« Cette caisse, c’est à moi maintenant ! », se vante un homme encagoulé au volant d’une voiture. Postée sur les réseaux sociaux dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin, la vidéo immortalise le pillage de la concession Citroën de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne). C’est là qu’étaient attendus le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée chargée des PME, Olivia Grégoire, mardi 4 juillet, pour leur premier déplacement à la rencontre des commerçants touchés par les émeutes consécutives à la mort de Nahel M., tué par un policier lors d’un contrôle routier, le 27 juin.
La veille, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé, dans Le Parisien, le montant des pertes pour les entreprises à « plus d’un milliard d’euros », « sans compter les dégâts au niveau du tourisme ». De premières réponses ont été apportées à l’issue d’une réunion des secteurs du commerce, de l’hôtellerie-restauration, des banques et des assurances, à Bercy, samedi 1er juillet. Notamment la possibilité de reporter les cotisations sociales et fiscales, l’engagement des banques à « faire preuve de compréhension sur les échéances bancaires » et des assureurs à allonger les délais de déclarations et à indemniser rapidement.
Les participants y ont dressé « un panorama apocalyptique » de la situation, raconte Christophe Noël, délégué général de la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires, qui représente les centres commerciaux – une dizaine ont été fortement dégradés et plusieurs dizaines ont fait l’objet de tentatives d’intrusion : « C’est extrêmement traumatisant pour les équipes. Tout le monde est un peu sonné. On n’en revient pas du niveau de violence. »
« Plusieurs dizaines de millions d’euros » de préjudice
La Française des jeux dénombre 400 points de vente dégradés. La Fédération du commerce et de la distribution, plus de 200 moyennes et grandes surfaces, dont 40 supermarchés Aldi, cette enseigne très présente dans les zones à faible pouvoir d’achat. De Nike à Lacoste en passant par JD Sports, Adidas et Foot Locker, 150 magasins d’articles de sport ont aussi été visés, explique Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle. Le préjudice – vols, dégradations, manque à gagner et frais de gardiennage – s’élèverait à « plusieurs dizaines de millions d’euros ».
De la vingtaine de restaurants McDonald’s pris pour cible, quatre sont totalement détruits. Du jamais-vu pour l’enseigne. Les équipes concernées pourraient être redéployées dans les établissements voisins. « Si cela n’est pas possible ou souhaité par le collaborateur, elles bénéficient de la prise en charge au titre du chômage technique », souligne le groupe. Une circulaire précisera « prochainement » les modalités d’application, selon le ministère du travail.
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