ENQUÊTE - “J’hurlais de douleur, je ne sentais plus du tout mes mains.” Mahedine Tazamoucht, un électricien de 19 ans, accuse plusieurs policiers de violences au cours de sa garde à vue au commissariat de Juvisy-sur-Orge (Essonne). Il a d’abord porté plainte ce vendredi 13 mai auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), selon les informations de Libération.
Une plainte pour “actes de torture commis par personnes dépositaires de l’autorité publique, en réunion, avec usage d’armes” a également été déposée au tribunal judiciaire d’Évry dans l’affaire des accusations de violences policières au commissariat de Juvisy-sur-Orge, a appris l’Agence France-Presse (AFP) ce mardi 17 mai. Ce type de plainte permet d’obtenir la désignation quasi automatique d’un juge d’instruction, statutairement indépendant.
Les faits remontent à la nuit du 9 au 10 mai à Athis-Mons, ville voisine de Juvisy-sur-Orge. Alcoolisés, trois jeunes sont contrôlés par des fonctionnaires, puis placés en garde à vue pour des faits d’outrage et rébellion. Ils évoquent tous les trois des violences de la part de plusieurs policiers au cours des auditions.
À l’issue de la garde à vue, Mahedine Tazamoucht s’est vu prescrire quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT) lors d’un examen médical réalisé au cours de celle-ci, qui a révélé plusieurs traces de blessures sur son cours, rapporte le quotidien, qui indique que “la liste des blessures constatées est si longue qu’après avoir débordé d’une feuille recto verso, elle remplit une troisième page”.
“Je n’entends plus de l’oreille gauche”
“Certains coups, je les entendais, je ne les sentais même plus”, explique Mahedine Tazamoucht à Libération, qui racontent que les policiers se déchaînaient, ils me mettaient des coups de poing au visage, des coups de pied avec la pointe de leurs chaussures dans mes tibias, ils me marchaient sur les pieds”.
Selon le jeune homme, “ils en rigolaient, il y avait à peu près six policiers à ce moment dont trois qui me frappaient” et “ils s’amusaient aussi à me mettre des coups de Taser dans l’épaule et un dans le cou”. “Puis, ils m’ont menacé de me taser les parties intimes”, a-t-il ajouté.
Invité au micro de RMC, ce mardi 17 mai, Mahedine Tazamoucht explique avoir “saigné de la bouche” et “craché beaucoup de sang”. “J’hurlais de douleur, je ne sentais plus du tout mes mains”, poursuit le jeune homme. “J’ai des ouvertures dans la bouche, je n’entends plus de l’oreille gauche, j’ai un hématome au tympan”, énumère-t-il.
🔴 TEMOIGNAGE RMC "Il y avait six policiers. J'ai dû recevoir une bonne quarantaine de coups au visage, pendant une… https://t.co/kihj75Gh61
— Apolline Matin (@ApollineMatin)
La procédure judiciaire pour outrage et rébellion, confiée au commissariat de Juvisy, est suspendue, le temps de l’enquête de l’IGPN, a ajouté le parquet. Dans le cadre de celle-ci, le plaignant sera notamment examiné par un médecin de l’Unité médico-judiciaire (UMJ) et les policiers seront entendus.
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