Sommet historique à trois aux Etats-Unis avec le Japon et Corée du Sud

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L'ombre de la Chine pèse sur le sommet de Camp David qui débute ce vendredi. Elle porte suffisamment pour que la Japon et la Corée du Sud oublient toutes affaires cessantes leurs rancoeurs et rivalité.

Aujourd’hui se tient à Camp David un sommet Etats-Unis / Japon / Corée du Sud…

Un sommet vraiment historique. Ce ne pas pour rien que Joe Biden a invité les deux leaders asiatiques dans la résidence d’été des présidents étasuniens : c’est là qu’ont été signés en 1978 les fameux accords de paix de Camp David entre Israël et l’Égypte.

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Il faut comprendre que réunir le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le Président sud-coréen Yoon Suk Yéol dans une même pièce était inenvisageable il y a encore deux ans ! Les relations entre les deux pays étaient exécrables.

Pourtant, sur le papier tout semble les rapprocher : le Japon et la Corée du Sud sont des alliés fidèles des Etats-Unis, leurs économies sont florissantes et complémentaires, leurs régimes ; démocratiques et ils partagent la même ère géographique et culturelle.

Mais alors, comment expliquer cette mésentente ?

L’Histoire ! Elle pèse très lourd entre la Corée et le Japon, comme elle a pesé sur notre rapport avec l’Allemagne. Je fais à dessein la comparaison, parce que le Japon a beaucoup à se faire pardonner : il a colonisé toute la péninsule coréenne entre 1910 et 1945.

Or si l’Allemagne et la France ont trouvé le chemin de la réconciliation, ce n’est pas le cas entre le Japon et la Corée du Sud. Les Coréens attendent des excuses formelles et des compensations pour les exactions japonaises commises pendant la période coloniale.

Or, les Japonais considèrent que les questions financières ont été réglées dans les années 60, à l’occasion du rétablissement de leurs relations diplomatiques. Quant aux excuses, ils estiment avoir été assez loin en admettant plusieurs fois leur responsabilité.

Et aujourd’hui, qu’est-ce qui les rapproche soudainement ?

La Chine, bien sûr et sa conscience millénaire d’être un empire du Milieu n’ayant dans son étranger proche que des vassaux ! La Chine qui veut contrôler les routes de son énorme commerce extérieur et refuse que les Etats-Unis en assurent la sécurité.

Jusqu’à présent, Pékin pouvait compter sur la rivalité entre Séoul et Tokyo pour tenter d’affaiblir la position américaine. Puis il y a eu le retour, en février 2022, de la guerre de haute intensité entre l’Ukraine et la Russie, allié de la Chine.

Tout le monde dans la région s’est alors aperçu que la Chine avait aussi son Ukraine en Asie : Taïwan et l’armée populaire chinoise était bâti sur le modèle de l’armée rouge, puis russe. Dans le même temps, la marine chinoise est devenue la première au monde.

C’est aussi une victoire pour les Etats-Unis, ce sommet ?

Bien sûr ! Ils ont été aidés par l’étonnant courage politique du président conservateur coréen Yoon : il a tout fait pour se rapprocher du Japon, effectuant même la première visite d’Etat d’un Président coréen depuis 2011. Mais Joe Biden est à son meilleur !

C’est un homme de la Guerre froide, peut être un des derniers à accorder une telle importance aux alliés traditionnels des Etats-Unis : Europe + Turquie et Japon + Corée du Sud. Deux piliers de fondation sur lesquels reposent leur influence mondiale.

Jusqu’à il y a peu, il avait aussi un pilier moyen-oriental qui a du mal à résister aux défaites humiliantes d’Irak et d’Afghanistan.

Raison de plus pour ne pas commettre les mêmes erreurs : entre le Japon et la Corée du Sud, les Etats-Unis jouent les facilitateurs… comme en 1978, à Camp David, entre Israël et l’Égypte.

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