Un soldat israélien près de la frontière avec le Liban, le 21 octobre 2023

L'armée israélienne est en alerte à sa frontière nord pour parer une éventuelle offensive du Hezbollah.

afp.com/YURI CORTEZ

C’est l’une des craintes de la communauté internationale : l’ouverture d’un second front dans le nord d’Israël. Un débordement de la guerre entre le Hamas et Israël et une plus grande implication notamment du Hezbollah pro-iranien n’est pas à exclure. Ce dimanche 22 octobre, l’armée israélienne a accusé le Hezbollah, un allié du mouvement islamiste palestinien Hamas, de chercher l’escalade militaire au risque d’entraîner le Liban dans une guerre, après de nouveaux accrochages à la frontière.

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Depuis le 7 octobre et l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre entre l'Etat hébreu et le mouvement palestinien, l’armée israélienne est aussi en alerte à sa frontière nord pour parer une éventuelle offensive du Hezbollah.

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a averti ce dimanche le Hezbollah libanais qu'il "ferait l'erreur de sa vie" s'il décidait d'entrer en guerre contre Israël. "Cela leur fera regretter la seconde guerre du Liban (NDLR : en 2006)... Nous frapperons avec une puissance qu'ils ne peuvent pas imaginer et qui sera dévastatrice pour l'Etat du Liban", a déclaré Benjamin Netanyahou lors d'une visite aux troupes dans le nord du pays.

"Le Hezbollah agresse et entraîne le Liban dans une guerre dont il ne tirera aucun profit, mais dans laquelle il risque de perdre beaucoup", avait déjà averti un peu plus tôt dans la journée le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, sur le réseau social X (ex-Twitter). La dernière guerre entre Israël et le Hezbollah, en 2006, avait fait 1200 morts au Liban et 160 en Israël. Des soldats pour la plupart.

Des affrontements transfrontaliers ont causé la mort ce week-end de six combattants du Hezbollah et d’un membre du Djihad islamique palestinien au Liban, tandis que trois soldats israéliens ont été blessés, dont un grièvement. Deux Thaïlandais ont également été blessés par des éclats d’obus près du village agricole de Margaliot, selon les urgences israéliennes.

Une trentaine de morts côté libanais

Depuis le 7 octobre, 29 personnes sont mortes côté libanais, en majorité des combattants, mais aussi des civils, dont un journaliste de l’agence Reuters. L’armée israélienne a de son côté fait état de quatre morts, dont trois soldats. "L’Etat libanais est-il vraiment prêt à mettre en péril ce qu’il reste de la prospérité et de la souveraineté libanaises […] ? C’est une question à laquelle les autorités libanaises doivent répondre", a affirmé ce dimanche Jonathan Conricus.

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Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lui évoqué "de contacts diplomatiques au niveau international et dans le monde arabe ainsi que des réunions locales afin de mettre un terme aux attaques israéliennes contre le Liban", et d’empêcher que le conflit à Gaza ne déborde sur le territoire libanais. "Les amis du Liban continuent de déployer tous les efforts nécessaires en vue de rétablir la situation à la normale", a affirmé Najib Mikati dans un communiqué. Toutefois, par mesure de "précaution", le Liban est en train d’élaborer un plan d’intervention d’urgence.

Dans une conversation téléphonique vendredi avec Najib Mikati, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a fait état d’une "inquiétude croissante concernant la montée des tensions" à la frontière. Il a encore "souligné le soutien continu américain" aux forces de sécurité libanaises, selon un communiqué.

Une situation qui risque de devenir "incontrôlable"

Samedi, le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a de nouveau brandi la menace d’une escalade. "En fonction des événements, s’il apparaît un événement réclamant une intervention accrue de notre part, nous le ferons", a-t-il mis en garde lors des funérailles d’un combattant du Hezbollah. Ce dimanche, l’Iran a de son côté averti Israël et les Etats-Unis que la situation risquait de devenir "incontrôlable".

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L’Agence nationale officielle du Liban (NNA) a rapporté que des avions israéliens survolaient le sud du Liban ce dimanche matin, ajoutant qu’Israël bombardait divers sites le long des zones frontalières. L’agence avait déjà signalé des frappes israéliennes le long de la frontière samedi soir et indiqué qu’un drone israélien avait tiré un missile sur le territoire libanais dans la région de Jezzine, à plus de 15 kilomètres de la frontière.

Ce dimanche matin, l’armée israélienne a dit avoir repéré "une cellule terroriste tentant de tirer des missiles antichars" vers Avivim, un village agricole frontalier. La frappe a permis d’empêcher l’attaque, selon l’armée.

Quatorze collectivités supplémentaires évacuées

Une autre cellule a tiré un missile antichar sur un tank israélien "dans le secteur de Har Dov", situé dans la zone frontalière contestée des Fermes de Chebaa, a encore indiqué l’armée. "En réponse, le char a ouvert le feu en direction de la cellule", a-t-elle ajouté, sans faire état de victimes ou dégâts côté israélien.

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Israël avait annoncé vendredi l’évacuation de Kiryat Shmona, ville limitrophe de la frontière libanaise qui compte environ 25 000 habitants. Le ministère israélien de la Défense a annoncé ce dimanche l’évacuation de quatorze collectivités supplémentaires dans la zone frontalière, dont de nombreux habitants ont déjà fui.

Plusieurs milliers de Libanais ont également fui les régions frontalières pour se réfugier plus au nord dans la ville méridionale de Tyr. Les craintes d’un embrasement sont en effet fortes dans les villages frontaliers, occupés par l’armée israélienne durant 22 ans avant son retrait en 2000.

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