C’est un appel à sortir de la crise par le haut que la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a lancé, mercredi 15 février, au président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët. « M. Le Graët est un homme de décision, et j’espère qu’il prendra les bonnes dans les jours à venir pour la FFF et pour lui-même », a déclaré Mme Oudéa-Castéra devant un parterre de journalistes, tout en prenant garde à ne pas prononcer le mot « démission ».
« Le constat est clair, chacun sait ce que j’en pense », a souligné Mme Oudéa-Castéra, plusieurs heures après avoir reçu le rapport d’audit définitif de la mission de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) axé sur la gouvernance de la FFF. Commanditaire de cette enquête de cinq mois, Amélie Oudéa-Castéra s’est approprié les conclusions accablantes des inspecteurs : M. Le Graët, 81 ans et en poste depuis 2011, « ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français ».
Copie quasi conforme du rapport provisoire rendu le 30 janvier, l’audit définitif de l’IGESR envoyé aux dirigeants de la FFF charge Noël Le Graët, visé depuis le 16 janvier par une enquête préliminaire pour « harcèlement sexuel et moral », après un signalement émis par les inspecteurs au parquet de Paris. Le document de cinquante-trois pages, rédigé après cent quatorze auditions, que Le Monde a consulté, étrille « un président dont les dérives de comportement sont incompatibles avec l’exercice des fonctions et l’exigence d’exemplarité qui lui est attachée ».
L’IGESR condamne le « comportement inapproprié » de Noël Le Graët « vis-à-vis des femmes placées sous son autorité et/ou dans une relation de dépendance ». Elle mentionne des SMS envoyés par M. Le Graët, « ambigus pour certains et à caractère sexuel pour d’autres ». « Les auditions conduites par la mission ont mis en évidence que le caractère déplacé et injurieux des propos de M. Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d’alcool. »
« De nouvelles révélations, postérieures à la rédaction du présent rapport, ne sont pas à exclure », estime l’IGESR, alors que, selon nos informations, l’Agence française anticorruption mène une enquête approfondie à la FFF, au terme d’un contrôle commencé en juin 2022.
« Relation toxique »
L’IGESR n’épargne pas non plus Florence Hardouin, directrice générale depuis 2013, mise à pied à titre conservatoire, le 11 janvier, et sous la menace d’un licenciement pour faute grave. Elle « considère » que Mme Hardouin « n’est plus en capacité d’assurer les fonctions qui sont les siennes au sein de la fédération, en raison notamment de sa difficulté à installer un management à bonne distance des élus d’une part et des collaborateurs d’autre part ».
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