Mayotte : ce que l'on sait de l'opération Wuambushu contre l'immigration illégale
Le gouvernement préparerait, dans le plus grand secret, un vaste plan anti-immigration à Mayotte. Celui-ci prévoirait l'expulsion de migrants comoriens et la destruction de bidonvilles.
Mayotte sera-t-elle bientôt le théâtre d'une vaste opération de lutte contre l'immigration illégale ? Selon France info, le gouvernement aurait préparé un plan baptisé Wuambushu, qui signifie « reprise » en mahorais. Celui-ci viserait à expulser un grand nombre de migrants comoriens du département français et à détruire leurs logements de fortune.
Pour le moment, aucune déclaration officielle n'a été faite sur ce plan. Mais selon les termes du journal satirique Le Canard enchaîné, « un demi-millier de gendarmes et de policiers s'apprêtent à envahir l'archipel. [...] Leur mission ? Mettre fin à l'immigration illégale et mater les délinquants à la machette ». Selon l'hebdomadaire, Wuambushu aurait été conçu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et approuvé par Emmanuel Macron lors d'un conseil de défense. L'opération devrait démarrer après la fin du ramadan, le 21 avril prochain. Des renforts policiers et du matériel auraient déjà été acheminés sur l'île.
Les forces de l'ordre en attente
« Les policiers mahorais sont en attente de cette opération », affirme le représentant CFDT Alternative Police Abdel Aziz Sakhi, qui prévoit « une opération de grande envergure, sans précédent ». Selon plusieurs syndicats de police, des membres de la compagnie de CRS 8 s'apprêtent à être déployés dans l'archipel. Cette unité a été créée en 2021, au moment des Gilets jaunes, pour intervenir « en cas de troubles graves à l'ordre public et de violences urbaines », selon le ministère de l'Intérieur.
En mars dernier, Emmanuel Macron aurait fait part à son homologue comorien Azali Assoumani, de son « inquiétude » face à l'immigration illégale en provenance des Comores. Selon l'AFP, un quart de la population de Mayotte serait en situation irrégulière. L'île subit également « une délinquance hors norme », selon l'Insee, le nombre de vols y étant trois fois plus élevé que dans l'Hexagone.
Inquiétude des Comores et des ONG
Les Comores ont fait part de leur opposition au projet Wuambushu. « Le gouvernement comorien a appris avec étonnement la nouvelle du maintien du projet gouvernement français [...] visant à procéder, dans l'île comorienne de Mayotte, à la destruction de bidonvilles, suivies de l'expulsion de tous leurs occupants sans-papiers », affirme un communiqué de la présidence comorienne, appelant la France à « y renoncer ».
À l'inverse, le député LR de Mayotte Mansour Kamardine « veu[t] que cette opération aille jusqu'au bout, car au final, c'est la paix civile qui est en jeu ». De même, la députée mahoraise Estelle Youssouffa affirme que Wuambushu est « notre dernière chance de rétablir l'ordre et la sécurité. On ne recule pas, on tient bon, on ne baisse pas la tête, on ne plie pas ! ».
En revanche, les personnels de santé de l'île alertent sur « les conséquences dramatiques » que pourrait avoir une telle intervention. Même inquiétude du côté des organisations humanitaires. Le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, Jean-Marie Burguburu, a demandé à Gérald Darmanin de « renoncer » à son projet, craignant une « aggravation des fractures et des tensions sociales dans un contexte déjà très fragilisé » et dénonçant une « atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères dans le cadre d'expulsions massives ».
L'Unicef a également mis en garde contre « l'impact que cette opération d'envergure risque d'avoir sur la réalisation des droits des enfants les plus vulnérables présents sur le territoire, notamment des mineurs étrangers et des mineurs en conflit avec la loi ».
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