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"Un Pokémon avec des armes": pourquoi le jeu Palworld cartonne... et irrite

Lancé vendredi 19 janvier, Palworld se présente comme un jeu de capture de créatures et de survie, dans lequel on peut utiliser de véritables armes pour se défendre.

S'il était attendu de longue date par les joueurs, le nouveau jeu de Pocketpair, baptisé Palworld, a su convaincre un public particulièrement large en se vendant à plus de 5 millions d'exemplaires, un peu moins de 72 heures après son lancement.

C'est un véritable carton inespéré pour ce petit studio japonais, et qui s'étend bien au-delà de son lancement sur la plateforme Steam, puisque le titre est aussi proposé dans le Game Pass, ainsi que sur Xbox. Par ailleurs, sur Twitch comme sur les réseaux sociaux, Palworld fait état d'un succès insolent, réunissant chaque jour plusieurs centaines de milliers de spectateurs. Mais derrière ce lancement réussi se cache une énorme controverse.

Palworld: un plagiat de Pokémon?

C'est d'abord sur X (ex-Twitter) que la polémique a vu le jour. Elle provient des fans de la franchise Pokémon. Il faut dire que Palworld multiplie au mieux les références, au pire les éléments qui pourraient facilement être considérés comme du plagiat. Comme au sein du jeu de The Pokémon Company, l'idée est d'attraper des Pals, des créatures au design parfois étonnant, pour ensuite les utiliser dans des combats ou pour de l'artisanat, nécessaire pour la survie du joueur qui peut ensuite être libre d'explorer l'univers qui s'offre à lui.

Palworld
Palworld © Pocketpair

Probablement un peu jaloux du succès de Palworld, mais aussi de ces similitudes, qui vont jusqu'au design de certaines créatures, les fans de Pokémon ont donc enclenché une véritable guerre des tranchés avec ceux qui préfèrent plutôt s'amuser sur le titre de Pocketpair. Comparaisons entre les Pokémon et les Pals, insultes en règle, et autres débats parfois agressifs... Le succès de Palworld est donc à la fois dû à un engouement certain et réel, mais aussi en raison de sa proximité assumée avec Pokémon.

Un simple jeu de survie

En mettant de côté les éléments graphiques, les deux jeux n'ont pas grand-chose à voir dans leur fonctionnement. Car Palworld n'est, contrairement à son illustre aîné, pas un jeu de rôle. La composante de capture n'est qu'accessoire face au genre qu'il représente vraiment, à savoir le jeu de survie. Il faut donc construire, récolter des matériaux, et se battre à grand renfort de mitraillettes et de lance-roquettes installé sur le dos ou dans les mains de ses Pals devenus esclaves.

The Pokémon Company peut-elle néanmoins porter plainte ? La question peut paraître légitime - surtout pour les fans de Pokémon qui crient au plagiat - mais il est bien difficile d'y répondre. Rami Ismail, consultant bien connu du jeu vidéo, s'est exprimé sur le sujet, avouant son scepticisme: "Je ne considère pas Palworld comme un clone de Pokémon, mais je n'aime pas du tout la proximité des Pals avec les Pokémon. Par ailleurs, je n'ai rien vu qui suggérerait que les développeurs aient utilisé de l'intelligence artificielle [pour réimaginer les Pals à partir des Pokémon]. Je vois des raisons valables pour Nintendo de créer un précédent, mais je ne vois pas pourquoi ils prendraient ce risque."

Une remise en question de The Pokémon Company?

Le débat en cours aura néanmoins donné plusieurs idées aux créateurs de contenus, avec l'apparition d'un "mod" permettant d'ajouter des Pokémon bien réels dans Palworld, ainsi que de transformer son personnage en Sasha, héros de la saga phare de Nintendo.

Au-delà du débat concernant l'éventualité d'un plagiat, le succès de Palworld est probablement, aussi, lié à la situation des jeux Pokémon, critiqués pour leur manque d'innovation. Peut-être faut-il voir dans les 5 millions de ventes du titre de Pocketpair un moyen de tirer quelques enseignements pour les japonais The Pokémon Company.

Enfin, si The Pokémon Company s'est tenu au silence depuis la sortie de Palworld, l'immense succès du jeu, et le fait qu'il met en scène des créatures rappelant les siennes ayant comme outils des armes bien réelles, pourrait peut-être les pousser à réagir. Tech&Co a pris soin de contacter l'entreprise (dont Nintendo est l'actionnaire majoritaire), elle n'a pas souhaité faire de commentaires.

Sylvain Trinel