L’explosion d’un dépôt de carburant a fait plus de 200 blessés dans le Haut-Karabakh, ont annoncé, lundi 25 septembre au soir, les autorités séparatistes de cette enclave reconquise la semaine dernière par l’Azerbaïdjan. « La majorité sont dans un état grave ou très grave », a déclaré le chargé des droits de l’homme de la république autoproclamée, Gegham Stepanyan, sur les réseaux sociaux, demandant une assistance extérieure. « Les possibilités médicales [du Haut-Karabakh] sont insuffisantes. Il faut que des avions médicalisés atterrissent au plus vite pour sauver des vies », a ajouté ce responsable.
Cette explosion est survenue alors que nombre d’habitants ont pris la route de l’exode depuis la victoire éclair de l’Azerbaïdjan dans cette région en majorité peuplée d’Arméniens. Rattaché en 1921 à l’Azerbaïdjan par l’URSS, le Haut-Karabakh échappait de facto au pouvoir de Bakou depuis une guerre au tournant des années 1990. Ce petit territoire montagneux compte quelque 120 000 habitants.
Lundi, d’immenses embouteillages étaient signalés sur l’unique route reliant la capitale du Haut-Karabakh, Stepanakert, à l’Arménie. Dans la ville arménienne de Goris, le centre humanitaire installé dans les locaux du théâtre municipal ne désemplissait pas, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Au total, selon le dernier bilan du gouvernement arménien, ce sont 6 650 personnes « déplacées de force » de cette enclave qui sont entrées depuis dimanche en Arménie, ne semblant pas croire les promesses du président azerbaïdjanais.
Ilham Aliev a réaffirmé lundi que les droits des Arméniens qui resteront dans la région seraient « garantis ». Toutes les personnes y vivant, « quelle que soit leur ethnie, sont des citoyens de l’Azerbaïdjan », a déclaré M. Aliev pendant une conférence de presse commune avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, au Nakhitchevan, une bande de terre nichée entre l’Arménie et l’Iran et rattachée à l’Azerbaïdjan en 1923. M. Erdogan joue un rôle majeur dans cette partie du Caucase. « Nous espérons que l’Arménie saisira la main pacifique qui lui est tendue », a-t-il lancé.
La Russie sur la défensive
La Russie, qui voit, elle, le Caucase comme son pré carré et a déployé il y a trois ans une force de maintien de la paix dans ce territoire disputé, a fermement rejeté lundi les critiques émises la veille par le premier ministre arménien, Nikol Pachinian. « Nous sommes catégoriquement contre les tentatives de faire porter une responsabilité sur la partie russe et les forces russes de maintien de la paix », a ainsi martelé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, repoussant tout « reproche » sur des manquements supposés.
La diplomatie russe est allée jusqu’à accuser l’Arménie, « otage des jeux géopolitiques de l’Occident », de chercher à « détruire » les relations bilatérales. « Nous sommes convaincus que les autorités arméniennes font une énorme erreur en cherchant sciemment à détruire les liens russo-arméniens, qui possèdent de multiples facettes et ont été fondés il y a des siècles, et en faisant de son pays un otage des jeux géopolitiques de l’Occident », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
A Erevan, comme tous les soirs depuis une semaine, des manifestants ont dénoncé l’inaction, selon eux, de M. Pachinian face à l’attaque de l’Azerbaïdjan. Ils étaient plusieurs milliers, lundi soir, à agiter le drapeau des séparatistes arméniens du Haut-Karabakh sur la place centrale de la capitale arménienne.
Les Etats-Unis ont pour leur part estimé lundi soir que les événements avaient démontré que la Russie n’était pas un « partenaire de sécurité fiable ». Le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, a fait part de « l’inquiétude profonde » des Etats-Unis concernant le sort des habitants arméniens du Haut-Karabakh. Il a évoqué des « discussions actives » sur l’envoi d’une « mission internationale » visant à « assurer la transparence, [à] rassurer et [à] donner confiance aux habitants » de la région.
L’UE reçoit des représentants arméniens et azerbaïdjanais
L’Union européenne (UE) devait de son côté recevoir mardi à Bruxelles de hauts représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais seront ensuite attendus à une réunion de la Communauté politique européenne, qui regroupe une cinquantaine de pays européens, le 5 octobre à Grenade, dans le sud de l’Espagne.
L’Azerbaïdjan a annoncé lundi que deux de ses soldats avaient été tués la veille par l’explosion d’une mine. Côté arménien, le bilan annoncé est de 200 morts dans les affrontements de la semaine dernière.
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