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Ukraine

Guerre en Ukraine: Zelensky repart des États-Unis sans aide financière supplémentaire

Le président ukrainien a affirmé ce mardi avoir reçu des signaux "positifs" du Congrès américain sur l'adoption d'une aide cruciale pour son pays en guerre. Mais Washington n'a pas encore tranché.

Un déplacement pour rien? Volodymyr Zelensky, venu aux États-Unis chercher l'assurance d'un soutien renouvelé, a buté sur les divisions de la classe politique américaine. Après avoir échangé longuement avec le président démocrate Joe Biden et le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson, il n'a pas encore obtenu de garantie pour son pays en guerre.

"J'ai reçu des signaux, et ils étaient plus que positifs", a déclaré Volodymyr Zelenksy, affirmant toutefois attendre des "résultats" concrets sur cette enveloppe de 61 milliards de dollars.

Washington a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe, mais n'a pas réussi jusqu'ici à s'entendre sur la rallonge demandée par la Maison Blanche, pour tenir au moins jusqu'à la présidentielle de novembre 2024 aux États-Unis.

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15:31

Joe Biden a durement attaqué les élus républicains qui bloquent pour l'instant sa demande d'une enveloppe supplémentaire de 61 milliards de dollars pour Kiev. "L'Histoire jugera sévèrement ceux qui ont tourné leur dos à la cause de la liberté", a lancé le démocrate de 81 ans.

"Nous vous rembouserons après la guerre"

Avant les politiques, Volodymyr Zelensky avait rencontré lundi des représentants des entreprises d'armements et de défense aux États-Unis pour les remercier en personne. Il s'était aussi entretenu avec la directrice du FMI, Kristalina Georgieva. Dans la foulée, l'institution avait annoncé le versement à l'Ukraine de 900 millions de dollars, dans le cadre d'un plan d'aide annoncé en mars.

Cette nouvelle visite à Washington, infructueuse, intervient après des semaines de martelage dans les médias par Zelensky d'une demande d'aide financière. "Si vous ne pouvez pas nous apporter un soutien financier (...) accordez-nous un crédit, nous vous rembourserons après la guerre", lançait même le président ukrainien début novembre, sur NBC.

Le vent tourne-t-il pour Kiev? Après un an et demi de soutien inconditionnel, les alliés américains du président ukrainien sont de plus en plus réticents à accéder à ses demandes. "Le combat solitaire de Volodymyr Zelensky", titrait même le Time mi-novembre.

La femme du président ukrainien aussi se mobilise. Et alerte: si les pays occidentaux ne poursuivent pas leur soutien financier à l'Ukraine, la population sera "en danger de mort".

Le scepticisme des républicains américains

La situation sur le terrain militaire justifie aussi le scepticisme des élus républicains américains. La ligne de front n'a que peu évolué ces derniers mois, malgré les promesses cet été d'une large contre-offensive ukrainienne.

Début décembre, le chef d'état-major de l'armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, a reconnu que le conflit est dans une impasse et que la contre-offensive menée par ses troupes n’a pas obtenu les résultats attendus. L'armée russe affirme même avancer "dans toutes les directions".

"Ce que l'administration Biden semble vouloir, ce sont des milliards de dollars supplémentaires sans supervision adéquate, sans réelle stratégie de victoire", a ainsi dénonce le patron de la Chambre américaine des représentants, le républicain Mike Johnson .

Les élus américains n'ont en théorie que jusqu'à vendredi (quand commencent les vacances parlementaires) pour parvenir à un accord sur la nouvelle enveloppe de 61 milliards de dollars. La Maison Blanche a prévenu qu'elle serait "à court d'argent" d'ici la fin de l'année si rien n'était fait.

Les démocrates sont favorables à cette rallonge. Comme le rappelle l'AFP, les républicains n'y sont, à part une poignée d'élus de la droite radicale, pas totalement opposés.

Mais ils lient leur soutien à une revendication de politique intérieure de longue date: un durcissement majeur de la politique d'immigration des États-Unis. Critique, Joe Biden leur a reproché mardi de tenir ainsi l'aide à l'Ukraine "en otage".

L'aide militaire américaine à l'Ukraine, qui s'élève déjà à plusieurs milliards de dollars, pourrait donc faire les frais d'un désaccord politique entre démocrates et républicains. À moins d'un an de l'élection présidentielle, tous tentent tous de jouer leur meilleure partition pour arriver dans de bonnes conditions devant les urnes en novembre 2024.

Ariel Guez