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Désinformation russe : la France sonne l'alarme

Les autorités françaises révèlent un réseau de propagande russe à grande échelle visant à manipuler les opinions publiques occidentales. Au moins 193 sites Web ont été répertoriés par l'organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères.

La ville ukrainienne de Marioupol, en avril 2022. La légitimation de la guerre en Ukraine fait partie des objectifs du réseau de désinformation russe mis au jour par les autorités françaises.
La ville ukrainienne de Marioupol, en avril 2022. La légitimation de la guerre en Ukraine fait partie des objectifs du réseau de désinformation russe mis au jour par les autorités françaises. (Andrey BORODULIN/AFP)

Par Vincent Collen

Publié le 12 févr. 2024 à 18:29Mis à jour le 12 févr. 2024 à 18:38

« Légitimer la guerre en Ukraine », « saper la cohésion » des Occidentaux, « déstabiliser les sociétés démocratiques ». Tels sont les objectifs d'une campagne de désinformation et d'ingérence numérique à grande échelle organisée par la Russie, que les autorités françaises ont décidé de révéler au grand public ce lundi. Il s'agit d'un « réseau structuré et coordonné de propagande russe » visant les pays occidentaux, selon des sources diplomatiques françaises.

Depuis l'été dernier, Paris a repéré un « réseau de portails d'information » diffusant des contenus pro russes. Baptisé « Portal Kombat » par les autorités françaises, il comprend « au moins 193 sites » répertoriés par Viginum, l'organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères. Ils opèrent dans plusieurs langues à destination d'une multitude d'Etats européens ainsi que des Etats-Unis, avec à chaque fois des contenus spécifiques au pays visé.

Le « mensonge » des mercenaires français en Ukraine

Pour la France, par exemple, une place importante a été accordée ces dernières semaines à une information du Kremlin sur la prétendue présence de « mercenaires français » en Ukraine. Un « mensonge », pointe-t-on au sein du gouvernement, diffusé peu après l'annonce d'un soutien renforcé à Kiev par Emmanuel Macron.

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« Les sites de ce réseau ne produisent aucun contenu original mais relaient massivement des publications issues en majorité de trois types de sources : des comptes de réseaux sociaux d'acteurs russes ou pro russes, des agences de presse russes et des sites officiels d'institutions ou d'acteurs locaux, relève le rapport de Viginum. Le portail ciblant la France, pravda-fr.com, participe directement à polariser le débat public numérique francophone ».

La sphère d'influence française en Afrique est visée également. « Pendant l'été 2023, le site pravda-fr.com a publié de nombreux contenus traitant des différentes crises survenues dans des pays comme le Niger ou le Gabon, dénigrant la présence française au Sahel ou promouvant un accroissement de la coopération entre la Russie et le continent africain », poursuit le rapport.

« Un enjeu de sécurité nationale »

A l'origine de ce réseau, Paris a décelé des acteurs étatiques russes ainsi que des acteurs privés basés en Russie. Les répercussions « sont modérées pour l'heure », ajoute-t-on de même source, en espérant « désamorcer » l'impact de « Portal Kombat » en agissant suffisamment tôt. Ce type de désinformation « fait partie intégrante de la stratégie globale russe », estime-t-on.

« Ces campagnes consistent à diffuser le narratif russe, et à amplifier les débats internes aux pays européens pour attiser les divisions, sur l'aide à l'Ukraine mais aussi sur toute une série de sujets de société clivants comme les vaccins ou les questions de moeurs », constate Camille Grand, chercheur associé à l'European council on foreign Relations.

Pour les ministères des Affaires étrangères et des Armées, la lutte contre ce type de désinformation est « un enjeu de sécurité nationale » ainsi qu'un « enjeu stratégique pour les armées ». Particulièrement en 2024 où des élections se tiendront en Russie , dans l'Union européenne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis… « On s'attend à une accélération, voire une massification » de ce type de désinformation, explique-t-on au sein du gouvernement qui veut « neutraliser en amont » cette offensive numérique.

Vincent Collen

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