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La Fed marque une pause dans sa hausse des taux

Sans surprise, la banque centrale américaine (FED) maintient son principal taux directeur inchangé. Elle n’exclut pas des hausses ultérieures face à une inflation qui recule mais reste au-dessus de sa cible de 2%

Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, tient une conférence de presse après la publication de la décision de la Fed de maintenir les taux d'intérêt inchangés, à la Réserve fédérale à Washington, Etats-Unis, le 14 juin 2023.   — © KEVIN LAMARQUE / REUTERS
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, tient une conférence de presse après la publication de la décision de la Fed de maintenir les taux d'intérêt inchangés, à la Réserve fédérale à Washington, Etats-Unis, le 14 juin 2023. — © KEVIN LAMARQUE / REUTERS

La banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi une pause dans ses hausses de taux, pour la première fois depuis mars 2022 et après 10 hausses d’affilée, afin de prendre le temps d’observer l’évolution de l’économie.

Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), réuni depuis mardi matin, a décidé à l’unanimité de maintenir le principal taux directeur dans la fourchette de 5,00-5,25%.

Cette pause doit permettre d'«évaluer les informations supplémentaires et leurs implications pour la politique monétaire», a détaillé la Fed dans un communiqué. Néanmoins, les responsables de l’institution prévoient majoritairement de relever encore les taux d’ici à fin 2023, jusqu’à 5,50-5,75%, mais l’un d’eux les voit même grimper jusqu’à 6,00-6,25%. Deux membres du comité anticipent toutefois un maintien des taux à ce niveau. Les taux devraient redescendre en 2024, à 4,25-4,50% selon la majorité des responsables.

Le FOMC a par ailleurs très légèrement abaissé sa prévision d’inflation cette année aux Etats-Unis, à 3,2% contre 3,3%, mais a, en revanche, relevé à 1,00% sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) américain pour 2023, contre 0,4% anticipé en mars.

«Observer plus de données»

Les débats parmi les responsables de la Fed avaient commencé mardi matin, deux heures après la publication des derniers chiffres de l’inflation américaine, qui avaient montré que la hausse des prix à la consommation avait fortement ralenti en mai, à 4,0% sur un an contre encore 4,9% le mois précédent, selon l’indice CPI, soit le plus bas niveau depuis mars 2021.

L’inflation est désormais deux fois moins élevée aux Etats-Unis qu’en juin 2022, lorsque le pic de 9,1% avait été atteint. Mais cela reste bien supérieur aux 2,0% visés par la Fed, à la manœuvre pour éteindre cette flambée des prix, mais l’institution commence à entrevoir son objectif.

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Après dix hausses d’affilée, de cinq points de pourcentage au total, plusieurs de ses responsables s’étaient montrés favorables à cette pause. Cela «permettrait d’observer plus de données avant de prendre des décisions sur l’ampleur» des hausses encore nécessaires, a notamment expliqué Philip Jefferson, l’un des gouverneurs de la Fed, et bientôt vice-président si le Sénat confirme sa nomination.

En outre, cette pause doit permettre d’éviter de trop peser sur la consommation et sur l’investissement, donc sur l’activité économique, et, surtout, d’éviter une récession. La Bourse de New York a viré au rouge juste après la décision de la banque centrale américaine qui laisse entendre que d’autres hausses surviendront ces prochains mois.

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«Porte ouverte»

Si le dernier indice des prix à la consommation est paru mardi, la Fed privilégie, elle, une autre mesure de l’inflation, l’indice PCE, dont les données pour mai seront publiées fin juin et qui était reparti à la hausse en avril, à 4,4% sur un an.

Quant aux prix de gros aux États-Unis, qui mesurent l’inflation côté producteurs, ils ont baissé de 0,3% en mai par rapport à avril, et ont, sur un an, fortement ralenti, à 1,1% contre 2,3% le mois précédent, selon les chiffres publiés mercredi par le département du Travail.

Le marché du travail, lui, reste tendu, avec des pénuries de main-d’œuvre qui perdurent, bien que la situation s’améliore. Les créations d’emplois en mai ont été très supérieures aux prévisions, mais le taux de chômage a grimpé plus qu’anticipé, à 3,7%. Les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient début juin au plus haut depuis octobre 2021.

Les chiffres de l’inflation, du marché du travail ainsi que les conditions du crédit «détermineront si le FOMC a fini d’augmenter les taux ou si un resserrement supplémentaire est nécessaire», a estimé Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE. Elle anticipe cependant un maintien des «taux au niveau actuel, au moins jusqu’à la fin de l’année».

Les responsables de la Fed actualiseront par ailleurs leurs prévisions, datant de mars, en matière de croissance du PIB, de chômage, d’inflation, et ils diront jusqu’où ils anticipent de faire grimper les taux.

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