Coupures de courant : «Les scénarios de la peur, c’est non», martèle Emmanuel Macron

Dans nos colonnes, le président avait déjà invité samedi à ne « pas paniquer ». Ce mardi, il s’est voulu très ferme en recadrant les autorités et les entreprises publiques.

    Il s’est voulu ferme. Depuis Tirana, en Albanie, où il est en déplacement, Emmanuel Macron a tenu à s’exprimer, ce mardi, sur un des sujets majeurs de l’hiver : le risque de coupures d’électricité. « Les scénarios de la peur, c’est non », a tranché le président français.

    Le chef de l’État avait invité, samedi, les Français dans notre journal à ne « pas paniquer » face aux risques de coupures, jugeant même qu’elles pourraient être évitées si la consommation était baissée de 10 %.



    « Le gouvernement, c’est son devoir, travaille à des scenarii pour faire face à toute situation. Mais si on fait bien, chacun à notre niveau, des efforts, que l’on tient le plan de sobriété, conjugué au travail conduit avec EDF, il n’y a pas de raison d’avoir un scénario qui va vers des jours plus sombres, assurait-il. On va tenir l’hiver. Et si on achète le gaz, bien groupés, en Européens, je pense que l’on pourra absorber l’inflation sur les prix du gaz au premier semestre 2023. Mais cela n’empêchera pas plusieurs économies européennes d’entrer en récession en 2023. »

    « Nous allons tenir cet hiver malgré la guerre »

    C’est un recadrage que le président Français a fait en visant directement les autorités et les entreprises publiques qui selon lui, « commencent à faire peur aux gens ». Dans une prise de parole qui n’a duré que quelques minutes, ce mardi, il a assuré que « nous allons tenir cet hiver malgré la guerre. Donc je demande à chacun de faire son travail ». Il a également jugé « stupide » le « débat » qu’il avait « entendu ces dernières heures ».

    Lors de cette courte intervention, Emmanuel Macron a asséné ce qu’il avait déjà déclaré dans nos colonnes : « J’entends beaucoup d’inquiétude, mais il ne faut pas céder à la panique ! Le gouvernement, c’est son devoir, travaille à des scenarii pour faire face à toute situation. »

    Dans cette interview, il déclarait aussi que l’économie française est « l’une de celles qui résistent le mieux ».



    Un signal rouge en cas de situation très tendue

    Le gouvernement, qui anticipe « tous les scénarios » dans une mesure de « prévision » en cas de pénurie d’électricité, a transmis le 30 novembre une circulaire aux préfets pour qu’ils préparent leurs départements à « des coupures d’électricités ciblées et programmées », selon le document.

    En cas de situation très tendue du système électrique cet hiver, notamment en janvier, la « météo de l’électricité » EcoWatt gérée par RTE émettra trois jours en avance un signal rouge pour alerter sur le risque de coupures ciblées et temporaires, pour que chacun mette en œuvre des mesures permettant de les éviter.

    Si la consommation ne baisse pas après l’émission du signal rouge, des coupures tournantes de deux heures organisées sur des portions de départements seraient « inévitables », selon RTE.

    L’opposition monte au créneau

    En point presse à l’Assemblée, le député communiste Sébastien Jumel a fustigé la « communication chaotique », « infantilisante » et « culpabilisante » de l’exécutif sur ces éventuelles coupures, jugeant le gouvernement « seul responsable de la situation énergétique dans laquelle on est ».

    « Les gens qui sont sous respirateur artificiel et dont la vie est mise en cause par l’arrêt de ce respirateur artificiel ne sont pas essentiels au gouvernement », s’est de son côté indignée la cheffe de file des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, en conférence de presse, en dénonçant dans des coupures « l’extraordinaire régression de notre pays ».

    La crise énergétique est la conséquence « des errements de petits politiciens qui n’ont pas été des hommes d’État », a jugé sur CNews Éric Ciotti, en course pour la tête du parti Les Républicains.

    La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau a, elle, suggéré sur BFMTV de couper l’électricité « dans des infrastructures extrêmement consommatrices comme les aéroports » ou les supermarchés mais de « garder les écoles ouvertes », estimant que la « colère des personnes en très grande précarité et qui ont froid chez elles » est « inouïe ».