Les guerres de l’époque sont le miroir d’une scène internationale morcelée, divisée, antagoniste – et donc largement impuissante. Qu’il s’agisse du conflit russo-ukrainien ou de celui qui oppose Israël au mouvement palestinien Hamas, le constat est le même : il n’y a pas de « communauté internationale » susceptible de favoriser ou d’imposer un règlement.
Les massacres perpétrés le 7 octobre dans le sud d’Israël auraient dû être unanimement dénoncés, du sud au nord, d’est en ouest. On aurait pu s’attendre à un front uni dans la condamnation de la part de grandes puissances qui, toutes, entretiennent les meilleures relations avec I’Etat hébreu. Du moins si l’on accepte que l’événement relève d’un traumatisme comparable à celui provoqué par les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Cette dernière lecture a été celle des pays occidentaux qui ont condamné l’opération du Hamas.
Ailleurs – Asie, Afrique, Amérique latine –, l’interprétation a souvent été différente. Dans une atmosphère de relativisme absolu, le 7 octobre a été relégué au rang du terrorisme dont le Moyen-Orient est coutumier : comme chacun sait, les terroristes des uns sont les résistants des autres… Puis est venue la riposte israélienne, sur fond d’embargo sur l’eau, l’électricité, le fuel et sans porte de sortie pour les Gazaouis. La férocité des bombardements et les victimes civiles par milliers ont vite occulté ou minoré la spécificité des événements du 7 octobre.
Mais avant même l’intervention israélienne, la Chine de Xi Jinping et la Russie de Vladimir Poutine n’ont pas explicitement dénoncé l’attaque du Hamas. Ces deux pays ont de très bonnes relations avec I’Etat hébreu, mais aussi avec l’ensemble du monde arabe et avec l’Iran.
« Niveau de haine inégalé »
A plus d’un titre, Chinois et Russes étaient bien placés pour exercer une forme de médiation. Leur choix a été autre : solidarité affichée avec les Palestiniens et critique des Israéliens, enfin dénonciation de la politique des Etats-Unis dans la région. Impossible de s’entendre sur un point de départ commun, en l’espèce, une condamnation. La seule menace du veto de l’un ou des autres a paralysé le Conseil de sécurité de l’ONU. Pourquoi ?
Signataires d’une déclaration d’« amitié sans limites », conclue le 4 février 2022 à Pékin, quelques semaines avant l’assaut russe sur Kiev, Chinois et Russes entretiennent un dessein politico-idéologique commun : dénoncer l’« hégémonie » américaine (ou occidentale) sur le système international hérité de 1945. L’ambition est d’affaiblir les Etats-Unis et d’infléchir ledit système dans un sens plus favorable aux intérêts de Moscou et de Pékin.
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