Le Service national universel (SNU) deviendra-t-il oui ou non obligatoire ? Prisca Thevenot a déclaré mardi 19 septembre lors d’une interview qu’elle souhaitait tendre vers « une obligation » du SNU, « qui sera une généralisation ». La secrétaire d’État à la jeunesse a assuré que le SNU avait vocation à devenir « un passage républicain pour toute une génération », sans toutefois préciser « les modalités de cette généralisation ».

Début août, Prisca Thevenot avait pourtant affirmé le contraire, estimant qu’une obligation du SNU serait « contre-productive ». Depuis son lancement en 2019, le gouvernement n’a cessé de faire des allers-retours sur le statut de ce programme destiné aux jeunes, décrié par une partie de l’opposition et de la jeunesse pour ses similitudes avec le service militaire, son coût et la logistique qu’il suppose.

Naissance du SNU

L’idée d’un programme destiné à « recréer le socle d’un creuset républicain » et à « impliquer la jeunesse française dans la vie de la Nation » figurait parmi les promesses de campagne d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. La création de ce service national universel, prévu comme un complément de l’actuelle journée de défense et citoyenneté, est confirmée lors des vœux du président nouvellement élu aux armées, en janvier 2018.

Le premier ministre d’alors, Édouard Philippe, en révèle les grandes lignes quelques mois plus tard : le SNU durera un mois pour tous les jeunes de 16 ans. Nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, c’est Gabriel Attal qui est chargé de déployer ce programme à partir de février 2019. La formule retenue s’adresse finalement aux jeunes de nationalité française âgés de 15 à 17 ans et s’articule en plusieurs phases : un séjour de cohésion de deux semaines dans un autre département, suivi d’une mission d’intérêt général de 84 heures puis d’une période d’engagement volontaire facultative.

Cadre juridique d’obligation

Au terme de deux phases d’expérimentation dans 13 départements volontaires, le gouvernement annonce à la rentrée 2019 que le SNU sera pérennisé et rendu obligatoire. Pour ce faire, le gouvernement doit toutefois modifier la Constitution. Il propose ainsi un projet de loi constitutionnelle « pour un renouveau de la vie démocratique », présenté en conseil des ministres en août 2019. Ce texte prévoit entre autres « la mise en œuvre du service national afin de renforcer l’engagement de nos concitoyens les plus jeunes dans la vie de la cité ». Jamais débattu au Parlement, ce projet de loi a été abandonné depuis.

Mise de côté durant la pandémie, la question de l’obligation du SNU est de nouveau posée en mars 2023. L’hebdomadaire Politis affirme alors qu’Emmanuel Macron souhaite le rendre « progressivement obligatoire ». Cette hypothèse suscite l’indignation de l’opposition. Le caractère obligatoire de ce programme aux allures de service militaire n’a pourtant jamais été un secret puisqu’il figurait dans la proposition de campagne du candidat En Marche ! à l’époque.

Revirement de l’exécutif

Le président est toutefois revenu sur cette idée, estimant en avril dernier : « Je pense qu’on ne peut pas le rendre obligatoire dans tout le pays du jour au lendemain ». Une position confirmée par l’ex-secrétaire d’État à la jeunesse Sarah El Haïry un mois plus tard, qui affirmait qu’« à aucun moment le président de la République n’a dit, n’a exprimé l’idée que ce (serait) obligatoire ». En juin, celle-ci avait annoncé que le SNU se présenterait sous la forme d’un stage de 12 jours sur le temps scolaire pour tous les lycéens volontaires.

La déclaration de Prisca Thevenot constitue donc un nouveau revirement de l’exécutif sur la question, qui témoigne de l’ambiguïté qui entoure ce programme. Vivement critiqué par les mouvements de jeunesse pendant la réforme des retraites et décrié par une partie de l’opposition, le SNU, dont le déploiement a été ralenti par la crise du Covid-19, n’a pas convaincu autant de jeunes qu’espéré. Ce stage de cohésion avait recensé 2 000 volontaires en 2019, 15 000 en 2021, et 32 000 en 2022 alors que son objectif annoncé est d’en accueillir 50 000 par an.