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Décryptage

Le gouvernement veut armer la France face aux sécheresses à venir

L'exécutif travaille à un grand plan sur l'eau, qui sera annoncé dans les semaines à venir. Objectif : éviter d'avoir à rationner une ressource essentielle amenée à devenir plus rare avec le réchauffement climatique. Revue des grandes pistes à l'étude.

L'été dernier, 117 communes ont été privées d'eau potable, et 93 départements ont été contraints d'adopter des mesures de restriction.
L'été dernier, 117 communes ont été privées d'eau potable, et 93 départements ont été contraints d'adopter des mesures de restriction. (Damien MEYER/AFP)

Par Anne Feitz

Publié le 24 janv. 2023 à 18:01Mis à jour le 25 janv. 2023 à 12:32

Mieux gérer l'eau pour éviter d'avoir à nouveau à la rationner, comme l'été dernier . Alors que le dérèglement climatique va multiplier les épisodes de sécheresse dans l'Hexagone, le gouvernement travaille à un grand plan sur le sujet. Selon nos informations, ses grandes pistes devraient être dévoilées « dans les semaines à venir », avant des annonces plus structurantes au début du printemps.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, devait initialement le dévoiler ce jeudi, mais l'actualité politique, centrée sur les retraites , ainsi que la volonté d'Emmanuel Macron de tenir le même jour un « Conseil de la planification écologique » , a bousculé l'agenda. ​En outre, « certaines mesures sont encore à l'arbitrage, notamment sur le financement ou certains points réglementaires », indique-t-on au sein du gouvernement.

Un avant et un après été 2022

Il y a pourtant urgence et les attentes sont grandes dans le monde de l'eau. « Il y aura un avant et un après été 2022 », avait assuré le ministre en septembre en lançant le chantier. « L'eau est une ressource rare, il n'y en aura pas toujours pour tout le monde ! La situation est aussi grave que dans l'énergie ! », insiste Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce, qui représente les collectivités locales.

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Les Assises de l'eau, en 2019, et le Varenne agricole de l'eau , début 2022, avaient esquissé de grands objectifs finalement peu suivis d'effet. Le gouvernement a promis que, cette fois, son plan comporterait des mesures très concrètes, même si la gestion de cette ressource est du ressort des collectivités locales.

Parmi les objectifs affichés : la sobriété - en d'autres termes, la façon de partager l'eau en période de tension. Dans une interview «au Parisien» parue le 25 janvier, Christophe Béchu indique que l'objectif sera de réduire d'«un peu plus de 10% le volume d'eau prélevé dans nos sous sols», sans toutefois préciser comment. Il évoque aussi des travaux sur «une forme d «Ecowatt» de l'eau», qui pemettrait d'informer les Français sur les tensions dans leur zone.

Le débat se focalise sur l'agriculture, même si le monde agricole ne consomme que 5 milliards de mètres cubes sur les 35 dont la France a besoin chaque année. « Le problème, c'est que l'agriculture a besoin d'eau l'été, précisément quand elle est rare », rappelle Thierry Burlot, président de l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Les protagonistes préconisent la mise en place d'objectifs déclinés par territoires et par type d'acteurs, mais aussi un meilleur décompte des prélèvements. « De nombreux forages individuels ne sont pas comptés, soit parce qu'ils sont exonérés, soit parce que les gens trichent… », souffle Florence Denier-Pasquier, juriste chez France Nature Environnement.

Réduction des fuites

Le ministère a également évoqué une réduction des fuites, qui représentent en moyenne 20 % de l'eau potable en France ou la réutilisation des eaux usées , aujourd'hui largement rejetées dans le milieu naturel. « Le taux de réutilisation est inférieur à 1 % dans notre pays, alors qu'il atteint 8 % en Italie et 14 % en Espagne », rappelle Maximilien Pellegrini, président de la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E).

Il s'agit d'adapter la réglementation sanitaire selon les usages (irrigation, arrosage des espaces verts, nettoyage de la voirie) mais aussi de dégager des financements pour les travaux nécessaires. « Il faut alléger la réglementation et créer un guichet unique pour faire émerger les projets locaux de réutilisation », estime Maximilien Pellegrini.

L'accent sera aussi mis sur la renaturation et la végétalisation. Selon Joël Limouzin, de la FNSEA, les agriculteurs sont également prêts à des efforts. « Il est possible de travailler les sols différemment, ou d'adapter les cultures pour utiliser moins d'eau », assure-t-il.

La question de l' utilisation de pesticides sur les terrains proches des zones de captage d'eau a fait l'objet de vifs débats. « Les agriculteurs sont prêts à revoir leurs pratiques, mais ils doivent être mieux rémunérés pour le service rendu à l'environnement », insiste Joël Limouzin.

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17 milliards d'euros nécessaires

Pour financer ces propositions, les acteurs de l'eau espèrent tous un geste fort de la part du gouvernement : la suppression du versement au budget de l'Etat, par les agences de l'eau, de la part de la redevance dépassant un certain seuil (le fameux « plafond mordant »).

« Ce versement représente 400 millions d'euros par an, qui pourraient être utilisés pour financer les lourds investissements nécessaires. Mais il faut encore convaincre Bercy… », insiste Thierry Burlot. En 2020, la filière française de l'eau a chiffré à 17 milliards d'euros l'investissement nécessaire dans le secteur sur cinq ans pour anticiper le réchauffement climatique.

Anne Feitz

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