Accord à la COP28 : "Ce qu'on acte, c'est quand même la sortie des énergies fossiles"

Valérie Masson-Delmotte et François Gemenne dans le studio du 7/10 de France Inter le 13 décembre 2023 ©Radio France
Valérie Masson-Delmotte et François Gemenne dans le studio du 7/10 de France Inter le 13 décembre 2023 ©Radio France
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Valérie Masson-Delmotte et François Gemenne dans le studio du 7/10 de France Inter le 13 décembre 2023 ©Radio France
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Valérie Masson-Delmotte, climatologue et membre du Haut Conseil pour le Climat et François Gemenne, spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, directeur de l’Observatoire Hugo à l’université de Liège, enseignant à HEC Paris, sont les invités du Grand Entretien.

Avec
  • Valérie Masson-Delmotte Paléoclimatologue, co-présidente du groupe de travail sur les bases physiques du climat du GIEC
  • François Gemenne Spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, directeur de l’Observatoire Hugo à l’université de Liège, enseignant à HEC Paris

On n'en attendait pas forcément grand-chose, mais cette COP28 semble finalement aboutir à un accord sans précédent, évoquant pour la première fois une "transition hors des énergies fossiles". "Elle se termine mieux qu'espéré, et j'irai même jusqu'à dire que c'est quasiment historique", assure François Gemenne. "On dessine un futur largement décarboné pour les énergies fossiles. Peu auraient parié sur un accord aussi ambitieux, il est au niveau : ce qu'on acte, c'est quand même la sortie des énergies fossiles, même si le terme n'y est pas écrit. On a trouvé une paraphrase un peu habile, qui dit la même chose."

Pour Valérie Masson-Delmotte, "c'est un accord qui est extrêmement important". "Ce dont on parle, c'est le premier bilan mondial de l'accord de Paris sur le climat, qui fait le point sur l'action à ce jour, le décalage avec ce qui est promis à l'horizon 2023, et ce qui serait nécessaire pour maintenir le réchauffement à un niveau aussi bas. Le bilan mondial acte ce décalade. Les promesses, si elles se réalisent toutes, impliqueraient une baisse d'environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, pour rester à 2 %. Pour limiter le réchauffement largement sous 2°C, vers 1,5°C, c'est une baisse de 43 %."

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Des "points faibles" mais un symbole fort

"On voit aussi dans ce texte un certain nombre de limites", regrette la climatologue. "Ces limites, c'est les financements, pour le déploiement des alternatives aux énergies fossiles, pour l'adaptation, pour les pertes et dommages (les pays qui devront se reconstruire post-catastrophes). Sur ce point, ce qui est mis sur la table, 400 millions de dollars, c'est le salaire des trois footballeurs les mieux payés au monde. On voit le décalage !"

"Il y a encore toute une série de points faible dans l'accord", reconnaît également François Gemenne. "Cela étant, regardons d'où l'on vient, regardons le compromis qui est historique. On va acter aux Émirats Arabes Unis la sortie des énergies fossiles ! C'est comme si la France renonçait au cinéma et à la gastronomie... En termes de diplomatie pure, c'est un tour de force."

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