Black Friday : une campagne incite à acheter moins, les commerçants prêts à porter plainte

par A. LG avec AFP
Publié le 23 novembre 2023 à 15h31, mis à jour le 24 novembre 2023 à 5h54

Source : TF1 Info

Le dernier spot de l'Ademe, agence de la transition écologique, met en scène sur un ton humoristique un "dévendeur" pour inciter à moins acheter neuf.
Cela ne fait pas rire du tout les commerçants, qui ont réclamé mardi son retrait.
Le ministre de l'Économie a jugé la campagne "maladroite".

A la veille du Black Friday, la campagne de l'Ademe qui met en scène des "dévendeurs" au lieu de vendeurs pour inciter les consommateurs à ne plus acheter de neuf, au profit du recyclé, a été très critiquée par l'Alliance du Commerce, et par l'organisation patronale CPME, qui craignent son effet sur le commerce de fin d'année. Ce jeudi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire l'a à son tour jugée "maladroite", estimant que "n'était pas très sympa" pour les vendeurs, dont elle semble se moquer, "même indirectement". 

"Je crois profondément à la sobriété mais pas en prenant les vendeurs ou les commerces physiques comme cibles, et pas en culpabilisant", a-t-il ajouté sur Franceinfo, jugeant par ailleurs "regrettable" de faire "la promotion indirecte du commerce dématérialisé sur les plateformes". Surtout, a-t-il estimé "avec franchise et sincérité", c'est maladroit "vis-à-vis du commerce, surtout le commerce physique qui se bat et que nous soutenons, particulièrement en centre-ville". 

"Si vous avez besoin que je vous déconseille..."

"Hésitez pas si vous avez besoin que je vous déconseille d'autres achats", peut-on entendre dans le dernier spot de l'agence de la transition écologique, l'un des quatre montrant des acheteurs potentiels d'un polo, d'une ponceuse, d'un lave-linge et d'un téléphone, dissuadés d'acheter au profit de ne rien acheter, de louer, de faire réparer ou d'acheter reconditionné. Ils mettent en scène un "conseiller atypique et pour le moins déroutant qui ne pousse pas à la consommation mais préfère questionner sur leurs besoins réels", et seront diffusés du 14 novembre au 4 décembre, précise un dossier de presse de l'agence de la transition écologique.

"Au démarrage d'une période d'activité essentielle pour l'ensemble du commerce, cette campagne traite de manière inconséquente et injustifiée du secteur du commerce, et en particulier celui de la mode", écrit dans un communiqué l'Alliance du commerce, qui regroupe grands magasins et importantes enseignes de l'habillement et de la chaussure, et représente 27.000 magasins. "Le secteur de la mode traverse ces derniers mois une crise exceptionnelle", souligne l'organisation qui évoque des dizaines de milliers d'emplois supprimés.

"Une véritable gifle aux commerçants"

L'Alliance du Commerce a demandé au ministre le "retrait immédiat" de la campagne, "faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial", ont annoncé l'Alliance du Commerce, l'Union des Industries Textiles (UIT) et l'Union française des industries Mode et Habillement (UFIMH). Dans un communiqué distinct, la CPME, organisation patronale qui fédère 243.000 artisans, TPE, PME et ETI, "demande l'arrêt d'une campagne de communication maladroite et stigmatisante envers les commerçants".

"Une telle campagne à l'approche des fêtes de Noël est une véritable gifle aux commerçants qui subissent l’inflation de plein fouet et s'inquiètent d'une activité économique qui donne des signes de ralentissement", déplore l'organisation. "Stigmatiser le magasin nous paraît particulièrement maladroit alors que le message devrait plus être tourné vers les plateformes telles que Shein ou Temu, qui se taillent aujourd’hui la part du lion, malgré l’absence de respect des règles sociales, écologiques, déontologiques, qui sont les nôtres", s'est alerté séparément Olivier Ducatillon, président de l'Union des industries textiles. 

"Cette campagne sur la sobriété, ce n’est pas dire 'acheter, c’est mal'. C'est dire, 'acheter, ce n’est pas la seule solution'," a écrit sur X Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, en relayant l'un des spots.

Contactée mardi par l'AFP, l'Ademe assume, et répond par la voix de son président, Sylvain Waserman : "Il n’y a pas plus local que l'emploi qui répare votre machine à laver, ceux qui vous louent une ponceuse dont vous n’avez besoin qu’une fois tous les deux ans ou encore les nombreux commerces qui proposent des produits de seconde main."

Pour rappel, la campagne s'accompagne d'un site recensant des adresses pour louer ou réparer : epargnonsnosressources.gouv.fr.


A. LG avec AFP

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