"On a des crampes au ventre": une personne sur deux en précarité alimentaire ne demande pas d'aide
Le Credoc, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, s'est penché, dans une étude dévoilée par RMC ce jeudi, sur ces Français qui sont de plus en plus nombreux à ne pas manger à leur faim. À cause de l'inflation, certains renoncent à bien manger et se privent. Souvent, ils ne parviennent pas à demander de l'aide, par honte.
Les Français adoptent des stratégies de "survie"
D'après cette étude, une personne sur deux (52%) en situation de précarité alimentaire se débrouille sans recours à l'aide alimentaire. Si certains affirment avoir honte de se présenter à une distribution de repas ou dans une épicerie solidaire, 35% des répondants assurent ne pas avoir droit à des aides. Les plus modestes mutliplient donc les solutions pour manger: supermarché, hardiscount, invendus...
Mais les personnes en situation de précarité alimentaire adoptent aussi des stratégies de survie pour faire face au manque de nourriture: consommer des aliments moins appréciés et donc moins chers (46%) et/ou réduire la taille des repas/sauter des repas (49%). Ces deux options sont utilisées presque chaque mois pour la moitié des répondants précaires. Certains parents affirment également réduire leur portion au profit des enfants (soit 39% des répondants).
"Ce n'est pas évident de demander de l'aide"
Au micro de RMC, Halima et son compagnon avouent s’infliger un régime forcé depuis plusieurs mois, faute d’argent. Une fois par semaine, ils sautent le repas du soir: “Soit on mange du pain, ou du yaourt, soit on ne mange rien. Avec l’inflation, malheureusement le soir, on a quelques crampes au ventre”.
Fatima, maman de cinq enfants, a recours aux mêmes techniques. Pour “survivre”, elle a dû supprimer le goûter. “On a avancé l’heure du repas le soir pour qu’ils ne ressentent pas la faim”, explique-t-elle.
Enfin, Estelle, elle, n’ose pas demander de l’aide, par pudeur. “C’est une catastrophe, mais ce n'est pas évident de demander de l’aide. Et je pense qu’il y a des gens plus pauvres que moi…”, concède-t-elle.
Les personnes en situation de précarité alimentaire, comme Halima, Fatima ou Estelle, mettent en œuvre un vaste panel de systèmes de débrouille pour pallier l’insuffisance de leur approvisionnement, sans que cela ne permette nécessairement de leur assurer une quantité et une qualité satisfaisante de nourriture. Les conséquences sanitaires et sociales de cette dégradation en font une question politique de premier plan, dans un contexte inflationniste inédit depuis les années 1980.