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Elon Musk peut-il vraiment fabriquer un "smartphone alternatif" pour contrer Google et Apple?

Le patron de Tesla Elon Musk, le 14 mars 2019 à Hawthorne, en Californie.

Le patron de Tesla Elon Musk, le 14 mars 2019 à Hawthorne, en Californie. - Frederic J. BROWN © 2019 AFP

Alors que la présence de Twitter dans l'App Store et le Play Store reste incertaine, Elon Musk a annoncé la possibilité de créer son propre smartphone, même s'il ne souhaite pas en arriver là et sait que cela serait techniquement difficile.

Lancer un smartphone alternatif pour défier Apple et Google? Elon Musk y réfléchit. En cause, l'avenir incertain de Twitter sur l'App Store et le Play Store, alors que des tensions émergent entre le nouveau patron du réseau social et les deux groupes, sur les questions de modération et de rémunération. Si Elon Musk ne souhaite pas en arriver là - car il sait lui-même que cela serait très compliqué - l'idée est loin d'être évacuée.

Elle est apparue dans un tweet du 25 novembre dernier, en réponse à une question posée par Liz Wheeler, une podcasteuse américaine. Elle demandait à Elon Musk s'il pouvait produire son propre smartphone si Apple et Google retiraient Twitter de leur interface d'application. Liz Wheeler a même lancé son propre sondage pour demander aux utilisateurs s'ils utiliseraient un “tELONphone”. Elon Musk a répondu: "j'espère bien que cela n'arrivera pas à cela, mais, oui, s'il n'y a pas d'autre choix, je ferai un téléphone alternatif".

Mais créer son propre smartphone demanderait à Elon Musk de se lancer dans une entreprise pratiquement perdue d'avance. Car lancer un nouveau téléphone, nécessite surtout de créer tout un écosystème autour: un système d'exploitation, une interface d'application dédiée et un écosystème cohérent. D'autres avant, en ont fait les frais comme le Windows Phone, ou le Fire Phone d'Amazon. Huawei a aussi subi de plein fouet l'interdiction d'utiliser le Play Store.

L'enjeu technique est majeur et, même si Musk ne manque jamais d'enthousiasme, il est aussi un spécialiste des promesses avortées, ou à défaut reportées ad vitam æternam ou presque.

D'autant que l'argent ne suffira pas pour développer un concurrent digne de ce nom à Android ou iOS, il lui faudra des ingénieurs de talent et sa récente politique managériale risque de lui causer certains torts.

Pour le moment, ni Apple ni Google n'ont officiellement déclaré qu'ils prévoyaient de retirer Twitter de leur interface d'application. Mais cela pourrait être le cas si les deux entreprises décident que le réseau social ne respecte pas certaines règles imposées. Il pourrait être reproché à Elon Musk, se voulant "défenseur de la liberté d'expression", d'avoir réactivé des comptes bannis comme celui de Donald Trump, mais aussi celui de Jordan Peterson, provocateur d'extrême droite, de Babylon Bee, organe satirique conservateur ou encore de Kanye West, qui avait été banni pour avoir tenu des propos antisémites.

Twitter connait également des problèmes d'usurpation d'identité et de désinformation liés à l'abonnement Twitter Blue, une certification accessible à tous pour 8 euros par mois. De cette somme, Apple et Google prélèvent 30% commission soit 2,40 euros, ce qui n'est pas du tout du goût d'Elon Musk.

Des applications ont déjà été retirées des magasins d'application comme Parler, le réseau social d'extrême droite pour non respect des politiques d'Apple et Google interdisant les discours de haine, avant d'être rétabli après avoir amélioré ses politiques de modération.

Si Twitter devait être retiré, la plateforme continuerait d’exister sur le web. Cela obligerait cependant les utilisateurs à passer par leur navigateur Internet pour accéder à la plateforme, pas très pratique pour un réseau social.

Margaux Vulliet