2.000 places de prison ont-elles été construites sous le quinquennat de Macron, comme le prétend Eric Ciotti?

Les images de karting dans la prison de Fresnes ont conduit à remettre sur le devant de la scène la question pénitentiaire. Interrogé à ce sujet ce lundi matin, Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a notamment critiqué le faible nombre de création de places en prison ces dernières années. À tort ou à raison?

Pierre Peyret Publié le 22/08/2022 à 12:30, mis à jour le 22/08/2022 à 13:21
Le gouvernement prévoit la création de 15.000 places de prison entre 2017 et 2027. Photo AFP

Qu’a dit Eric Ciotti ?

Interrogé ce lundi matin sur RMC, Eric Ciotti est revenu sur le manque de places de prison. Selon lui, c’est "un problème majeur pour l'exécution des peines".

"Dans le quinquennat précédent, on a très peu construit de places de prison. Emmanuel Macron s’était engagé en 2017 à construire 15.000 places de prison. Il en a été construit 2.000. Soit autant que sous le quinquennat Hollande. Sous Sarkozy, c’était 7.500", détaille-t-il.

Emmanuel Macron avait-il promis 15.000 places en cinq ans?

Eric Ciotti a raison d’affirmer qu’Emmanuel Macron avait promis en 2017 la construction de 15.000 nouvelles places de prison. Il s’agissait effectivement d’une de ces promesses de campagne. Sauf que, dès 2018, la promesse des 15.000 places a pris du plomb dans l’aile. Les cinq ans sont devenus dix ans.

"Les contraintes immobilières mécaniques ont conduit à ce qu’on m’explique que c’était impossible d’en faire 15.000 même durant un quinquennat, qu’on pouvait au maximum en faire 7 000. Dont acte", s’était alors justifié Emmanuel Macron en mars 2018.

2.000 places seulement ont-elles été construites lors du précédent quinquennat ?

Là encore, Eric Ciotti a raison. Ce programme immobilier pénitentiaire, "le plus ambitieux depuis trente ans", prévoit "la création nette de 15.000 places de prison supplémentaires sur une période de 10 ans". Selon le ministère de la Justice, 7 000 premières places seront "livrées ou à un stade avancé de construction" d'ici 2022. Contacté, le ministère de la Justice confirme que plus de 2.000 places nettes ont déjà été mises en service.

Une carte présente en détail cette première phase, et les différents projets comme la création de 130 places pour une structure d'accompagnement vers la sortie à Toulon d'ici 2023. Cette carte revient sur la livraison en 2018 des 504 places du centre pénitentiaire de Draguignan. À noter qu'il n'est nullement question de la création d'un centre pénitentiaire dans les Alpes-Maritimes d'ici 2027.

La première phase du programme 15.000 places dévoile les emplacements des 7.000 places de prison. Capture d'écran Programme 15.000 places.

Les comparaisons entre les différents quinquennats sont-elles justifiées?

Dans sa déclaration, le candidat à la présidence de LR établit des comparaisons entre les différentes mandatures de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Mais comparaison n’est pas raison.

"La création d’une place de prison met en moyenne 10 ans", fait-on savoir du côté de la Contrôleuse générale des lieux de privation des libertés. Des propos qui font écho à ceux d’un rapport du ministère de la Justice de 2016. Ce dernier établissait qu’il fallait dix ans entre l’annonce d’un programme de création de places et sa livraison. 

En 2010, Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, annonçait la fermeture de 23 prisons vétustes avec la création, par exemple, d’un centre pénitentiaire dans le Haut-Rhin à Lutterbach. Ce dernier a été livré en 2021, sous le quinquennat Macron.

Quelle est la situation carcérale actuelle?

En juillet 2022, selon les derniers chiffres du ministère de la Justice, 72.067 personnes étaient écrouées pour un total de 60.702 places opérationnelles. Elles sont réparties à travers les 187 établissements pénitentiaires du pays.

À noter qu’en un an, le nombre de personnes qui dorment sur un matelas au sol a explosé, passant de 1.138 à 1.872.

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Nice-Matin

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