pouvoir d’achatLe mouvement social peut-il se relancer sur les salaires ?

Grève du 13 octobre : Six mois après les retraites, le mouvement social peut-il rebondir ?

pouvoir d’achatPlus de six mois après l’adoption de la réforme des retraites, les syndicats appellent à manifester vendredi pour défendre notamment le pouvoir d’achat
 Marylise Léon (CFDT) et Sophie Binet (CGT) lors des manifestations contre la réforme des retraites.
Marylise Léon (CFDT) et Sophie Binet (CGT) lors des manifestations contre la réforme des retraites.  - Thomas Samson /  / AFP
Thibaut Le Gal

T.L.G.

L'essentiel

  • L’intersyndicale et plusieurs organisations de jeunesse appellent à la grève ce vendredi 13 octobre, « contre l’austérité et pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femmes-hommes ».
  • Plus de six mois après l’adoption de la réforme des retraites, les syndicats espèrent relancer la mobilisation dans la rue sur le sujet du pouvoir d’achat.
  • Un défi de taille, car « ce type de journée isolée, qui ne s’inscrit pas dans un mouvement social, ne fait généralement pas recette », remarque Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux.

Un nouveau round dans la rue. Plus de six mois après l’adoption de la réforme des retraites, les syndicats appellent à la grève ce vendredi 13 octobre pour défendre le pouvoir d’achat. CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et FSU, avec plusieurs organisations de jeunesse, espèrent mobiliser les Français « contre l’austérité et pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femmes-hommes ».

Trois jours avant la conférence sociale promise par le gouvernement, les responsables syndicaux espèrent ainsi entretenir les couleurs retrouvées sur l’année écoulée. Mais le combat pour les salaires peut-il vraiment relancer la mobilisation sociale ?

Des motifs d’espoir pour les syndicats

Dans la continuité des manifestations contre la réforme des retraites, les syndicats avancent dans cette nouvelle lutte de manière commune. « Une des graines plantées lors de cette mobilisation est celle de l’unité. Ça modifie les négociations avec le patronat et avec le gouvernement. Ils ne peuvent plus choisir leurs interlocuteurs comme ça les arrange, puisqu’on fait front commun », assurait Sophie Binet dimanche dans la Tribune. La nouvelle secrétaire générale de la CGT donnait d’ailleurs cet entretien en compagnie de… Marylise Léon, la nouvelle patronne de la CFDT. Une preuve de l’entente cordiale entre les deux forces syndicales.

« On n’est pas d’accord sur tout, mais on est dans la continuité des retraites, abonde Diego Melchior, secrétaire général CFDT Ile-de-France. La précédente mobilisation a créé un ciment commun, on a appris à se connaître aussi. C’est positif de travailler ensemble sur des sujets précis comme le pouvoir d’achat », ajoute le membre du bureau national. Le dernier combat, malgré son échec, a permis aux syndicats de se replacer au centre du jeu politique. « Il y a une dynamique positive. Le bon exemple à donner est sur Agirc-Arrco [avec la revalorisation des pensions du privé]. C’était pas gagné, mais le patronat va signer l’accord », poursuit-il, alors qu’il est vivement critiqué par le gouvernement. Pour illustrer un peu plus leur unité, les partenaires sociaux donneront d’ailleurs une conférence de presse commune, vendredi matin, au siège de Force ouvrière, à Paris.

« Ce type de journée isolée ne fait pas recette »

Mais malgré une inflation toujours importante (4,9 % en septembre), qui pourrait pousser les Français à battre le pavé, la réussite de la mobilisation de ce vendredi est loin d’être certaine. « Ce type de journée isolée, avec pas grand-chose avant et rien de prévu après, qui ne s’inscrit pas dans un mouvement social contre un motif précis, comme un texte de loi, ne fait généralement pas recette », relativise Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux. « La retraite était un sujet qui parlait à tout le monde, mais il me semble plus difficile de construire une mobilisation nationale sur les salaires, qui se jouent souvent à l’échelle plus locale, dans les entreprises », ajoute le spécialiste.

« On sera très loin des pics à 1 million de manifestants qu’on a connus sur les retraites. Je crains pour les syndicats que cette journée ressemble plus une démonstration de faiblesse que de force », poursuit Stéphane Sirot. Et du côté des syndicats, l’optimiste reste également mesuré. « Ça ne sera pas du niveau des retraites, il faut être lucide, surtout quand on a déjà eu 14 journées de mobilisation dans l’année…, souffle Diego Melchior. Mais le mot d’ordre est rassembleur, c’est une journée organisée dans un cadre européen, donc la participation sera honnête ». Malgré les doutes sur l’ampleur de la mobilisation, Sophie Binet a déjà indiqué vouloir faire de cette journée un « tremplin » avant le lancement de la conférence sociale, lundi prochain, à l’invitation d’Elisabeth Borne.

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