Paris : la grève des éboueurs de retour dans la capitale

Les éboueurs de la Ville de Paris ont voté ce mercredi un « acte 2 » de la grève, promettant, à l’appel de la filière traitement des déchets de la CGT, de « transformer les rues de Paris en décharge publique jusqu’au retrait de la réforme des retraites ».

Les éboueurs de la régie municipale parisienne avaient voté la fin de la grève le 29 mars, promettant de "remobiliser ses troupes massivement" en cas de nécessité. (Illustration) LP/Delphine Goldsztejn
Les éboueurs de la régie municipale parisienne avaient voté la fin de la grève le 29 mars, promettant de "remobiliser ses troupes massivement" en cas de nécessité. (Illustration) LP/Delphine Goldsztejn

    Le répit aura été de courte durée. Après quinze jours de disparition progressive, les tas de poubelles sont susceptibles de faire leur réapparition dans les rues de Paris. Les éboueurs de la régie municipale ont voté ce mercredi, à l’appel de la filière traitement des déchets de la CGT, une nouvelle grève pour protester contre la réforme des retraites. Cette mobilisation reconductible est effective à compter de jeudi, veille de la décision du Conseil constitutionnel sur la validité - ou non - de cette réforme. Les éboueurs promettent de « transformer les rues de Paris en décharge publique » jusqu’à son retrait.

    « S’il faut tenir deux semaines, on tiendra deux semaines, promet Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement à Paris. Il faut que le mouvement soit encore plus fort que la première fois, puisqu’Emmanuel Macron ne nous a pas entendus. » La collecte des déchets sera donc suspendue dès ce jeudi, et les trois incinérateurs bloqués.

    La CGT avait annoncé dès début avril son intention de réengager un mouvement « reconductible et indéterminé » contre la réforme des retraites, après une première grève, tenue du 6 au 29 mars, rendue visible par l’entassement de montagnes de déchets - jusqu’à 10 000 tonnes - dans les rues de la capitale. La CGT FTDNEEA avait suspendu le mouvement « faute de grévistes ». Plusieurs d’entre eux expliquaient ne pas pouvoir assumer financièrement une mobilisation trop longue.

    « Durant ces deux dernières semaines, nous avons discuté avec nos camarades des ateliers, des garages, y compris ceux du privé, explique Régis Vieceli. Nous avons travaillé durant ce laps de temps pour avoir un fort pourcentage de grévistes. Car quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, cette réforme doit tomber. Il faut qu’Emmanuel Macron entende ce que les travailleurs lui disent. Deux ans de plus, ce n’est pas possible. »

    Les éboueurs s’attendent toutefois à un rapport encore plus tendu avec l’État. La première mobilisation avait nécessité la réquisition de personnels issus du privé par la préfecture de police et provoqué un bras de fer entre le gouvernement et la Ville de Paris. « L’État risque d’employer d’autres moyens » pour contrecarrer la mobilisation, pense Régis Vieceli. « S’il faut qu’on invente d’autres formes d’actions, on les inventera. » Ni la préfecture de police, ni la Ville de Paris, n’ont pour l’heure réagi à l’annonce de cette nouvelle grève.

    « On peut tenir deux semaines ou plus »

    « On va essayer de faire grève quelques jours, sur nos jours de repos aussi. On demande qu’il y ait un roulement entre personnel. C’est l’absence de renouvellement qui nous a contraints d’arrêter la mobilisation temporairement », souligne ce mercredi un éboueur de la Ville de Paris âgé de 57 ans et qui exerce dans le XVIe arrondissement. Même motivation de la part de Christophe, éboueur depuis une petite quinzaine d’années, basé dans le VIe. « On peut tenir deux semaines ou plus, oui. Pour ça, tous les collègues doivent se mobiliser. »

    Les éboueurs de la Ville de Paris gèrent le ramassage des déchets dans la moitié des arrondissements de la capitale. L’autre moitié est à la charge d’entreprises privées. C’est pour cela que tous les quartiers de la capitale n’avaient pas subi de la même façon la première grève des éboueurs. Mais cette fois, l’appel à la mobilisation est aussi lancé dans le secteur privé.

    Aux côtés de Régis Vieceli se tenait en effet Ali Chaligui, animateur de la filière des activités des déchets du privé pour le compte de la CGT. « Le mot d’ordre est commun. Public-privé, même combat, lance-t-il. Nous sommes de la même profession. Nous sommes en capacité de nous mobiliser. »