Le roi Charles III est arrivé à Berlin, mercredi 29 mars, pour sa première visite à l’étranger en tant que souverain, après avoir reporté son voyage en France en raison des nombreuses manifestations liées à la réforme des retraites. L’avion blanc aux couleurs de l’Union Jack a atterri à l’aéroport international de Berlin-Brandebourg peu après 13 h 50. Il s’est rangé sur le tarmac de la zone militaire de l’aéroport ; un tapis rouge a été déroulé en bas de l’escalier.
« Le couple royal a émis le vœu de parler directement avec les Berlinois », ce qui ne facilite pas la tâche des forces de sécurité, a déclaré le directeur de la police Thomas Drechsler dans les médias allemands. Les forces de l’ordre ont prévu un déploiement massif à Berlin, où les époux resteront deux jours avant de se rendre à Hambourg vendredi, dernière étape de la visite. Jusqu’à 1 100 policiers sont mobilisés, des renforts d’autres régions ayant été réquisitionnés. Plusieurs axes seront fermés à la circulation dans le centre.
« Aux côtés de l’Ukraine »
Le couple royal était attendu avec impatience par les curieux. Certains ont fait la queue plusieurs heures dans l’espoir d’accéder à la porte de Brandebourg, dans le centre de Berlin, où le couple royal a été accueilli par le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, et son épouse, Elke Büdenbender. C’est la première fois qu’un invité d’Etat a reçu les honneurs militaires au pied de ce monument emblématique, qui fut également un symbole de la partition de la ville pendant trois décennies.
Le roi devait ensuite se rendre au palais présidentiel de Bellevue pour assister à une réception consacrée aux défis liés au changement climatiques. Charles III s’est engagé de longue date en faveur de la protection de l’environnement.
Dans la soirée, le roi a affirmé que le Royaume-Uni et l’Allemagne se tenaient « aux côtés de l’Ukraine » pour défendre « la liberté » face à l’agression de la Russie. « Nous nous tenons côte à côte pour protéger et faire progresser nos valeurs démocratiques partagées », a-t-il dit lors d’un discours au premier jour de cette visite d’Etat. « L’Allemagne et le Royaume-Uni sont aujourd’hui, également sur le plan militaire, les deux plus grands soutiens de l’Ukraine en Europe », lui a fait écho le chef de l’Etat allemand, évoquant une invasion russe qui a ravivé « les souvenirs des pires moments » de l’histoire de l’Europe.
« Relations en tant qu’alliés et amis »
M. Steinmeier a célébré un « nouveau chapitre » dans les relations entre les deux pays après le Brexit. « Aujourd’hui, six ans après que le Royaume-Uni a commencé à quitter l’Union européenne, nous ouvrons un nouveau chapitre dans nos relations », a-t-il déclaré en accueillant le roi et son épouse Camilla.
Jeudi, le souverain britannique doit notamment s’entretenir avec le chancelier Olaf Scholz, se promener avec la maire de Berlin sur un marché, prononcer un discours à la chambre des députés allemand et rencontrer des réfugiés ukrainiens.
Le dernier déplacement d’Elizabeth II en Allemagne en 2015, du temps d’Angela Merkel, avait déclenché un vif enthousiasme dans le pays. Sa visite la plus marquante remonte à 1965, dans un Berlin séparé par le mur. Elle est perçue comme le moment qui a scellé la réconciliation entre les deux pays après la seconde guerre mondiale. Son fils devrait s’attendre lui aussi à un accueil chaleureux : il connaît bien le pays, où il s’est rendu plus de quarante fois, selon l’ambassade britannique à Berlin.
Par ailleurs, les Allemands restent de grands fans des membres de la famille royale britannique, issus d’une « très longue tradition » de monarques et leur « grand intérêt » n’est pas près de se dissiper, même après la mort de la populaire reine, selon Michael Hartmann, sociologue à l’Université technique de Damstadt.
Alors encore prince de Galles, Charles avait évoqué « les relations naturelles en tant qu’alliés et amis » des deux pays lors d’une intervention devant les députés allemands en 2020, prononcée en partie dans la langue de Goethe. Il avait aussi rappelé les racines allemandes des Windsor, évoquant notamment la mémoire de son arrière-arrière-arrière-grand-père, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, époux allemand de la reine Victoria.
Contribuer
Réutiliser ce contenu