Le dérèglement climatique nous impose des choix de société. Si nous voulons mener notre transition écologique tout en préservant notre prospérité et nos libertés, nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers plus de sobriété dans notre façon de consommer et de trouver un chemin vers une économie plus circulaire, c’est-à-dire une économie qui réutilise davantage les ressources au lieu de les extraire, de les utiliser et de les jeter. Il ne s’agit pas de décroissance. Il ne s’agit pas de culpabiliser les Français dans leur acte d’achat, surtout dans une période de forte inflation telle que nous la traversons.
Il ne s’agit pas non plus de stigmatiser les entreprises : nombreuses sont celles qui s’engagent dans la durabilité de leur modèle de production. Cela n’aurait pas de sens et frôlerait même une forme d’hypocrisie : nos emplois, nos services publics, nos retraites sont financés notamment par notre modèle de production et de consommation. En revanche, j’assume de porter un discours de changement de modèle. Et j’assume de porter depuis cinq cents jours au gouvernement une politique d’incitation à une révolution des pratiques des producteurs et des consommateurs vers un usage plus raisonné des ressources de la planète.
Pour prendre ce tournant, il nous faut combattre des récits et des imaginaires très puissants, qui sont totalement contraires au modèle de société durable que nous devons construire. Je pense, par exemple, au récit de la « fast fashion », qui propose une vision de la mode aux impacts absolument désastreux sur le climat, la biodiversité et les océans. Je pense également au récit du « Black Friday » [fixé cette année au vendredi 24 novembre], qui vante un modèle de surconsommation insoutenable pour la planète mais aussi pour notre souveraineté économique, puisque la plupart des biens concernés par cette opération (textile, électroménager, biens de grande consommation) sont importés. La transition vers une économie plus durable passe aussi par le « made in France ».
Ce défi de l’imaginaire collectif, nous avons désormais toutes les armes pour le relever. D’abord, parce que les Français sont prêts au changement ! Selon le dernier baromètre « Sobriétés et modes de vie » de l’Agence de la transition écologique (Ademe), qui vient de paraître, 83 % des Français estiment que nous consommons trop.
Ensuite, parce que nous assumons de nous placer sur le terrain du récit collectif avec la campagne de sensibilisation de l’Ademe autour du personnage fictif du « dévendeur ». Cette campagne est sur tous les écrans et incite les gens non pas à ne pas acheter, mais à examiner d’abord les alternatives à l’achat neuf, comme la réparation, la location ou les produits reconditionnés. Notre message, ce n’est pas « acheter, c’est mal » mais « avant d’acheter du neuf, pensez à des solutions meilleures pour la planète et votre pouvoir d’achat ».
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