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Répression

Iran : l’adolescente Armita Garavand est morte, un mois après être montée dans le métro sans hijab

Pour les ONG, la lycéenne de 16 ans a été grièvement blessée à Téhéran lors d’une «agression» de la part de membres de la police des mœurs, chargés de faire appliquer l’obligation du port du voile en public. Elle était dans le coma depuis près d’un mois.
par LIBERATION et AFP
publié le 28 octobre 2023 à 15h24

L’affaire rappelle douloureusement celle de Mahsa Amini, morte pour ne pas avoir porté correctement son voile obligatoire, il y a un peu plus d’un an. La lycéenne iranienne Armita Garavand, tombée dans le coma dans des circonstances controversées début octobre dans le métro de Téhéran, est décédée samedi 28 octobre, a annoncé un média local. «Armita Garawand, une élève résidant à Téhéran, est décédée il y a une heure après un traitement médical intensif et 28 jours d’hospitalisation dans l’unité de soins spéciaux», selon l’agence Borna, affiliée au ministère iranien de la Jeunesse et des Sports.

Agée de 16 ans et originaire d’une région kurde, l’adolescente était hospitalisée sous haute surveillance à l’hôpital Fajr de Téhéran depuis le 1er octobre après s’être évanouie dans le métro de la capitale, bien que les circonstances de ce malaise soient controversées. Les autorités ont affirmé que l’adolescente avait été victime d’une «chute de tension» et nié toute «altercation verbale ou physique» entre elle «et des passagers ou des cadres du métro». Samedi, l’agence locale Tasnim a cité l’«avis officiel des médecins» selon lesquels la jeune fille avait «subi une chute entraînant une lésion cérébrale, suivie de convulsions continues, d’une diminution de l’oxygénation cérébrale et d’un œdème cérébral, après une chute soudaine de la tension artérielle.»

«Est-ce que je te demande d’enlever ton foulard ?»

Une version catégoriquement rejetée par les ONG, selon lesquelles la lycéenne a été grièvement blessée lors d’une «agression» de la part de membres de la police des mœurs, chargés de faire appliquer l’obligation pour les femmes iraniennes de porter le voile en public. Un témoin interrogé par le quotidien britannique The Guardian, a affirmé qu’une femme vêtue d’un tchador, chargée de faire respecter le port du hijab, s’était disputée avec l’adolescente parce que celle-ci ne portait pas son foulard. Celle-ci lui aurait alors répondu : «Est-ce que je te demande d’enlever ton foulard ? Pourquoi me demandes-tu d’en porter un ?». L’agent aurait alors attaqué physiquement Armita Gavarand avant de la pousser violemment. «Armita Garavand est la dernière victime du port forcé du hijab», a réagi l’organisation de défense des droits humains kurde Hengaw, qui dénonce la pression exercée sur les proches de la lycéenne pour dissimuler les véritables causes de sa mort.

Cette affaire est intervenue un peu plus d’un an après le décès en détention, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes en Iran. Cette mort avait déclenché un vaste mouvement de contestation dans le pays qui a fait plusieurs centaines de morts, dont des forces de l’ordre, et provoqué l’arrestation de milliers de personnes.

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