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Espoir

Alzheimer : le lecanemab, médicament en cours de développement, enregistre des résultats encourageants

La vieillesse, une maladie ?dossier
Publiée mercredi, une étude clinique sur un médicament appelé lecanemab confirme son efficacité pour ralentir de 27 % le déclin cognitif des patients atteints de la maladie neurodégénérative. Mais des effets indésirables, parfois sévères, ont aussi été documentés.
par LIBERATION et AFP
publié le 30 novembre 2022 à 13h56

Un espoir pour les plus de 40 millions de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dans le monde. Les résultats d’une étude clinique avancée (phase III) menée sur quelque 1 800 personnes pendant dix-huit mois ont été publiés ce mercredi dans la revue de référence The New England Journal of Medicine. Et ils sont positifs : le déclin cognitif des patients traités avec le lecanemab a été réduit de 27 %.

«C’est le premier médicament qui livre une véritable option de traitement pour des personnes atteintes d’Alzheimer, salue Bart De Strooper, directeur de l’Institut britannique de recherche sur la démence. Bien que les bénéfices cliniques apparaissent quelque peu limités, on peut s’attendre à ce qu’ils deviennent plus apparents si le médicament est administré sur une plus longue période.»

Un problème de santé publique majeur

La maladie d’Alzheimer est un problème de santé publique majeur dans les pays occidentaux dont les populations vieillissent. Les personnes atteintes de cette maladie dégénérative souffrent de pertes de mémoire et d’une incapacité grandissante à accomplir des tâches quotidiennes. En cause : deux protéines clé – appelées «tau» et «bêta-amyloïde» – s’accumulent anormalement dans le cerveau, jusqu’à tuer des cellules cérébrales et causer un rétrécissement du cerveau. Le lecanemab, développé par les groupes pharmaceutiques japonais Eisai et américain Biogen, cible précisément les dépôts de la protéine bêta-amyloïde.

Ce nouveau traitement ne s’annonce pourtant pas comme la panacée. Son étude complète montre l’apparition d’effets indésirables parfois graves. 17,3 % des patients traités avec le lecanemab ont souffert d’hémorragies cérébrales – contre 9 % dans le groupe sous placebo. 12,6 % des personnes ayant reçu le médicament expérimental ont été atteintes d’un œdème cérébral – contre 1,7 % dans l’autre groupe. Le taux global de mortalité reste toutefois quasiment le même dans les deux groupes de patients, inférieur à 1 % (0,7 % chez les personnes traitées avec le médicament, 0,8 % avec celles sous placebo).

La recherche piétine

«Il n’est pas encore certain que la modeste réduction [de la vitesse du déclin cognitif] fera une grande différence» pour les patients, ajoute Tara Spires-Jones, directrice adjointe du Centre for Discovery Brain Sciences de l’université d’Edimbourg. Pour la neuroscientifique, des essais plus longs sont nécessaires «pour s’assurer que les bénéfices de ce traitement l’emportent sur les risques». En ne ciblant la protéine bêta-amyloïde qu’à des phases précoces, le médicament est aussi assez restrictif puisque la maladie est souvent diagnostiquée tardivement.

Ce n’est pas le premier traitement anti-Alzheimer proposé par les groupes Biogen et Eisai. En 2021, Aduhelm avait suscité beaucoup d’espoirs puisqu’il était le premier médicament approuvé aux Etats-Unis contre la maladie depuis 2003. Il a surtout engendré une controverse : la FDA, l’autorité américaine du médicament, était allée à l’encontre de l’avis d’un comité d’experts, qui avait jugé l’efficacité du traitement insuffisante au regard des résultats des essais cliniques. La FDA avait ensuite restreint son usage.

Ces déconvenues sont le lot d’une multitude de laboratoires pharmaceutiques, toujours dans l’impasse pour trouver un traitement anti-Alzheimer. Les connaissances sont encore trop peu précises sur les causes et mécanismes de la maladie. Plus d’un siècle après sa découverte par Aloïs Alzheimer, elle reste encore incurable.

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