Destructions à Marioupol, le 18 mai 2022 en Ukraine

Paysage de désolation à Marioupol, le 18 mai 2022, ville-martyre qui a été détruite à 90% selon les autorités ukrainiennes.

afp.com/Olga MALTSEVA

Le président ukrainien évoque un "enfer" pour décrire le Donbass, terrain de l'offensive russe depuis plusieurs semaines. Les forces de Vladimir Poutine accentuent la pression dans cette région de l'est du pays, où certaines villes sont bombardées sans relâche.

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Les Etats-Unis ont débloqué une nouvelle enveloppe d'aide massive à Kiev, pour l'aider notamment à s'équiper. Cette contribution est considérée par Volodymyr Zelensky comme un investissement de ses partenaires pour la sécurité de l'Occident face aux ambitions de Moscou.

Moscou dit avoir presque achevé la conquête de la région de Lougansk... Et annonce créer de nouvelles bases militaires

"Les unités des forces armées russes, avec les divisions de la milice populaire des républiques populaires de Lougansk et Donetsk continuent d'accroître le contrôle sur les territoires du Donbass. La libération de la république populaire de Lougansk est presque achevée", a assuré, ce vendredi, le ministère russe de la Défense.

Celui-ci a, par la même occasion, déclaré que "d'ici la fin de l'année, douze bases militaires et unités seront déployées dans le district militaire de l'ouest" de la Russie. Il s'agit d'une réponse au renforcement de l'Otan et son élargissement attendu à la Finlande et la Suède, relevant "la croissance des menaces militaires aux frontières russes".

Grosse enveloppe américaine

Le Congrès américain a débloqué, jeudi, une enveloppe gigantesque de 40 milliards de dollars pour soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine face à la Russie. Et les ministres des Finances du G7 ont commencé à faire le compte des milliards que chaque pays pourrait verser à Kiev.

"Pour nos partenaires, ce ne sont pas juste des dépenses ou un don, a réagi le président ukrainien dans son adresse vidéo dans la nuit de jeudi à vendredi. C'est leur contribution à leur propre sécurité car la protection de l'Ukraine signifie leur propre protection contre de nouvelles guerres et crises que la Russie peut provoquer."

La nouvelle aide américaine doit notamment permettre à l'Ukraine de s'équiper en blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne, à l'heure où la Russie concentre ses efforts dans l'est et le sud du pays après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, dans le Nord.

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Moscou a pour objectif la conquête totale du Donbass, région russophone partiellement contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses. "Les forces armées ukrainiennes continuent de faire des progrès dans la libération de la région de Kharkiv. Mais les occupants tentent de renforcer davantage la pression dans le Donbass. C'est l'enfer, et ce n'est pas une exagération", a déclaré le président ukrainien.

Severodonetsk écrasée sous les tirs

Les bombardements russes ont fait 12 morts et 40 blessés, jeudi, à Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est), selon le gouverneur local Serguiï Gaïdaï. Il a affirmé que la plupart des tirs avaient touché des immeubles d'habitation, et que le bilan pourrait s'alourdir.

Une équipe de l'AFP sur place a constaté que cette cité industrielle était transformée depuis plusieurs jours en champ de bataille, et qu'elle était écrasée sous les tirs d'artillerie."Je ne sais pas combien de temps nous pouvons tenir", a dit Nella Kachkina, 65 ans, employée de la municipalité à la retraite.

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Severodonetsk et Lyssytchansk constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk. Les Russes encerclent ces deux localités, séparées par une rivière, et les bombardent sans relâche.

Par ailleurs, les soldats russes ont tué, jeudi, cinq civils dans la région de Donetsk, également dans le Donbass, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.

Les "héros" d'Azovstal se rendent

Le ministère russe de la Défense a indiqué, ce vendredi, que 1 908 militaires ukrainiens retranchés sur le site sidérurgique d'Azovstal de Marioupol s'étaient rendus. Jeudi, Moscou a rendu publiques des images montrant des cohortes d'hommes en tenue de combat émergeant, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne. Selon Kiev, cette ville-martyre a été à 90% détruite et au moins 20 000 personnes y ont péri.

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Ces soldats, parmi lesquels 80 blessés, "se sont constitués prisonniers", a souligné le ministère russe de la Défense. Kiev n'a pas parlé de reddition. "Je fais tout pour que les forces internationales les plus influentes soient informées, et dans la mesure du possible impliquées, dans le sauvetage de nos héros", a déclaré Volodymyr Zelensky.

Certains résistent encore

Membres pour l'essentiel d'une unité de fusiliers marins et du régiment Azov, fondé par des nationalistes ukrainiens, les combattants évacués étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l'époque soviétique sous la gigantesque aciérie, massivement bombardée par les Russes.

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Dans une vidéo publiée jeudi, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, a confirmé être toujours dans l'usine avec le reste du commandement, refusant de dévoiler les détails de l'"opération" en cours. Leur sort reste en suspens : l'Ukraine veut organiser un échange de prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir qu'elle considérait au moins une partie d'entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants "néonazis".

Crime de guerre

Séquence à haute valeur symbolique pour l'Ukraine : le premier procès d'un militaire russe pour crime de guerre a repris jeudi à Kiev. "Je sais que vous ne pourrez pas me pardonner, mais je vous demande pardon", a dit le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, à la veuve de l'homme de 62 ans qu'il est accusé d'avoir abattu le 28 février dans le nord-est de l'Ukraine. La prison à vie a été requise contre le jeune soldat, qui a plaidé coupable.

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Un autre procès pour crimes de guerre s'est ouvert jeudi dans le nord-est de l'Ukraine : celui de deux militaires russes accusés d'avoir tiré des roquettes sur des infrastructures civiles dans la région de Kharkiv.

Crise alimentaire mondiale

La guerre menace d'aggraver la crise alimentaire mondiale car elle perturbe gravement l'activité agricole et les exportations céréalières de l'Ukraine, pays qui était jusque-là le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

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"Arrêtez de bloquer les ports de la mer Noire ! Autorisez la libre circulation des navires, des trains et des camions transportant de la nourriture hors d'Ukraine", a lancé, jeudi soir, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Ce à quoi l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a rétorqué en dénonçant une volonté occidentale "de faire porter le chapeau à la Russie pour tous les problèmes du monde".

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