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Le smic régional proposé par Valérie Pécresse est «une mauvaise idée», juge Olivier Dussopt

«Le smic différent d'un endroit à l'autre a déjà existé, de 1950 à 1968, et ça a été abandonné», a rappelé le ministre du Travail sur Sud Radio, jeudi.

C’est non. Par la voix d’Olivier Dussopt, le gouvernement s’oppose à l’idée de smic régionalisé, proposée par Valérie Pécresse pour la région Île-de-France qu’elle préside. «C’est une mauvaise idée», a lancé le ministre du Travail ce jeudi matin sur Sud Radio. «Ça ne fonctionne pas, ça ne résiste pas aux faits», a-t-il estimé.

Pour justifier sa position, Olivier Dussopt a dit s’appuyer sur les travaux du groupe d’experts sur le smic, datés de 2017. «Dans Le Parisien ce matin, l'économiste Gilbert Cette, président du groupe d'experts sur le smic, explique qu'en 2017 ce groupe d'experts a travaillé avec un œil plutôt positif sur l'idée et qu'à la fin ils étaient tous contre», rapporte le ministre. Chez nos confrères, l’économiste affirme en effet : «Alors que nous avions étudié l'hypothèse de la régionalisation avec bienveillance au départ, nos travaux nous ont conduits à la rejeter complètement.»

L’argumentaire du ministre reprend ainsi quasiment chaque point de la démonstration du groupe d’experts, publiée dans son rapport annuel de 2017. «Le smic différent d'un endroit à l'autre a déjà existé, de 1950 à 1968, et ça a été abandonné. Parce que les écarts de niveau de vie et de loyer ne sont pas forcément à l'échelle d'une région. En région Île-de-France, le coût de la vie, des loyers, n'est pas le même dans toutes les communes, explique Olivier Dussopt. Ça crée aussi des effets de seuil. Comment on accompagne, comment on traite les personnes qui habitent dans une région et travaillent dans une autre, parce qu'il y a 10 km d’écart entre les deux ?»

Résoudre les problèmes de logement

Comme l’explique le groupe d’experts, chargé de conseiller le gouvernement, «une différenciation territoriale des salaires avait été mise en place à la Libération, alors que les salaires étaient fixés par des arrêtés du gouvernement». «Le principe de cette régionalisation a été conservé lors de la création du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti, NDLR) en 1950», rappelle-t-il, soulignant que «des arrêtés définissaient pour chaque commune un taux d'abattement qui s'appliquait à la valeur maximum du SMIG».

Toutefois, ces abattements ont «fait l'objet de nombreuses critiques, notamment au motif qu'ils étaient perçus comme injustes et qu'ils conduisaient à maintenir des écarts à tous les niveaux de rémunérations entre les salariés de province et ceux de la région parisienne», explique le comité d’experts, poussant à leur réduction puis à leur suppression en 1968. «Le rétablissement aujourd'hui d'une différenciation géographique pour le SMIC en fonction des écarts de prix sur le territoire serait exposé aux mêmes critiques que celles qui ont conduit à la suppression des abattements qui s'appliquaient au SMIG», note le même rapport.

Valérie Pécresse, de son côté, juge qu’un smic régionalisé pour l’Île-de-France aurait ses avantages. «Nous avons un smic qui n'offre pas le même reste à vivre. Et c'est un problème pour les travailleurs essentiels, qui ne peuvent pas se loger en Île-de-France. On repousse en dehors de la région des personnes qu'on devrait loger chez nous», a-t-elle expliqué cette semaine dans un entretien à 20 Minutes . Pour la présidente de région, le smic uniformisé à l’échelle nationale est même l’une des causes des tensions de recrutement touchant les agents publics. «Le problème, c'est pour la fonction publique de l'Île-de-France : l'hôpital, les écoles, les agents de sécurité… Ils ont les plus petits salaires. Et après, on dit qu'on ne trouve pas d'aides-soignantes, mais comment voulez-vous faire ? Il faut que l'État comprenne qu'il ne peut pas rémunérer des agents publics au même tarif à Paris qu'ailleurs.»

Au vu des propos d’Olivier Dussopt, il y a donc très peu de chances que la proposition de l’ex-candidate à la présidentielle voit le jour. Car si les 45 mesures pour un «choc de décentralisation» - dont l’expérimentation d’un smic régional francilien - ont été adoptées par le conseil régional d’Île-de-France mercredi, elles doivent ensuite être validées par la première ministre, dans un délai d’un an, comme le prévoit la procédure de saisine de l’État prévue dans la loi dite «3DS» relative à la différenciation, la décentralisation et la déconcentration, adoptée en février 2022.


Le smic régional proposé par Valérie Pécresse est «une mauvaise idée», juge Olivier Dussopt

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27 commentaires
  • DeepOcean

    le

    Les groupes d’experts qui datent de 2017! ….LOL

  • dutch

    le

    Ce serait une bonne idée si on baissait en province! Le SMIC crée du chômage et surtout empêche l’individualisation et la progression des salaires.

  • DidierLAGARDE

    le

    Un régionalisation du SMIC serait une usine à gaz pleine d'injustices locales

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