« J’ai très peur de ne rien avoir » ; « Que se passera-t-il si tout le monde me refuse ? » ; « Je crains de ne pas être acceptée dans les formations que je veux ». Interroger les élèves de terminale sur leurs choix de vœux sur Parcoursup, comme Le Monde l’a fait en se rendant à un salon d’orientation et avec un appel à témoignages, à quelques jours du début de la saisie des vœux, le 18 janvier, c’est se heurter à une somme d’angoisses. A cette crainte de l’échec, à la pression de choisir sa voie, sans toujours maîtriser les clés de l’exercice.
Si l’on se réfère aux chiffres, tout va (à peu près) bien : 93 % des bacheliers ayant formulé des vœux sur la plate-forme d’admission postbac ont reçu au moins une proposition d’admission en 2022. Mais cette statistique ne dit pas tout : ce système pousse les plus aguerris à élaborer des stratégies de plus en plus tôt et génère une incompréhension, voire une insatisfaction quant aux formations décrochées au bout du processus.
Dans l’esprit des jeunes et de leurs parents, Parcoursup apparaît parfois comme un ogre qui va dévorer leurs projets d’orientation. Sur 936 000 candidats – dont 622 000 lycéens – en 2022, un total de 182 000 candidats n’ont finalement intégré aucune formation présente sur la plate-forme, faute d’y avoir trouvé un projet convaincant. Pour le ministère de l’enseignement supérieur, ceux-là « ont pu poursuivre d’autres projets d’insertion dans la vie active, de formation hors Parcoursup ou d’études à l’étranger ».
Les lycéens ne sont, par ailleurs, pas sûrs d’être admis dans leur filière de prédilection, même s’ils ont de bons résultats scolaires. Pour pallier les désillusions, ils ont tendance à formuler davantage de vœux d’année en année : 13 en moyenne en 2022, contre un peu plus de 7 quatre ans plus tôt. L’offre s’est étoffée, il est vrai. La plate-forme compte désormais plus de 21 000 formations publiques et privées. « Parcoursup, on en entend parler depuis la 3e. Et le mot qui revient sans cesse quand on en parle entre nous, c’est “aléatoire” », relate Ylias (la plupart des lycéens interrogés souhaitent rester anonymes), en classe de 1re dans l’académie de Créteil.
Elaborer des « plans A » et des « plans B »
La sélection de fait qui s’est mise en place à l’entrée de l’université renforce les angoisses et la nécessité d’élaborer des « plans A » et des « plans B ». « Cela fait près d’une dizaine d’années que je suis passionné par la médecine. Comme il s’agit d’une filière très demandée, j’ai réfléchi à des plans de secours avec des filières moins sélectives, telles que des licences, en sciences de la vie et de la Terre, par exemple », confie Arthur, en terminale à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).
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