Publicité

Brevet, bac, redoublement... Ce qu’a annoncé Gabriel Attal après la dégringolade de la France au classement Pisa

Dans une lettre adressée aux enseignants, puis lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Éducation nationale a détaillé son plan visant à «élever le niveau de l'école».

«Élever le niveau de l’école» et «redonner de l’autorité aux enseignants». Tel est, depuis la rentrée scolaire, le mantra de Gabriel Attal qui, le 5 octobre, avait lancé la mission «exigence des savoirs». Deux mois plus tard jour pour jour, l’heure est déjà aux annonces choc. Dans un mail envoyé aux enseignants ce mardi matin, puis lors d’une conférence de presse au collège parisien Charles Péguy (19e arrondissement), le ministre de l’Éducation nationale a détaillé son «choc des savoirs» visant à provoquer «un sursaut pour l'avenir de notre école». Le Figaro fait le point.

Redoublement : le dernier mot aux enseignants

Dans sa lettre aux enseignants de ce mardi, l'homme politique a fait savoir qu’au premier trimestre 2024, il publiera un décret qui donnera à l’équipe pédagogique et non plus aux parents «le dernier mot s'agissant du redoublement de l’élève» afin de «donner toutes les chances à nos élèves de réussir». «Personne ne connaît mieux que vous le niveau de vos élèves, et pourtant... Votre avis quant aux conditions de passage de vos élèves dans la classe supérieure a été rendu accessoire dans le texte même du Code de l'éducation», déplore le ministre.

Les professeurs pourront par ailleurs «recommander, voire prescrire» des stages de réussite «conditionnant le passage des élèves en classe supérieure» pendant les vacances scolaires.

Le redoublement est une pratique en perte de vitesse en France depuis plusieurs années. Le classement Pisa 2022 publié ce mardi montre que 10% des élèves français âgés de 15 ans avaient redoublé au moins une fois dans leur scolarité, contre 40% en 2003, «ce qui dénote un grand changement en vingt ans». Aujourd'hui, la part des redoublants en France est à peine supérieure à celle de la moyenne des pays de l'OCDE. Ce qui convient plutôt bien aux organisations syndicales, qui estiment que le redoublement «n'est efficace que pour certains élèves dans des situations bien particulières».

Primaire : nouveaux programmes et méthode de Singapour obligatoire

«Tout se joue dès l'école primaire», estime Gabriel Attal. Le ministre annonce donc que de nouveaux programmes s'appliqueront en primaire, à commencer, dès septembre prochain, par les classes de la maternelle au CE2, avec pour ligne directrice «la clarification», l'intégration d'objectifs annuels et «le choix clair de la pédagogie explicite.» Pour les classes de CM1 et CM2, les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2025.

«Dès la rentrée prochaine, la révision des programmes de l'école primaire nous permettra d'adopter progressivement la méthode de Singapour pour les mathématiques, anticipant par exemple l'apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1», explique aussi le ministre, affirmant que cette méthode, désormais appliquée par 70 pays, «a fait ses preuves».

Des groupes de niveau au collège

Mi-novembre, après la publication des résultats des évaluations nationales de septembre dernier, Gabriel Attal avait fait part de son «inquiétude» concernant le niveau des élèves de quatrième dans un entretien accordé au Parisien . La «réponse» pourrait être «des groupes de niveau» au collège, avait-il alors estimé, reprenant une piste qu'il avait déjà évoquée lors de la Journée mondiale des enseignants, début octobre. Ce mardi, il a confirmé que des groupes de niveau en français et en mathématiques seraient instaurés dès 2024 en sixième et en cinquième, avec des effectifs réduits pour les groupes d’élèves les plus en difficulté. À partir de 2025, cette organisation sera étendue aux classes de quatrième et troisième. Un «changement majeur et très profond», a insisté le ministre.

La plupart des syndicats enseignants voient d'un mauvais œil cette mesure, dont ils craignent l'effet «stigmatisant». Le Snes et le SE-Unsa rappellent par ailleurs l'importance de l'hétérogénéité des groupes, «qui ne freine pas les meilleurs et accélère les progrès des plus fragiles». Le Snalc, en revanche, souligne à quel point il est difficile pour les professeurs d'enseigner à des élèves de niveaux très divers. Et défend un projet de collège modulaire dans lequel le français et les mathématiques seraient dispensés en groupes de niveau «à effectif réduit» pour les élèves les plus en difficulté.

Le brevet obligatoire pour entrer au lycée

À l’heure actuelle, un élève ayant raté son brevet des collèges peut tout de même passer au lycée. À partir de 2025, ce ne sera plus le cas. Désireux de «donner une véritable exigence au diplôme national du brevet» et de lui «redonner un sens», Gabriel Attal a décidé de «conditionner l'accès direct au lycée» à l'obtention de ce diplôme. Ceux qui ne l'obtiendront pas rejoindront une classe «prépa-lycée» afin de «consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite». Par ailleurs, les épreuves terminales représenteront désormais 60% de la note finale du brevet, au lieu de 50% actuellement.

Une nouvelle épreuve de bac en fin de première

Le baccalauréat évolue à nouveau. Aux épreuves écrite et orale de français de fin de première va s'ajouter, à partir de l'année scolaire 2025-2026, une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques et de culture scientifique, «pour l'ensemble de nos élèves».

«Depuis trop longtemps, nous déplorons une diminution du niveau de nos élèves et une perte de goût pour les mathématiques. L’enquête Pisa nous montre à nouveau l’urgence à agir. Les mathématiques, c’est fondamental», a insisté Gabriel Attal lors de sa conférence de presse.

Des manuels scolaires labellisés

Début octobre, lors de son discours à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, Gabriel Attal abordait la question des manuels scolaires. Il pointait notamment du doigt la trop grande « hétérogénéité» de ces manuels. Au congrès des maires, en novembre, il est revenu sur ce sujet, proposant de labelliser certains manuels, «quand on considère que leurs méthodes sont prouvées scientifiquement comme efficaces».

Dans sa lettre aux enseignants, il a finalement confirmé que les manuels scolaires de l'école primaire seraient labellisés, sur la base d'une efficacité «prouvée par la science et la pratique». À l’avenir, l'État financera des manuels scolaires en lecture et mathématiques. «Je souhaite, à l'instar des modèles appliqués au Japon ou au Portugal, que les modalités de labellisation intègrent la participation de professeurs du terrain, précise le ministre. Tant d'études le disent : les manuels jouent un rôle clé. Or, 60 % des élèves n'en bénéficient pas en CP. Pour renforcer les chances de réussite sur tout le territoire, et même s'il s'agit d'une compétence des collectivités locales, l'État financera désormais des manuels scolaires en lecture et mathématiques des élèves de CP et de CE1 (...) Je lancerai les achats pour la rentrée 2024.»

Brevet, bac, redoublement... Ce qu’a annoncé Gabriel Attal après la dégringolade de la France au classement Pisa

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
592 commentaires
  • Michel Trophimovitch

    le

    En juin 2024, nous n'oublierons pas de voter pour Marion MARECHAL et RECONQUETE !

  • Carter

    le

    Je trouve le ministre Attal sympa et qui a l'air de vouloir faire enfin quelque chose. Mais je me méfie car c'est un Macron-compatible est donc j'attends de voir les actes après les paroles.

  • saba

    le

    Dégringolade de la France au classement Pisa mais premier pour l'étude du coran, et ça, on doit en être fier.

À lire aussi