INTERNATIONAL - Un nouveau désastre. Deux bombardements israéliens ont fait des dizaines de morts en dans un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza : un premier ce mardi 31 octobre, et un second ce jeudi 1er novembre, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hama. L’armée israélienne a confirmé le premier bombardement, qui visait selon elle un commandant du Hamas, Ibrahim Biari, présenté comme un des responsables de l’attaque lancée en Israël par le mouvement palestinien le 7 octobre.
« C’est simplement la dernière atrocité en date frappant les habitants de Gaza où les combats sont entrés dans une phase encore plus terrifiante, avec des conséquences humanitaires de plus en plus épouvantables », a déploré le chef des opérations humanitaires de l’ONU Martin Griffiths.
Dans le même temps, le ministère français des affaires étrangères a annoncé la mort de deux enfants français à Gaza. Voici un point sur la situation :
Un bilan qui s’annonce très lourd à Jabaliya
Les bombardements ont touché plusieurs immeubles du camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Le premier, dont le bilan final pourrait être considérablement plus lourd selon le ministère de la Santé du Hamas, a détruit « au moins 20 bâtiments ».
Dans une vidéo tournée par l’AFPTV, on peut compter au moins 47 corps drapés de linceuls allongés au sol dans la cour d’un hôpital après avoir été extraits des décombres. Les images montrent aussi deux énormes cratères et les destructions causées par le bombardement.
« Massacre de Jabaliya, plus de 20 bâtiments ont été détruits sur les têtes de leurs habitants et plus de 50 martyrs sont arrivés à l’hôpital », a indiqué le ministère dans un message aux médias. Des dizaines d’habitants du camp « se trouvent sous les décombres », a-t-il ajouté.
Un habitant du camp, Ragheb Aqel, âgé de 41 ans, a raconté à l’AFP avoir « entendu une énorme explosion qui a secoué tout Jabaliya ». « Je suis allé voir et c’était une scène de tremblement de terre », a-t-il dit. « C’est horrible, un grand nombre de corps, de blessés, sont ensevelis sous les décombres », a ajouté le quadragénaire.
Le Hamas a d’ailleurs indiqué que 7 otages « dont 3 étrangers » sont morts dans le bombardement de Jabaliya, alors qu’au même moment l’opérateur palestinien de télécommunications Paltel a une coupure « totale » des lignes téléphoniques et d’internet dans la bande de Gaza. « Seuls les numéros de téléphone mobile israéliens ou égyptiens peuvent être utilisés à Rafah », a constaté un journaliste de l’AFP dans le territoire palestinien.
La défense civile du territoire palestinien dirigé par le Hamas a affirmé que le second bombardement avait « tué des familles entières ». Si aucun bilan de source indépendante n’est possible dans l’immédiat, la frappe a provoqué d’énormes destructions dans le camp où plusieurs bâtiments ont été détruits, selon des images de l’AFPTV.
Israël justifie l’attaque par la présence de terroristes
De son côté, l’armée israélienne a dit que l’« élimination » du commandant du Hamas « a eu lieu dans le cadre d’une vaste opération de lutte contre les terroristes et les infrastructures terroristes appartenant au bataillon central de Jabaliya, qui avait pris le contrôle de bâtiments civils dans la bande de Gaza ».
« La frappe a endommagé le commandement et le contrôle du Hamas dans la région, ainsi que sa capacité à diriger l’activité militaire contre les soldats de l’armée israélienne opérant dans toute la bande de Gaza », a-t-elle ajouté.
« Un grand nombre de terroristes » qui se trouvaient avec ce commandant du Hamas ont été tués, a affirmé l’armée. « Les infrastructures souterraines sous les bâtiments, utilisées par les terroristes, se sont effondrées après l’attaque », a ajouté l’armée.
En revanche, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a reconnu « des pertes douloureuses » dans le camp israélien, où 11 soldats ont été tués durant les dernières 24 heures. « Je promets aux citoyens d’Israël, nous allons accomplir le travail, nous continuerons jusqu’à la victoire », a pourtant promis le chef d’État israélien.
Deux enfants français tués à Gaza, leur mère blessée
Plus tard ce mardi, deux enfants français ont été tués dans la bande de Gaza, leur mère et son troisième enfant ayant vraisemblablement été blessés, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères.
« La France a appris avec tristesse le décès de deux enfants de nationalité française se trouvant dans le nord de la bande de Gaza avec leur mère française qui aurait elle-même été blessée, de même que son troisième enfant », a fait savoir le Quai d’Orsay dans un communiqué, qui ne précise pas les circonstances des décès.
Le consulat général de France à Jérusalem « ne parvient toutefois pas à établir le contact direct sur le terrain avec cette ressortissante », ce qui ne permet pas de « à ce stade de vérifier la situation de cette famille », ont poursuivi les autorités françaises, qui disent continuer leurs efforts pour « joindre cette ressortissante et lui porter assistance et soutien, ainsi qu’à sa famille ».
La mère visée par un mandat d’arrêt international
D’après une source française proche du dossier, qui ne connaît pas l’âge des enfants, la mère, 43 ans, « fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis juillet 2016 pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme et financement d’une entreprise terroriste ».
Née à Talence (sud-ouest), elle est selon cette source présidente d’une association qui avait procédé en 2013 à une collecte de fonds visant à acheminer du matériel médical et des médicaments en Syrie, des fonds qui avaient en fait « été acheminés, durant l’été 2013, dans la région d’Idlib, au profit de jihadistes, dans la perspective d’acquérir des armes et des munitions ».
En février 2019, la mère de famille a été condamnée par contumace à six ans de prison à Paris pour avoir distribué en 2012 et 2013 à Gaza de l’argent récolté par son association à des membres du Hamas et du Jihad islamique, un autre mouvement proche du Hamas. À l’audience, il avait été précisé qu’elle devait vivre à Gaza depuis 2016.
Paris appelle une nouvelle fois à une « trêve humanitaire »
Mardi, à la mi-journée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que 8.525 personnes, dont 3.542 enfants, avaient été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre avec Israël.
La France demande « instamment à nouveau à ce que les ressortissants étrangers et notamment nos compatriotes puissent sortir de Gaza », selon le communiqué du Quai.
Paris dit « réitérer également son appel urgent à une trêve humanitaire afin que l’aide humanitaire puisse parvenir à ceux qui en ont besoin ».
« L’accès humanitaire doit être continu, rapide, sûr et sans entrave, afin que l’aide puisse répondre de manière durable aux besoins des populations civiles à Gaza », selon le Quai d’Orsay.
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