Jean Lassalle visé par une enquête préliminaire pour viol et agressions sexuelles

Lors de son dernier mandat, une de ses collègues le décrivait comme le "député le plus gluant" de l’Assemblée nationale. Pointé du doigt pour ses comportements déplacés à l’égard des femmes, Jean Lassalle avait pris l’habitude de se défendre en indiquant qu’aucune plainte n’avait jamais été déposée contre lui. C’est désormais chose faite.

Selon nos informations, le parquet de Bordeaux a ouvert, début mai, une enquête préliminaire pour des faits de viol et d’agressions sexuelles susceptibles d’être reprochés à l’ancien candidat à l’élection présidentielle.

Des faits qui remonteraient à 2010

Confiées à la police judiciaire de Bordeaux, les investigations font suite au dépôt de plainte d’une femme aujourd’hui âgée de 45 ans. Sophia* assure avoir été violée par Jean Lassalle au début de l’année 2010.

À l’époque, tout a commencé par un problème dans l’école de sa fille. "J’étais très perturbée. Il fallait que je la change d’école", confie-t-elle à BFMTV. "Nous étions en pleine campagne pour les élections régionales. J’ai pensé que les candidats pouvaient m’aider".

Ni Xavier Darcos ni Alain Rousset ne répondent à son appel. Mais Jean Lassalle, si. De fil en aiguille, la jeune femme se retrouve embarquée dans la campagne du berger des Pyrénées. Jusqu’au soir où il lui téléphone directement.

"Il me demande de le rejoindre dans un grand hôtel de Bordeaux. J’y vais avec mes affiches et mon pot de colle en pensant qu’il s’agit d’une réunion de l’équipe", raconte-t-elle à BFMTV.

"Je ne savais plus quoi faire"

Mais, à son arrivée, elle se retrouve seule avec le candidat dans une chambre. "Là, il commence par me parler de la campagne, du dossier de la ligne à grande vitesse", poursuit Sophia.

"Il m’a embrassé deux fois. Je l’ai repoussé. Je lui ai même dit que je pouvais appeler quelqu’un d’autre s’il voulait", explique la jeune femme.

Mais d’après son récit, le candidat aux régionales refuse et continue de "l’assaillir". "À ce moment-là, je ne savais plus quoi faire. Je lui ai dit que j’étais enceinte, ce qui était le cas. Mais il ne m’a pas cru. Et puis voilà...", lâche-t-elle faisant allusion au viol qu'elle dit avoir subi.

Âgée à l’époque d’une trentaine d’années, la jeune femme quitte l’hôtel au petit matin. Elle ne dit rien à son mari, par peur. Mais s’épanche rapidement auprès d’amis. Des proches qui doivent d’ailleurs être auditionnés dans les tout prochains jours par les enquêteurs de la police judiciaire de Bordeaux en charge du dossier. Traumatisée par l’épisode, Sophia ne coupe pas, pour autant, les ponts avec le candidat.

"À l’époque, j’étais très perturbée par le problème de ma fille dans son école. J’étais sous traitement médicamenteux".

"Faire en sorte qu’il ne fasse pas d’autres victimes"

Alors que la campagne électorale touche à sa fin, elle accepte ainsi de participer à un repas avec toute l’équipe. Il faudra finalement plus d’une décennie à Sophia pour se décider à porter plainte.

"Je me suis rendu compte que j’étais mal depuis douze ans à cause de ça. Cela m’a même conduit à faire une tentative de suicide. Et puis, récemment, j’ai décidé de changer de vie. J’ai voulu porter plainte pour dénoncer les faits, faire en sorte qu’il ne fasse pas d’autres victimes et refermer cette parenthèse", explique-t-elle.

Sollicité par BFMTV, le parquet de Bordeaux a simplement confirmé que les investigations se poursuivaient afin de faire toute la lumière sur ce dossier. Selon nos informations, Jean Lassalle, qui participe en ce moment, à une émission de télé-réalité pour la chaîne M6, pourrait être convoqué dans les prochaines semaines pour être entendu, éventuellement sous la forme d’une audition libre. Contacté par BFMTV, ni lui, ni sa directrice de cabinet n’ont souhaité répondre à nos questions.

* Le prénom a été modifié