INFOGRAPHIEPourquoi Bruno Le Maire veut-il freiner les dépenses publiques ?

Bruno Le Maire veut freiner les dépenses publiques ? Voilà pourquoi

INFOGRAPHIEEn pleine période d’inflation et de demande de soutien de l’Etat, le ministre de l’Economie a prôné lundi un freinage massif sur les dépenses publiques
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. - Olivier Matthys/AP/SIPA / SIPA
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Aide au pouvoir d’achat, bouclier tarifaire, baisse du tarif de l’essence… Décidément, le « Quoi qu’il en coûte » fait de la résistance en France.
  • De l’avis du ministre de l’Economie Bruno Le Maire lui-même, il serait pourtant grand temps que ça s’arrête.
  • En quatre graphiques, 20 Minutes vous montre les différentes raisons de son inquiétude.

Lundi matin, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a mis le « ola » et le frein à main sur les dépenses publiques, en plein débat sur l’aide de l’Etat à apporter aux Français en cette période d’inflation. « Tout n’est pas possible, tout simplement parce que nous avons atteint la cote d’alerte sur les finances publiques », a prévenu le locataire de Bercy.

Le robinet des dépenses publiques, qui a bien abreuvé les Français pendant deux ans de coronavirus, devrait donc se tarir, malgré encore de nombreuses aides : bouclier tarifaire prolongé, loi pouvoir d’achat devant passer à l’Assemblée, chèque énergie… De quoi donner encore plus de sueur froide au ministre. Alors, faut-il vraiment s’inquiéter pour nos dépenses publiques ? On vous a concocté quatre graphiques bien flippants sur le sujet.

Un déficit qui ne se résorbe pas



Source : Cour des comptes, 2022.

Le déficit public a explosé en 2020 et 2021, avec la crise du coronavirus et la stratégie du « Quoi qu’il en coûte ». En 2022, la Cour des comptes tablait en février – soit avant la guerre en Ukraine, la hausse du prix de l’énergie, le bouclier tarifaire, les aides au pouvoir d’achat, la hausse des APL – sur un déficit public à 121 milliards, supérieur de près de 50 milliards à 2019, année de déficit « à peu près normal, juge Stéphanie Villers, spécialiste en macro-économie. Cette prévision pour 2022 est déjà erronée, ajoute-t-elle, et le déficit devrait être bien supérieur avec toutes les dépenses publiques qui se sont ajoutées. Alors que le déficit s’est creusé de 250 milliards en deux ans, il aurait fallu le résorber au plus vite, mais l’année 2022 n’en prend pas le chemin. »

La France parmi les pays européens avec la dette la plus importante


Source : Insee, 2021.

« La France reste parmi les mauvais élèves de l’Union européenne, traditionnellement les pays du Sud », constate en premier lieu Stéphanie Villers. Toute la question reste de savoir combien de temps les pays du Nord respecteront les règles budgétaires européennes en laissant faire la frivolité des pays du Sud : « On ne peut faire exploser la dette à l’infini », rappelle la spécialiste. Actuellement, même si la France donnait toute sa richesse sur un an pour résorber sa dette (on vous rassure, c’est impossible), elle resterait endettée. Pour la Grèce, il lui faudrait deux ans.

L’explosion de la dette en France


Source : Insee, 2022.

Les années 2020, 2021 et 2022 montrent bien l’explosion de la dette avec le coronavirus et le « Quoi qu’il en coûte ». « La dette publique a augmenté d’un peu moins de 500 milliards d’euros. C’est une somme énorme qu’il va falloir résorber un jour. Or, avec toutes les mesures prévues en 2022 contre l’inflation, la dette risque surtout de continuer à augmenter », note Stéphanie Villers.

Deuxième problème, et non des moindres : avec l’inflation, ce sont les taux d’intérêt qui augmentent. Or, qui dit dette, dit emprunt d’argent, dit remboursement. Un remboursement qui coûte donc de plus en plus cher. C’est d’ailleurs la crainte de Bruno Le Maire : « Quand l’inflation augmente, la charge de la dette augmente aussi de plusieurs milliards d’euros, et ma responsabilité de ministre des Finances, je souhaite que chacun l’entende, est de revenir à des finances publiques équilibrées d’ici à 2027 », a-t-il insisté. En rappelant que la France emprunte « à plus de 2 % », alors que les taux d’intérêt étaient négatifs ou nuls il y a encore quelques mois.

La France, championne des dépenses publiques


Source : Insee, 2021.

Historiquement, la France a une part de dépenses publiques extrêmement élevées, bien plus que la moyenne européenne. « Ce qu’on voit, c’est que la France n’a pas nécessairement plus dépensé que ses voisins pendant la période covid, mais qu’elle partait d’un seuil beaucoup plus haut », constate Stéphanie Villers. L’exemple de la Grèce a de quoi inquiéter, alarme la spécialiste : « La chute brutale de ses dépenses publiques en 2014 s’explique par les contraintes budgétaires imposées par l’Union européenne. C’est ce qu’on risque lorsque nos dépenses publiques s’envolent. Et c’est ce qu’à terme risque la France si elle continue sur cette voie. » D’où la nécessité, selon Bruno Le Maire, de dire stop.

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