En Espagne, des photos de mineures ont été utilisées par l'IA pour générer des images pornographiques

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En Espagne, des photos de mineures ont été utilisées par l'IA pour générer des images pornographiques

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Reconnaissance faciale
Reconnaissance faciale
© Getty - Fanatic studios/ Gary Waters

De jeunes Espagnoles ont porté plainte collectivement après avoir découvert sur Internet des photos truquées de leur visage : des images générées par une intelligence artificielle posaient leurs traits sur des corps nus. Cette affaire a provoqué une vive émotion dans le pays.

Ce sont 18 plaintes de victimes de photos trafiquées et dénudées qui ont été déposées au même endroit, collectivement, dans la petite ville d'Almendralejo, dans la région de l'Estremadure au sud-ouest de l'Espagne, mais le nombre de victimes pourrait être plus important. Toutes sont mineures et toutes ont découvert leur visage sur la photo d'un corps nu qui n'était pas le leur : des photomontages qui ont tous été réalisés à partir d'une application d'intelligence artificielle, avant d'être diffusés ensuite sur internet.

Plainte collective et "alarme sociale"

C'est à la suite de la découverte de ces images sur plusieurs plateformes différentes que les mères de ces adolescentes ont alerté la police, et décidé de porter ensemble le dossier devant la justice, dans un mouvement que le gouvernement espagnol qualifie aujourd'hui "d'alarme sociale". Sur les réseaux sociaux, certaines de ces mères ont aussi appelé celles qui se trouvaient dans le même cas à rejoindre le mouvement.

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De son côté, la police a déjà identifié plusieurs auteurs de ces clichés repérés depuis juillet dernier sur internet, et a ouvert une enquête pour délit présumé d'atteinte à la vie privée, tandis que la justice hésite à retenir le délit de pédopornographie, lié directement à l'âge des jeunes victimes, la plupart adolescentes. L'Agence espagnole de protection des données (AEPD) a également ouvert une enquête d'office.

Le "cas Almendralejo"

D'après certains parents des jeunes filles, ces photos ont été utilisées de diverses manières pour leur nuire : chantage ou diffusion de ces images sur des plateformes de contenus pornographiques ou le réseau social OnlyFans. Fatima, la mère d'une de ces adolescentes,  interrogée par une radio locale, a affirmé : "Ma fille a été approchée par un inconnu sur Instagram, qui lui a réclamé de l'argent en échange de ces photomontages. On s'est douté que c'était un faux profil." Tous les parents reconnaissent le caractère troublant de ces clichés extrêmement réalistes.

Ces témoignages ont provoqué une vive émotion dans le pays, après ce que la population identifie désormais comme "le cas  Almendralejo". Le procureur supérieur d'Estrémadure, Francisco Javier Montero, a lui-même qualifié d'"alarmante" l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les délits sexuels et mis en place un procédé de suppression de ces images sur le web.

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