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«Digne d’un film d’horreur» : une enquête ouverte contre un abattoir de Mayenne après une plainte de L214

La plainte fera l'objet d'une enquête judiciaire confiée à la gendarmerie. Pointée du doigt, la préfecture soutient que les installations filmées «ne sont pas celles actuellement en service au sein de l'abattoir».

L214 a encore frappé. L’association de défense des animaux, qui a dévoilé de nombreux scandales ces dernières années, vient de déposer mercredi au parquet de Laval une plainte contre l’abattoir municipal de Craon (Mayenne), dénonçant des animaux encore vivants au moment de leur découpe. Plainte qui va faire l’objet d’une enquête judiciaire confiée à la gendarmerie, a fait savoir ce jeudi à l’AFP la procureure de la République de Laval, Anne-Lyse Jarthon.

Plus précisément, L214 attaque l’abattoir pour cruauté, sévices graves et mauvais traitements. «Les images tournées en fin d'année dernière montrent des animaux encore conscients après l'étourdissement : des veaux, vaches, bœufs, moutons relèvent la tête et se débattent avant et après l'égorgement», décrit L214 dans un communiqué, qui précise que la viande de certains bovins abattus dans l’établissement «est vendue sous l’appellation d’origine contrôlée Maine-Anjou».

Fidèle à son habitude, l’association n’a pas hésité à décrire, avec force de détails sordides, les dessous de l’abattoir. «Les vaches réagissent aux coups de couteau et à la pince guillotine lors de la découpe de leurs pattes avant, de leurs cornes ou de leur tête. Pourtant, à ce stade de la chaîne d'abattage, les animaux devraient être morts», selon L214. «Ce sont des scènes dignes d’un film d’horreur», étrille encore l’association.

La commune de Craon propriétaire de l’abattoir

Les abattoirs étant censés être fortement contrôlés par les services de l’État, L214 n’a pas hésité à pointer du doigt les manquements des autorités compétentes. «Les problèmes structurels de cet établissement et l'absence d'intervention des services vétérinaires engendrent de très graves infractions qui se répètent, et des conséquences effroyables pour les animaux», a dénoncé l’association, tout en rappelant l’implication de la commune de Craon, «propriétaire de cet abattoir qui abat chaque année environ 4500 animaux provenant d'élevages conventionnels ou biologiques».

Directement visée, la préfecture de Mayenne n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, elle assure que «les quatre abattoirs d'animaux de boucherie que compte la Mayenne, parmi lesquels le site de Craon, font l'objet d'une inspection permanente par les services vétérinaires de l'État». La préfecture ajoute que «les services de l'État ont adressé le 21 avril 2023 à l'exploitant de cet abattoir une mise en demeure sur les conditions d'immobilisation des animaux avant leur étourdissement», mise en demeure levée «le 12 juillet, au regard des actions correctives déjà engagées».

Selon la préfecture, fin décembre 2023, «un nouvel équipement de contention plus adapté à toutes les tailles de bovins a notamment été mis en service». Par conséquent, la préfecture soutient que les installations filmées par L214 «ne sont donc pas celles actuellement en service au sein de l'abattoir de Craon». Ce sera donc à la justice de trancher.

266.000 euros de subventions en 2021

Le cabinet du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau rappelle que le plan abattoirs lancé en 2021 a «renforcé les contrôles», «créé une brigade d'intervention nationale» et «mis sur la table 115 millions d'euros pour accompagner les abattoirs dans leur modernisation». C'est dans le cadre de ce plan, financé par France Relance, que l'abattoir municipal de Craon avait été retenu pour recevoir une subvention de 266.000 euros en 2021. L'un des objectifs de cette aide, à mettre en œuvre dans un délai de trois ans, était précisément «l'amélioration de la protection des animaux».

La ville de Craon indique de son côté que «de lourds investissements ont été réalisés dans son abattoir» et «réfute» les accusations de L214 contre qui «Bertrand de Guébriant, maire de Craon, se réserve le droit de porter plainte», selon un communiqué. Le ministère de l'Agriculture a dit souhaiter que soit «débattu en 2024 au sein du comité national d'éthique des abattoirs» le sujet de la généralisation du contrôle vidéo et sa «pertinence pour juguler ce genre de situations». Au sein de l'Union européenne, l'Espagne se targue d'être le premier pays à avoir rendu, mi-2022, obligatoire la vidéosurveillance dans les abattoirs.

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48 commentaires
  • kergroix

    le

    Heureusement qu'il y a des gens bien, qui enquêtent et dénoncent les horreurs qu'on fait subir aux animaux.
    Honte aux abattoirs, aux véto et aux autorités qui couvrent toutes ces horreurs.
    Est ce vraiment trop demander que l'on fasse preuve d' un peu "d'humanité" dans l'abbatage? Les animaux doivent être inconscients !
    Et bien sûr le hallal proscrit.

  • TH

    le

    Tres bien, dénoncez ces horreurs mais occupez vous aussi de l’abattage hallal et casher

  • Caius Octavius Caepias

    le

    Dans les abattoirs les animaux sont tués et la mort effectivement est choquante et traumatisante. Mais ce n’est pas nouveau.

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