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Gisèle Pelicot nommée parmi les femmes de l'année 2025 par le magazine américain Time

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Le Time a nommé Gisèle Pelicot parmi 12 autres "femmes de l'année" pour sa "lutte courageuse" contre les violences sexuelles lors du procès des viols qu'elle a subis, droguée par son ex-mari, à son domicile de Mazan.

Le magazine américain Time a nommé Gisèle Pelicot "femme de l'année" 2025 ce jeudi 20 février, aux côtés de 12 autres personnalités. "Gisèle Pelicot est à l'origine d'un mouvement en faveur des survivantes de violences sexuelles", titre le magazine en référence à l'affaire des viols de Mazan, dans laquelle 51 hommes, dont l'ex-mari de Gisèle Pelicot, ont été condamnés en décembre dernier pour des violences sexuelles commises sur la septuagénaire alors qu'elle était droguée et endormie.

"La lutte courageuse de Gisèle Pelicot contre les violences sexuelles a ouvert une porte hermétique par laquelle d'autres survivantes se sentent désormais libres de passer", salue le Time Magazine.

Chaque année, le média désigne la "personne de l'année", qui a "exercé le plus d'influence au cours des 12 mois précédents". En 2024, Donald Trump a été choisi par le magazine. Depuis 2022, il décerne aussi le titre de "femmes de l'année" à plusieurs femmes qui ont marqué l'actualité en œuvrant, "à leur manière, à la création d'un monde meilleur et plus équitable".

Pour 2025, aux côtés de Gisèle Pelicot, sont notamment nommées l'actrice Nicole Kidman, pour son engagement à travailler avec des réalisatrices, et la militante Amanda Zurawski. Cette dernière a commencé à lutter pour le droit à l'avortement après avoir connu de lourdes complications médicales, endommageant définitivement ses organes reproducteurs, en raison de l'interdiction quasi-totale de l'avortement dans l'État américain où elle habitait, le Texas.

Comme Gisèle Pelicot, il s'agit d'une "femme ordinaire qui, face à une tragédie personnelle, a pris des mesures extraordinaires", estime le Time.

Le Time souligne notamment que Gisèle Pelicot a pris une décision rare pour des procès pour viols en refusant, dès le premier jour, le huis clos auquel elle avait droit. Pour "que la "honte change de camp", "pour que toutes les femmes victimes de viol se disent 'madame Pelicot l'a fait, on peut le faire'", avait-elle alors expliqué. "Je n'ai jamais regretté cette décision", a-t-elle assuré à l'issue du procès.

Avec cette publicité totale, le procès a pris une nouvelle dimension, des médias français mais aussi internationaux suivant les débats tous les jours. Elle est devenue une icône féministe pour certaines, sa figure étant représentée sur des murs et des affiches.

Une société "machiste et patriarcale"

Face à Dominique Pelicot, son ex-mari, qui explique avoir voulu assouvir son "fantasme" de "soumettre une femme insoumise", Gisèle Pelicot a dénoncé "une société machiste et patriarcale", appelant à "changer le regard sur le viol".

"Humiliée" par les sous-entendus de certains avocats de la défense, selon qui elle était peut-être consentante dans un supposé scénario libertin, Gisèle Pelicot, qui a eu 72 ans pendant le procès, a répondu: "Je trouve cela insultant, et je comprends pourquoi les victimes de viol ne portent pas plainte".

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"La honte doit changer de camp": comment le combat de Gisèle Pelicot a résonné dans le monde entier
17:27

Reconnus coupables pour la plupart de viols sur Gisèle Pelicot, à son domicile de Mazan (Vaucluse) entre 2011 et 2020, les 50 coaccusés, âgés de 27 à 74 ans, ont été condamnés à des peines allant de trois ans dont deux avec sursis, pour un retraité jugé pour agression sexuelle, à 15 ans de réclusion criminelle pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot. 13 d'entre eux ont fait appel et seront à nouveau jugés du 6 octobre au 21 novembre.

Le principal accusé, Dominique Pelicot, a été condamné à 20 ans de réclusion (le maximum prévu par la loi) assortie d'une mesure de sûreté des deux tiers (environ 14 ans) pour avoir drogué sa femme afin de la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus. Il n'a pas fait appel.

Sophie Cazaux