En France, de plus en plus d’hommes recourent à la vasectomie, selon une étude des autorités de santé

Si les vasectomies sont en forte hausse, elles partent de si bas que leur fréquence reste faible : environ 0,15 % des hommes concernés ont fait ce choix en 2022.

Illustration du personnel médical allant vers une salle d’opération.

Illustration du personnel médical allant vers une salle d’opération.  JEAN-MICHEL DELAGE / HANS LUCAS VIA AFP

C’est une décision qui reste rare mais devient moins marginale chez les hommes français. La vasectomie, qui revient à se faire stériliser, gagne du terrain depuis quelques années sans pour autant entrer dans les mœurs comme dans d’autres pays.

« J’avais 39 ans, je me suis dit : “J’ai fait deux gosses, est-ce que j’en fais un autre ?” Et bien non, je savais que je n’en voudrais plus », raconte à l’AFP Ronan Lerigoleur, un professeur des collèges qui a fait fin 2020 le choix d’une vasectomie. L’opération revient à se faire stériliser, via une ligature des canaux qui permettent aux spermatozoïdes de sortir des testicules.

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C’est donc une méthode de contraception considérée comme définitive. Car si l’on peut parfois annuler ces effets par une autre opération, on ne peut pas en être sûr à l’avance.

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C’est aussi le seul choix de contraception dont dispose un homme, à part le port systématique d’un préservatif. Médiatisées depuis quelques années, des méthodes alternatives comme des anneaux contraceptifs n’ont pas fait leurs preuves scientifiques.

Dans certains pays, notamment anglo-saxons, les vasectomies sont courantes, même si elles tendent à perdre en popularité. C’est le cas aux Etats-Unis, en Australie, en Corée du Sud, où plus d’une femme sur dix compte sur la vasectomie de son partenaire pour ne pas avoir d’enfant.

« Une multiplication par 15 » en douze ans

En France, la situation est très différente. Autorisées seulement depuis 2001, les vasectomies ont, pendant des années, été réalisées en nombre infime.

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Certes, la situation semble commencer à changer. Selon une étude, publiée lundi 12 février par l’Assurance maladie et l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), de plus en plus d’hommes français choisissent la stérilisation.

« Le nombre de vasectomies a augmenté chaque année depuis 2010, passant de 1 940 vasectomies en 2010 à 30 288 en 2022, soit une multiplication par 15 », résument les auteurs de l’étude, supervisée par l’épidémiologiste Mahmoud Zureik.

Désormais, il y a même plus d’hommes que de femmes à choisir une forme de stérilisation. Les auteurs de l’étude y voient en partie la conséquence de l’affaire des implants Essure, couramment utilisés comme méthode de stérilisation féminine avant d’être retirés du marché à la fin des années 2010 à cause d’effets indésirables.

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Ce croisement des courbes est aussi lié à la progression des vasectomies. Celle-ci est difficile à expliquer, les auteurs reconnaissant que des « études sociologiques » seraient nécessaires.

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« La diminution de la lourdeur de la pratique a pu conduire les hommes à davantage recourir à la vasectomie », avance auprès de l’AFP la démographe Mireille Le Guen, spécialiste des questions de contraception.

Un meilleur partage de la « charge mentale »

La plupart des vasectomies se font, en effet, désormais lors d’un passage en journée à l’hôpital, alors qu’un nombre conséquent de patients devaient encore y passer la nuit voici quelques années, souvent sous anesthésie générale.

Mais Mireille Le Guen reste prudente sur la lecture d’une tendance embryonnaire. Si les vasectomies sont en forte hausse, elles partent de si bas que leur fréquence reste faible : environ 0,15 % des hommes concernés (soit, selon l’étude, les adultes de moins de 70 ans) ont fait ce choix en 2022.

« Il y a une possibilité que l’on sorte d’une pratique marginale, mais ayons en tête que ça concerne encore très peu d’hommes », note la démographe, qui relève toutefois une « diversification des profils » vers des milieux un peu plus favorisés qu’auparavant.

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Il est donc trop tôt pour juger si la vasectomie fait moins peur par son caractère potentiellement irréversible (un délai de réflexion de quatre mois reste imposé aux Français tentés par cette opération) ou par les craintes infondées autour de ses effets supposément négatifs sur l’activité sexuelle.

Difficile, aussi, de conclure à un effet de discours féministes de plus en plus visibles en faveur d’un meilleur partage de la « charge mentale » de la contraception, dont la responsabilité revient le plus souvent aux femmes via, principalement, la prise d’une pilule.

C’est, en tout cas, l’une des considérations qui a animé Ronan Lerigoleur. « Ma femme ne supportait pas toujours bien la pilule », explique-t-il. « Il n’y a pas photo : moi, j’ai eu une opération et c’était réglé. Sinon, elle, c’était à vie. »

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