Le plus gros volcan actif du monde, le Mauna Loa, situé à Hawaï, est entré en éruption dimanche 27 novembre pour la première fois en près de quarante ans : spectaculaire, sa fureur ne menace pas les habitations pour l’instant, mais autorités et experts appellent à la prudence.
L’éruption, qui a débuté dimanche à 23 h 30 locales – soit lundi 10 h 30 (heure de Paris) – selon l’Institut américain de géologie (USGS), charrie des torrents de roches en fusion sur la partie supérieure du volcan. Elle provoque aussi d’épais nuages de fumée en altitude au-dessus de l’île américaine d’Hawaï, la plus grande de cet archipel du Pacifique. Les volutes sont ainsi visibles à plus de 70 kilomètres à la ronde, selon l’USGS. « L’éruption du Mauna Loa a migré du sommet vers la zone de la crevasse nord-est, où des fissures alimentent plusieurs coulées de lave », a expliqué l’institut sur son site Internet.
Aucune évacuation n’a été ordonnée par les autorités, mais la zone proche du sommet et certaines routes de l’île sont fermées par mesure de précaution. Il n’y a pour l’instant pas de risques pour les habitations situées sous la zone d’éruption, selon l’institut, qui met toutefois en garde contre la volatilité de ce volcan, le plus large du monde – il couvre la moitié de l’île d’Hawaï et sa superficie dépasse celle de l’ensemble des autres îles de l’archipel. « Les premières phases d’une éruption du Mauna Loa peuvent évoluer vite et l’emplacement et l’avancement des coulées de lave peuvent changer rapidement », a averti l’USGS.
Des conséquences potentiellement lourdes pour la santé
Les vents pourraient aussi charrier du « gaz volcanique et des cheveux de Pélé », des fibres de verre volcaniques tirant leur nom de la déesse hawaïenne du feu, qui se forment lorsque des gouttelettes de lave s’étirent en fins filaments sous l’effet des bourrasques. Affutées comme des lames de rasoir, elles sont dangereuses pour la peau et les yeux.
Le Service météorologique national américain (NWS) a prévenu que des cendres volcaniques et des débris pourraient s’accumuler autour du volcan. Cela peut causer une gêne respiratoire chez les habitants ou perturber le fonctionnement des moteurs ou des systèmes électroniques.
Le Mauna Loa (« longue montagne » en hawaïen) n’était plus entré en éruption depuis 1984. Il avait alors vomi de la lave pendant vingt-deux jours, produisant des coulées de lave qui ont échoué à seulement 7 kilomètres de la ville d’Hilo, située au nord-est du volcan.
« Le fait qu’il s’agisse d’une montagne dangereuse qui n’est pas entrée en éruption depuis 1984 – la plus longue pause éruptive de son histoire – est la raison pour laquelle nous devrions tous avoir un œil dessus », a commenté sur Twitter le volcanologue Robin George Andrews. Selon lui, les coulées de lave qui s’échappent par les crevasses nouvellement formées sur le flanc nord-est du volcan représentent « une nouvelle dimension dangereuse [de] l’éruption ». Mais à moins d’un accroissement spectaculaire de leur débit, la ville d’Hilo et ses 44 000 habitants devraient être préservés.
Le Mauna Loa culmine à 4 169 mètres et est l’un des six volcans actifs de l’archipel d’Hawaï. Il est entré en éruption trente-trois fois depuis 1843. L’île principale de l’archipel abrite également un volcan légèrement plus haut par sa taille, le Mauna Kea – 4 207 mètres. Juste au sud-est du Mauna Loa, le volcan Kilauea connaît lui une activité très soutenue, avec des éruptions quasiment ininterrompues entre 1983 et 2019. Sa dernière en date, mineure, est en cours depuis plusieurs mois.
Correction le 15 décembre : l’USGS est l’Institut américain de géologie et non de géophysique.
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