Le président américain Joe Biden, avec le Premier ministre australien Anthony Albanese et le Premier ministre britannique Rishi Sunak, sur la base navale Point Loma à San Diego, en Californie.

Le président américain Joe Biden, avec le Premier ministre australien Anthony Albanese et le Premier ministre britannique Rishi Sunak, sur la base navale Point Loma à San Diego, en Californie.

afp.com/Jim WATSON

C’est le "plus grand investissement" de l’histoire de l’Australie, selon les termes du Premier ministre, Anthony Albanese. Lundi 13 mars, le pays a signé un partenariat historique au sein d’alliance militaire tripartite "AUKUS", aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni, visant à remplacer sa flotte de submersibles propulsés au diesel par des navires à propulsion nucléaire. Ce remplacement se fera d’abord par l’achat de bâtiments américains, puis par la production sur le territoire australien d’un nouveau type de sous-marin, conçu conjointement par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Ces derniers, livrés à partir de 2030, devraient "soutenir l’économie australienne pendant des décennies", et créer "environ 20 000 emplois directs" dans le pays, selon le dirigeant.

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Quel est le but du partenariat ?

"Chaque nation a une justification légèrement différente sur le pourquoi de l’accord AUKUS, mais sur le fond, on en revient toujours à la Chine", a expliqué Charles Edel, conseiller principal du cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies. Les Etats-Unis voient le pays comme leur principal concurrent et cherchent à la dissuader d’entreprendre des actions militaires, surtout à l’égard de l’île de Taïwan - que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire. Selon des responsables américains, la Chine veut que son armée soit prête à prendre Taïwan, si nécessaire par la force, d’ici à 2027.

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Bien que la Chine n’ait été directement mentionnée lors de la réunion publique, le but de l’accord est clairement de "contrer son expansion militaire" dans la zone indo-pacifique, assure la BBC. Dans un aparté aux journalistes peu de temps après, Joe Biden a déclaré qu’il "ne craignait pas que la Chine considère qu’AUKUS est agressif", ajoutant qu’il parlerait "bientôt" avec le président Xi Jinping, rapporte le journal chinois en anglais South China Morning Post. De son côté, Pékin a critiqué l’accord, avertissant qu’AUKUS risquait de relancer une course aux armements. Tout comme Moscou qui a accusé mardi les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni d'orchestrer "des années de confrontation" en Asie, en lançant leur alliance sur les sous-marins nucléaires.

Pourquoi c’est historique ?

"Pour la première fois en 65 ans", les États-Unis partageront la technologie au cœur de leurs sous-marins nucléaires, permettant à l’Australie de construire de puissantes machines de guerre qui deviendront des flottes capables d’affronter les sous-marins chinois dans le sud de la Mer de Chine, a déclaré le président américain Joe Biden. Les États-Unis n’avaient jusqu’ici "partagé la technologie des sous-marins à propulsion nucléaire qu’avec la Grande-Bretagne, dans le cadre d’un accord de défense signé en 1958", en plein cœur de la Guerre froide, souligne le New York Times.

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"Cela lie le Royaume-Uni, une puissance européenne, à l’Australie, une puissance du Pacifique, les États-Unis étant le ciment de ce nouveau partenariat", a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. "Et c’est un encouragement plus large du président américain pour que les alliés européens s’engagent davantage en Asie, et que les alliés asiatiques comme le Japon et la Corée s’impliquent davantage en Europe", a-t-il ajouté. La naissance du partenariat AUKUS a été suivie de 18 mois de consultations, dont les dirigeants australiens, britanniques et américains ont annoncé la conclusion lundi sur une base navale californienne.

sous marins

Les sous-marins nucléaires dans le monde.

© / AFP

Pourquoi cela représente un effort pour l’Australie ?

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Pour l’Australie, passer de l’actuelle classe "Collins" de sous-marins à la classe "Virginia" ne sera pas anodin : certaines versions des nouveaux sous-marins sont presque deux fois plus grosses et requièrent deux fois plus de marins. Le Premier Ministre australien, Anthony Albanese, a ainsi annoncé que la facture s’élèverait entre 268 et 368 milliards de dollars australiens (entre 166 et 228 milliards d’euros) au cours des 30 prochaines années.

Plus furtifs et à la portée opérationnelle plus importante, ces nouveaux engins ne seront cependant "pas armés" de missiles à têtes nucléaires, a précisé Joe Biden, soucieux de répondre aux accusations de prolifération faites par la Chine. L’Australie ne disposant pas davantage de nucléaire civil, les sous-marins seront livrés déjà chargés en combustible, et ses partenaires se chargeront des déchets occasionnés. Au total, l’Australie devrait se procurer trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe "Virginia", avec une option sur deux engins supplémentaires.

La conclusion de l’alliance Aukus, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu en 2021 à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la "trahison".


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