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Missak Manouchian, poète et communiste atypique, entre au Panthéon

Le chef des résistants de l’Affiche rouge, souvent présenté comme un communiste orthodoxe, était avant tout un internationaliste soucieux d’inclure tous les camarades, staliniens ou non, dans la lutte contre le nazisme et le fascisme. Il a été inhumé au Panthéon le 21 février avec Mélinée, son épouse, d’origine arménienne et résistante comme lui.

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Publié le 21 février 2024 à 10h37, modifié le 22 février 2024 à 06h22

Temps de Lecture 5 min.

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Photo de police de Missak Manouchian, au Mémorial de la Shoah, à Paris, le 20 février 2024.

Ouvrier communiste, poète arménien et martyr de la Résistance française : c’est souvent à travers ce triptyque que l’on résume la personnalité de Missak Manouchian (1906-1944). Si les principaux jalons de sa biographie sont connus, l’homme reste par certains aspects insaisissable à ceux qui voudraient l’assigner à une identité. Mort à moins de 40 ans, celui qui par deux fois a demandé la nationalité française aura passé plus de la moitié de sa courte existence en France. Etait-il d’abord un communiste, avant tout un Arménien ou bien plutôt un immigré rêvant de s’intégrer dans la patrie des droits de l’homme ?

Missak Manouchian a 18 ans lorsqu’il débarque à Marseille en septembre 1924. La France a alors massivement recours à la main-d’œuvre étrangère. Le jeune homme, embauché comme menuisier sur les chantiers navals de La Seyne-sur-Mer (Var), n’est pas encore familier du monde ouvrier. Issu de l’Anatolie rurale, il devient un prolétaire sur le sol français après avoir été recueilli et scolarisé dans un orphelinat au Liban, zone d’influence française.

Moins d’un an après son arrivée, Missak fait le choix de rejoindre la capitale. Il se confronte à de nouveaux codes et apprend au contact de ceux qui l’entourent : des ouvriers français et étrangers. Le jeune homme s’ouvre à d’autres histoires que la sienne. L’univers de l’usine constitue une source d’inspiration pour le poète en devenir qu’est Missak. Le statut d’ouvrier rompt aussi la solitude du déraciné. Régulièrement au chômage alors qu’il maîtrise un métier, il fait le choix de ne pas s’établir comme artisan, à l’inverse de la plupart de ses compatriotes réfugiés en France qui optent pour cette voie après la crise des années 1930. Sans doute envisage-t-il l’artisanat comme l’espace du repli sur soi.

La vie en communauté

Tour à tour menuisier, manœuvre, tourneur dans l’industrie, monteur téléphoniste ou cireur de parquet, Missak cherche à assurer sa subsistance. Il veut aussi s’élever intellectuellement. Marqué par l’enseignement de professeurs qui avaient une haute opinion de la culture et des valeurs françaises, une inclinaison répandue parmi les Arméniens de l’Empire ottoman dont l’élite est habitée par les idéaux des Lumières, Missak avait découvert la littérature française à l’orphelinat de Djounieh, au Liban. A Paris, où il fréquente assidûment la bibliothèque Sainte-Geneviève, il parfait sa connaissance des classiques et se passionne aussi pour les auteurs contemporains dont des compagnons de route du PCF.

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