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Présidentielle au Nigeria : Bola Tinubu remporte l’élection sur fond d’accusations de fraude par l’opposition

Le candidat du parti au pouvoir est élu au terme d’un des scrutins les plus disputés de l’histoire démocratique du pays. L’opposition a réclamé son annulation avant même l’annonce des résultats officiels.

Le Monde avec AFP

Publié le 28 février 2023 à 10h53, modifié le 01 mars 2023 à 09h29

Temps de Lecture 3 min.

Bola Tinubu, candidat du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC), et son épouse, le 25 février 2023, à Lagos, capitale économique du Nigeria.

L’élection présidentielle au Nigeria a délivré son vainqueur. Selon les résultats officiels proclamés mercredi 1er mars par la Commission électorale nationale indépendante (INEC), le candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu, a été élu à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique.

M. Tinubu, du Congrès des progressistes (APC), a obtenu 8,8 millions de voix, devant ses principaux rivaux, Atiku Abubakar du Parti démocratique du peuple (PDP) crédité de 6,9 millions de voix, et l’outsider Peter Obi du Parti travailliste (6,1 millions de voix) dont la popularité auprès de la jeunesse a pris tout le monde de court. Le taux de participation n’est pas encore connu.

M. Tinubu obtient 25 % des voix dans au moins deux tiers des trente-six Etats de la fédération ainsi que le territoire de la capitale Abuja, une condition nécessaire pour être déclaré vainqueur.

Plus de 87 millions d’électeurs étaient appelés à voter samedi pour choisir, parmi dix-huit candidats, la personne qui aura la lourde tâche pendant quatre ans de redresser le pays. Les Nigérians élisaient un successeur au président Muhammadu Buhari, 80 ans, qui se retire après deux mandats, comme l’exige la Constitution, mais aussi leurs députés et sénateurs.

Ses partisans l’ont accueilli en criant « Jagaban » (« chef ») à son siège de campagne, peu après sa victoire. « J’appelle mes concurrents à faire équipe ensemble. C’est la seule nation que nous ayons », a lancé M. Tinubu à l’intention de l’opposition, qui l’a accusé de fraudes « massives » avant même la proclamation des résultats. « C’est un pays que nous devons construire ensemble, en recoller les morceaux brisés. Nous devons travailler dans l’unité », a-t-il déclaré.

« Simulacre »

Le vote de samedi s’est globalement déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques. Mais des retards dans le décompte et d’importantes défaillances dans le transfert électronique des résultats, expérimenté pour la première fois au niveau national, ont alimenté les inquiétudes et des accusations de fraudes contre l’APC.

Cette course présidentielle fut l’une des plus serrées que le Nigeria a connues. Mardi, avant même l’annonce des résultats finaux, le PDP et le Parti travailliste ont dénoncé « un simulacre » d’élection. « Nous avons totalement perdu confiance dans l’ensemble du processus », ont-ils déclaré lors d’une conférence de presse conjointe, exigeant son « annulation immédiate » et la tenue d’un « nouveau scrutin ». La commission électorale « est compromise », et le parti au pouvoir « l’a influencée pour que les résultats soient modifiés », avait déjà accusé lundi soir le représentant du PDP, Dino Marleye. Le directeur de campagne du parti travailliste, Akin Osuntokun, avait, lui, demandé la suspension de l’annonce des résultats, affirmant que les décomptes avaient également été manipulés.

De son côté, l’INEC a fustigé des accusations « infondées et irresponsables » de l’opposition. « Lorsqu’ils ne sont pas satisfaits du résultat d’une élection », les candidats « sont libres de s’adresser aux tribunaux », mais ils ne peuvent demander son annulation avant son terme, a ajouté la commission dans un communiqué.

La grogne est montée dans certaines régions comme dans l’Etat de Rivers, bastion traditionnel de l’opposition, où le décompte a été suspendu un moment en raison de « menaces de mort » sur le responsable local de l’INEC après l’annonce de scores importants pour l’APC.

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Les Nations unies ont lancé mardi soir un appel au « calme », demandant aux candidats et à leurs partisans de « s’abstenir de tout comportement qui pourrait saper le processus électoral » et « la paix et la stabilité ». Depuis le retour de la démocratie en 1999, le Nigeria a organisé sept élections nationales, qui ont quasiment toutes été contestées. De nombreux observateurs étrangers ont sévèrement critiqué le manque de transparence du scrutin.

Myriade de problèmes

Ce scrutin est crucial : le Nigeria, qui compte 216 millions d’habitants, devrait devenir en 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, dans une région d’Afrique de l’Ouest menacée par un fort recul démocratique et la propagation de violences djihadistes. La première économie du continent est devenue une puissance culturelle mondiale, grâce notamment à l’afrobeat, genre musical qui enflamme les dancefloors de la planète avec des stars telles que Burna Boy.

Agé de 70 ans, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos (sud-ouest), est surnommé « le parrain » à cause de son immense influence politique. De nombreuses accusations de corruption jalonnent sa carrière, mais il n’a jamais été condamné et les a toujours démenties.

A la tête du pays, il va hériter d’une myriade de problèmes dans ce pays anglophone plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu’un appauvrissement généralisé de la population.

Longtemps donné grand favori dans cette élection, notamment grâce à l’assise nationale du parti au pouvoir et à sa fortune, ce Yorouba de confession musulmane a vu son avance se réduire au fur et à mesure de la campagne. D’abord parce que la personne de Peter Obi, un ancien gouverneur de 61 ans loué pour son intégrité, a largement séduit une jeunesse avide de changement, lasse de l’élite vieillissante et réputée corrompue qui la gouverne.

Ensuite parce que de très graves pénuries de billets de banque et d’essence, plusieurs semaines avant le scrutin, ont aggravé la colère déjà grande des Nigérians contre le pouvoir, au bilan désastreux, entre explosion de l’insécurité et celle du coût de la vie.

Le Monde avec AFP

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