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Royaume-Uni : le gouvernement annonce une centaine de nouveaux permis d’exploitation de gaz et de pétrole en mer du Nord

Le premier ministre, Rishi Sunak, a justifié cette décision en insistant sur l’indépendance de son pays et la sécurité de ses approvisionnements.

Le Monde avec AFP

Publié le 31 juillet 2023 à 10h14, modifié le 31 juillet 2023 à 15h47

Temps de Lecture 3 min.

Une plate-forme d’exploitation de pétrole au large de l’Ecosse.

Le gouvernement britannique s’est engagé, lundi 31 juillet, à accorder au moins cent nouvelles licences d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord, dans la foulée de l’engagement du premier ministre, Rishi Sunak, d’agir de manière « pragmatique et proportionnée » contre le réchauffement climatique.

Loin d’y voir une contradiction, le premier ministre conservateur, Rishi Sunak, a assuré que l’exploitation de ces ressources fossiles britanniques aiderait le pays dans son cheminement vers la neutralité carbone, promise pour 2050. Même à cet horizon, pétrole et gaz représenteront un quart de l’énergie du pays, a-t-il souligné.

Accusant le chef du gouvernement de tenter de « polariser le débat climatique et [de] marquer des points politiques bon marché », Greenpeace Royaume-Uni a réfuté l’argumentaire de l’exécutif : « Les carburants fossiles ne sont pas nationalisés au Royaume-Uni », ils appartiennent aux entreprises qui les extraient « et seront vendues au plus offrant sur les marchés internationaux ».

Remise en question de politiques vertes

« Juillet a été le mois le plus chaud jamais connu, à cause de la combustion d’énergies fossiles », a souligné Just Stop Oil, dont les militants mènent quasi quotidiennement des actions coup de poing pour réclamer la fin de tout nouveau projet d’exploration fossile. « Sunak est pire qu’un criminel de guerre », a accusé l’organisation écologiste, « il sait » que ces nouveaux projets « vont imposer des souffrances inimaginables et détruire [la] vie et [les] moyens de subsistance de milliard de gens », « pousser le monde vers des points de bascule irréversibles ». Il ne « risque rien moins que l’effondrement de la civilisation humaine », affirme Just Stop Oil.

Cette décision survient en pleine remise en question, au sein de la majorité conservatrice mais aussi dans l’opposition travailliste, de certaines politiques vertes en raison de leur coût pour les Britanniques en pleine inflation. Rishi Sunak s’oppose également frontalement aux travaillistes, qui, donnés en tête aux prochaines élections générales, l’année prochaine, veulent mettre fin à l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord.

« Nous avons tous été témoins de la manière dont [le président russe Vladimir] Poutine a instrumentalisé l’énergie, perturbant les approvisionnements et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier », a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué. « Maintenant plus que jamais, il est vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l’énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques », ajoute M. Sunak.

Du « côté » des ménages

Le soutien de l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord va permettre de soutenir plus de 200 000 emplois, assure Downing Street. Le gouvernement dévoile, en outre, deux premiers sites de capture et de stockage de CO₂ en mer du Nord, secteur susceptible de soutenir jusqu’à 50 000 emplois, selon Downing Street. Mais selon Greenpeace, la technologie de capture du dioxyde de carbone est « souvent utilisée » pour du « greenwashing » par les géants pétroliers.

Les politiques environnementales semblent sur la sellette au Royaume-Uni depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale de l’ouest de Londres. Ce résultat – à moins de 500 voix près – a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l’extension prévue à la fin d’août d’une taxe sur les véhicules polluants à l’ensemble du Grand Londres, soit neuf millions d’habitants, et voulue par le maire travailliste, Sadiq Khan.

Sous forte pression d’une frange de la majorité, le gouvernement a laissé entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment sur les normes énergétiques des logements. Rishi Sunak avait préparé le terrain durant le week-end dans une tribune parue dans le journal conservateur Sunday Telegraph, qualifiant le Labour d’« antiautomobiliste » et se disant « du côté » des ménages qui ont besoin de leur voiture.

« Apathie » sur le climat

« Nous ferons la transition vers la neutralité carbone », a assuré le premier ministre britannique sur les ondes de la BBC en Ecosse. « J’y suis engagé, mais nous le ferons d’une manière proportionnée et pragmatique, qui n’ajoute pas nécessairement au fardeau ou aux prix des factures des familles, en particulier à un moment où l’inflation est plus élevée que chacun d’entre nous ne l’aurait souhaité », a-t-il ajouté.

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Selon un sondage YouGov du printemps, 65 % des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s’opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.

Le Royaume-Uni subit en tout cas les effets du réchauffement. Un rapport des services météorologiques a averti cette semaine que les températures records de l’été 2022, où le thermomètre a dépassé 40 °C, paraîtraient « fraîches » d’ici à la fin du siècle.

« Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que les politiciens utilisent l’environnement comme un ballon de football politique. C’est de courage et de leadership dont nous avons besoin maintenant », ont prévenu dans une lettre à Rishi Sunak les dirigeants de plusieurs associations, comme WWF, le National Trust ou Greenpeace.

A la fin de juin, le secrétaire d’Etat chargé du climat au ministère des affaires étrangères, Zac Goldsmith – proche de l’ex-premier ministre Boris Johnson –, a quitté le gouvernement, reprochant notamment à Rishi Sunak de ne pas s’intéresser à l’environnement et dénonçant « l’apathie » de l’exécutif sur le climat.

Le Monde avec AFP

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