Cette “annonce surprise” survient “au lendemain d’une intervention de Sam Altman au forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), à San Francisco”, où il dépeignait “l’avenir radieux de l’IA et de son entreprise”, ironise le San Francisco Chronicle. Vendredi 17 novembre dans l’après-midi, le conseil d’administration d’OpenAI l’a démis de ses fonctions de PDG avec effet immédiat, “à la suite d’une procédure d’examen délibératif par le conseil, qui a conclu qu’il n’avait pas toujours été franc dans ses communications avec le conseil”, selon un communiqué de l’entreprise, reproduit par le quotidien californien.

L’instance dirigeante “estime qu’un nouveau leadership est nécessaire pour avancer”, explique Gizmodo, alors que “le conseil suggère qu’Altman a peut-être menti” sur “certains aspects des activités d’OpenAI” – sans pour autant fournir de “précisions”. Mira Murati, directrice technique d’OpenAI, assurera l’intérim à la tête de l’entreprise, jusqu’à la désignation d’un successeur permanent.

L’intéressé a rapidement réagi sur X (ex-Twitter) : “J’ai adoré mes années passées à OpenAI, a-t-il écrit. Ce fut transformateur pour moi personnellement et, je l’espère, aussi un peu pour le monde.”

“Ambassadeur de l’IA”

“Cette décision constitue un revers de fortune stupéfiant pour M. Altman, 38 ans, devenu l’an dernier l’un des dirigeants les plus en vue de l’industrie technologique et l’une de ses figures les plus fascinantes”, observe le New York Times. “Une grande partie de l’industrie considère l’IA comme le plus grand bouleversement technologique depuis des générations, et personne n’a autant fait que M. Altman pour susciter l’enthousiasme du grand public”, ajoute le quotidien new-yorkais.

Fondé en 2015 avec le soutien financier de plusieurs titans de la tech – parmi lesquels le fantasque entrepreneur Elon Musk, sorti de l’entreprise en 2018 –, OpenAI “a développé un certain nombre de projets d’IA de pointe dans les années qui ont suivi sa création, mais l’introduction de ChatGPT en novembre 2022 a rapidement fait de l’entreprise l’une des plus importantes du monde”, remarque Wired.

Le succès instantané de la plateforme “a lancé tous les géants de la tech dans une course effrénée pour développer leurs propres outils et applications d’intelligence artificielle générative”, renchérit El País. Et le “charismatique” Sam Altman est devenu, quasiment du jour au lendemain, “la carte de visite d’OpenAI et de ChatGPT”.

“C’est lui qui a donné un visage à l’essor de l’intelligence artificielle”, insiste le quotidien madrilène. “Il était de tous les forums, a été reçu à la Maison-Blanche, s’est présenté devant le Congrès américain” et a endossé les habits d’“ambassadeur de l’IA” lors de ses déplacements à l’étranger.

Carrière prolifique

Mais si Altman est “depuis longtemps un partisan de l’IA”, il est aussi “l’un de ses plus grands critiques”, affirme CNN. Lors d’une audition devant le Congrès américain en mai dernier, “il décrivait l’essor actuel de la technologie comme un moment charnière” dans l’histoire de l’humanité.

L’IA pourrait en effet être l’émule de “l’imprimerie, qui a diffusé largement la connaissance” et contribué à “une plus grande liberté” individuelle, ou ressembler davantage à “la bombe atomique – une énorme avancée technologique, mais dont les conséquences continuent de nous hanter jusqu’à ce jour”, avait-il lancé aux élus américains.

Le Temps rappelle qu’avant de créer OpenAI, Altman “avait déjà une prolifique carrière d’entrepreneur du monde de la tech. Il a notamment créé le réseau social Loopt à l’âge de 19 ans après avoir quitté l’université Stanford”.

L’application “permettait de partager sa localisation en direct avec ses proches. La société a été revendue en 2012 pour la bagatelle de 43 millions de dollars. Il a également présidé Y Combinator, un puissant incubateur de start-up”, précise le titre suisse.

La semaine dernière, Altman avait animé “la toute première conférence d’OpenAI pour les développeurs, au cours de laquelle l’entreprise avait annoncé une série de nouvelles mises à jour majeures, pour rivaliser avec d’autres grandes entreprises technologiques telles que Microsoft et Google”, rapporte The Verge. Une étape majeure dans le développement de l’entreprise, non cotée en Bourse mais valorisée en octobre à quelque 90 milliards de dollars.

Le géant Microsoft, qui a investi 13 milliards de dollars dans la société et en détient aujourd’hui 49 %, a assuré vendredi qu’il restait attaché à son “partenariat, ainsi qu’à Mira [Murati] et à l’équipe”, et qu’il “prévoyait de continuer à travailler en étroite collaboration avec OpenAI”, qui lui fournit “un accès complet à tout ce dont [il a] besoin pour mettre en œuvre [son] programme d’innovation”, selon le New York Times.