’à déplacer les plaques de zinc couvrant les toits et en ont profité pour détruire les antennes métalliques qui permettaient aux détenus d’utiliser leurs portables et de transmettre leurs instructions à leurs complices à l’extérieur.

Mais Adolfo Macías n’a pas été retrouvé… Le gouvernement n’est même pas sûr de la date de son évasion, rapporte notre correspondant en Équateur, Eric Samson. Alors que les troubles éclataient dans une demi-douzaine de prisons du pays, le président Daniel Noboa est sorti de son silence pour annoncer l'état d'urgence. Une façon indirecte de demander le vote positif des Équatoriens lors du prochain référendum qui sera largement dédié à la sécurité dans un pays désormais soumis à un couvre-feu de soixante jours de 23h00 à 5h00 du matin.

Adolfo Fito Macias était détenu à la prison 8 de Guayaquil, dans un quartier de haute sécurité. Plusieurs chefs de bande avaient été transférés alors dans des prisons en principe plus sûres, ce qui avait provoqué des émeutes. Une opération sous haute sécurité, quelques jours après l'assassinat de Fernando Villavicencio, candidat à la présidentielle. L'homme politique avait accusé le narcotrafiquant de l'avoir menacé de mort.

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Le narcotrafic gangrène le pays jusque dans les prisons

En décembre déjà, une vaste opération de police a entraîné l'arrestation de près de 30 juges, procureurs et policiers arrêtés pour liens avec les narcotrafiquants. Parmi les personnes arrêtées, le président du Conseil de la Judicature, de nombreux juges et policiers. L’opération appelée « Métastases » intervient quelques jours après une déclaration de l’ambassadeur américain en Équateur sur l’étendue de la pénétration du narcotrafic dans le pays. Cela notamment dans les clubs de football et les médias.

Un système carcéral noyauté par les gangs 

C'est en février 2021 qu'a lieu la première grande émeute. Elle touche alors quatre prisons, au même moment, dans trois provinces différentes, ce qui montre à quel point la mutinerie était préparée. Elle oppose des gangs rivaux dans les prisons de surpeuplées de Guayaquil, Cuenca et Latacunga. En octobre de la même année, le gouvernement déclare le système pénitentiaire en état d’exception et envoie l'armée en renfort. Fin 2022, il lance un recensement dans ses prisons et annonce une réforme de la détention. Il s'agit de réduire la surpopulation carcérale, de séparer les gangs rivaux et d'isoler les chefs dans des sections de haute sécurité. Quelques mois plus tôt, en mai, une émeute avait permis à une centaine de détenus de s'échapper. L’année dernière, de nouvelles émeutes éclatent, cette fois-ci dans six prisons et durent plusieurs jours.

Selon les spécialistes, les prisons se sont transformées en centre de commandement du crime organisé. C’est depuis leurs cellules que les barons de la drogue dirigent leurs réseaux et planifient leurs actions criminelles. Avec l’assassinat en août dernier de Fernando Villavicencio, candidat à la présidentielle, un nouveau degré de violence a été atteint. Six Colombiens, inculpés pour l’assassinat de Fernando Villavicencio, ont eux-mêmes été tués en prison. Le gouvernement est totalement désarmé face à cette dégradation de la sécurité. Certes, il a envoyé à plusieurs reprises la police et l’armée dans les prisons pour mettre fin aux émeutes. Mais les gangs en gardent le contrôle, comme le montre l’évasion du chef des Choneros. Depuis deux ans, une douzaine de massacres ont fait plus de 460 morts parmi les détenus. Les autorités se sont révélées jusqu'à présent incapables de reprendre fermement le contrôle du système carcéral.

(et avec agences)

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