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Immigration: pourquoi la tension monte entre la France et l'Italie après les propos de Gérald Darmanin

Giorgia Meloni et Gérald Darmanin

Giorgia Meloni et Gérald Darmanin - BFMTV

Le ministre français de l'Intérieur accuse la Première ministre italienne d'être "incapable de régler les problèmes migratoires". En réaction, le chef de la diplomatie italienne a annulé son déplacement à Paris.

Une déclaration qui ne passe pas. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a pointé du doigt la Première ministre Giorgia Meloni, l'accusant ce jeudi dans "Les Grandes gueules" sur RMC d'être "incapable de régler les problèmes migratoires". Ses propos ne passent pas chez notre voisin transalpin.

Darmanin tacle Meloni

La crise débute après la prise de parole ce jeudi matin du ministre de l'Intérieur sur RMC. Gérald Darmanin répond au président du RN Jordan Bardella, qui avait accusé mercredi le gouvernement d'avoir "pulvérisé tous les records d'immigration", et adresse au passage un tacle à la présidente du Conseil italien.

"De qui se moque Jordan Bardella? Il y a un afflux de migrants à Menton parce que Madame Meloni, gouvernement d'extrême droite choisi par les amis de Mme (Marine) Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue", lance-t-il.

"La vérité, c'est qu'il y a en Tunisie (...) une situation politique qui fait que beaucoup d'enfants notamment remontent par l'Italie et que l'Italie est incapable (...) de gérer cette pression migratoire", soutient-il encore, accusant Giorgia Meloni de "mentir" à ses électeurs.

Rome dénonce des propos "inacceptables"

À Rome, ces déclarations font tout de suite grincer des dents. Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani qualifie les propos de Gérald Darmanin "d'inacceptables", en marge d'un déplacement en Toscane.

La déclaration du ministre français tombe particulièrement mal, puisqu'Antonio Tajani est attendu ce jeudi soir à Paris, où il doit être reçu par son homologue française Catherine Colonna. La rencontre est destinée à réchauffer les relations entre la France et l'Italie, refroidie en raison d'un bras de fer entre les deux pays méditerranéens sur la question migratoire ces derniers mois.

Mais c'est peine perdue: le ministre italien choisit en milieu d'après-midi d'annuler son déplacement, ne digérant pas de voir son pays accusé d'être à l'origine des difficultés migratoires que rencontre le sud de la France.

"Les offenses du ministre Gérald Darmanin envers le gouvernement et l'Italie sont inacceptables, ce n'est pas dans cet esprit qu'il faut affronter les défis européens communs", déplore Antonio Tajani.

La France tempère

À Paris, l'exécutif tente de tempérer la situation. Dans un communiqué, le Quai d'Orsay assure que la relation unissant la France et l'Italie est "fondée sur le respect mutuel".

"C’est également dans un esprit de solidarité que le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires, en particulier en provenance de la Méditerranée centrale", ajoute le ministère des Affaires étrangères.

La France dit par ailleurs "espérer" que la visite du chef de la diplomatie italienne sera "reprogrammée rapidement".

Un sujet brûlant des deux côtés des Alpes

Le sujet de l'immigration a déjà suscité des crispations des deux côtés des Alpes en novembre dernier. À l'époque, la France accepte d'accueillir l'Ocean Viking, un navire affrété par l'ONG SOS Méditerranée avec 230 migrants à son bord, juste après que l'Italie a refusé de laisser le bateau accoster dans l'un de ses ports.

L'épisode a donné lieu à une passe d'armes entre Rome et Paris, la France accusant son voisin d'être "irresponsable" et "inhumain". Paris convoque ensuite une réunion européenne pour éviter que le scénario ne se reproduise.

Fin avril, la Première ministre Élisabeth Borne a par ailleurs annoncé la mobilisation de 150 policiers et gendarmes "supplémentaires" dans le département des Alpes-Maritimes pour faire "face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne".

Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 36.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie en 2023, un chiffre en hausse avec l'essor d'un nouveau couloir maritime entre la Tunisie et l'Italie.

Juliette Desmonceaux