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Israël voudrait pousser les Palestiniens de Gaza à émigrer massivement

De plus en plus de ministres israéliens prônent une émigration des Palestiniens de la bande de Gaza et une reprise de la colonisation dans cette région après la guerre. Ce qui suscite une vive réprobation internationale.

Betzalel Smotrich, ministre des Finances israélien d'extrême droite, veut encourager l'émigration « volontaire » de la quasi-totalité des 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza.
Betzalel Smotrich, ministre des Finances israélien d'extrême droite, veut encourager l'émigration « volontaire » de la quasi-totalité des 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza. (Maya Alleruzzo/Ap/SIPA)

Par Pascal Brunel

Publié le 3 janv. 2024 à 17:03

Pousser les Palestiniens à émigrer : plusieurs ministres non seulement d'extrême droite, mais aussi du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, militent publiquement en faveur de ce scénario de l'après-guerre au grand dam des Etats-Unis. Des premiers contacts discrets ont été noués avec des pays, dont le Congo, susceptibles d'accueillir les Palestiniens, selon des médias israéliens. Les responsables israéliens rêvent de voir également l'Arabie saoudite, qui aura besoin dans les prochaines années de centaines de milliers de travailleurs pour ses projets pharaoniques de villes nouvelles, ouvrir ses portes.

L'objectif final est de coloniser à nouveau la bande de Gaza. Petit rappel : en 2005, Ariel Sharon, le Premier ministre de l'époque, a évacué totalement la bande de Gaza et démantelé 21 colonies disséminées dans cette région où résidaient 8.000 Israéliens. Cette décision avait provoqué des manifestations parfois violentes de la droite ultranationaliste religieuse désormais présente en force au sein du gouvernement, qui veut à tout prix réparer cette « erreur historique ».

La guerre actuelle dans la bande de Gaza déclenchée à la suite des massacres commis le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël, offre une occasion à ces nostalgiques d'espérer, d'autant plus que selon un récent sondage, 30 % des Israéliens sont favorables à un retour des colonies dans la bande de Gaza.

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« Le meilleur programme réaliste »

Parmi les plus enthousiastes figure Betzalel Smotrich, le ministre des Finances, et chef d'un parti d'extrême droite. Il propose d'encourager l'émigration « volontaire » de la quasi-totalité des 2,3 millions de Palestiniens, ce qui permettrait de faire de la place. « S'il ne restait plus que 100.000 à 200.000 Arabes, toutes les discussions sur la question du jour d'après (la guerre) seraient totalement différentes », a-t-il affirmé à la radio de l'armée en précisant qu'il ne « s'agit pas d'une expulsion, de toute façon ils (les Palestiniens) ne pensent qu'à partir loin de ce ghetto et de la misère ».

« Il faut mobiliser le monde afin de favoriser leur intégration dans d'autres pays et établir des implantations juives à Gaza », a aussi suggéré Betzalel Smotrich. Le ministre de la Sécurité Nationale, Itamar Ben Gvir, à la tête d'un autre parti ultra-nationaliste, défend lui aussi l'idée d'une émigration de masse palestinienne et d'une recolonisation.

Mais cette campagne n'est pas seulement l'apanage de l'extrême droite. Au sein même du Likoud, Miri Regev, ministre des Transports, membre du cabinet de sécurité et proche de Benyamin Netanyahou, proclame que la bande de Gaza fait partie de la « Terre d'Israël sur laquelle nous avons des droits, y compris celui de nous y installer ». Gila Gamiel, ministre chargée des Renseignements, estime elle aussi que « l'émigration volontaire est le meilleur programme réaliste pour l'après-guerre ».

Risque de crise avec Washington

Benyamin Netanyahou, tout en étant favorable à cette option, reste pour le moment plus prudent bien conscient qu'un tel programme ne manquerait pas de provoquer une crise majeure avec les Etats-Unis présidés par Joe Biden et un isolement total sur le front international. Il a toutefois affirmé récemment lors d'une réunion interne des députés du Likoud, que « notre problème, c'est de trouver des pays pour les (Palestiniens) accueillir, mais nous y travaillons ».

Les Etats-Unis n'ont pas attendu pour réagir au quart de tour sur un ton très dur. Le Département d'Etat a dénoncé « une rhétorique inflammatoire et irresponsable » à propos des déclarations sur l'émigration tout en soulignant que «la bande de Gaza est et doit demeurer une terre palestinienne ». A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a condamné mercredi les déclarations « provocatrices » de ministres israéliens appelant à « l'émigration » de la population de la bande de Gaza ainsi qu'au rétablissement de colonies sur ce territoire palestinien.

Seule certitude : Benyamin Netanyahou entend bien imposer une présence militaire permanente de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le long des 14 km de la frontière entre le sud de cette région et l'Egypte et sous forme d'une bande de sécurité d'environ 1 km de large tout le long de la frontière en territoire palestinien. Au total, selon Gila Gamiel, ces empiètements territoriaux devraient réduire de 60 % la superficie des exploitations agricoles palestiniennes.

Pascal Brunel

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